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12 Feb

Brave story

Publié par platinoch  - Catégories :  #Films d'animation-Dessins animés

« Je ne veux pas que ma vie soit ennuyeuse »

Japon. Wataru, jeune écolier de 11 ans, rêve d’une vie ordinaire, comme tous les enfants. Pourtant, un soir en rentrant de l’école, il surprend son père quitter le domicile familiale avec une valise : celui-ci part refaire sa vie avec une autre femme. Sous l’effet du choc, sa mère fait même une tentative de suicide qui la conduit tout droit à l’hôpital. Il n’en fallait pas plus pour anéantir le petit monde et l’innocence de Wataru. Pourtant, sa rencontre avec Mitsuru, le nouveau de l’école, va tout changer. En effet, ténébreux et mystérieux, Mitsuru lui montre le passage vers un monde parallèle, magique, où les vœux peuvent devenir réalité. N’écoutant que son courage, Wataru part donc pour le monde fabuleux de Vision, peuplé de créatures incroyables. Mais pour pouvoir atteindre la Déesse de la Destinée, seule à même d’exaucer son vœu, il devra retrouver les cinq gemmes magiques, au péril de sa vie. L’aventure peut donc commencer…

 

« Derrière cette porte, les destins sont changés »

 

Si l’animation japonaise ne s’est jamais aussi portée, elle le doit en grande partie à la qualité des productions des Studios Ghibli, et de son dessinateur/réalisateur vedette : Hayao Miyazaki. Une réussite qui en éclipserait presque les autres productions de japanimation. Une production qui, bien que prospère, à plus de mal à s’exporter sans le label de qualité « Ghibli ». Pourtant, ce film est réalisé et produit par le Studio Gonzo, réputé pour la qualité de son travail au Pays du soleil levant. Du coup, le dernier venu en date, « Brave Story », ne sort que sur un nombre très limité de copies dans l’Hexagone. Pour la petite histoire, le film est une adaptation du best-seller de la romancière nippone Miyuki Miyabe, qui s’est vendu à plus de six millions d’exemplaires au Japon. Cette grande fresque d’heroïc fantasy enfantine, qui n’est pas sans rappeler « Narnia », a également fait l’objet précédemment d’une adaptation en manga, qui a elle aussi connu un grand succès, et en jeu vidéo. A noter également que « Brave Story » était sélectionné en compétition officielle au Festival du film d’animation d’Annecy 2007.

 

« Les choses n’étaient pas supposées se passer comme ça. Maman, ne t’inquiète pas : je vais tout changer. Je vais passer cette porte et je vais tout arranger »

 

Il y aura toujours des puristes pour faire des comparaisons avec les tout puissants films des Studios Ghibli, tournant toujours au désavantage des outsiders. Pourtant, si on ne peut pas contester les grandes qualités visuelles et la poésie des films Ghibli, on pourra cependant leur reprocher des histoires souvent beaucoup trop longues, et des réflexions à la philosophie et à la poésie souvent absconses. Justement, la grande force de ce « Brave Story » réside dans sa capacité à réunir un public plus large par une histoire et une morale beaucoup plus accessibles. Certes, par les questions et les aspirations, assez enfantines, qu’il traite, ce film est clairement destiné à un public assez jeune. Pour autant, ce joli conte initiatique parvient à réunir un public assez large, ne laissant pas les spectateurs moins jeunes sur le bas côté. Une réussite due à un scénario intelligent, basé sur des personnages complexes et intéressants. En particulier, le personnage de Mitsuru, dont la complexe ambivalence (à la fois plus mature et réfléchi, et en même temps plus égoïste et destructeur) élève forcément le niveau du récit. De même, la relation complexe unissant les deux jeunes « apprentis héros » est très intéressante et bien étudiée, mêlant à la fois amitié extrême et opposition idéologique radicale. Une opposition qui donne d’ailleurs lieu à de très belles et émouvantes scènes de confrontations finales, où chacun des deux héros doit d’abord, dans un bel élan poétique, s’affronter soi-même avec pour seule issue s'accepter soi-même ou se mettre à mort. Mais là encore, « Brave story » surprend agréablement par sa pudeur. Les contes pour enfants ou jeune public ont en effet tendance à se compromettre et se complaire dans le pathos et la sensiblerie excessive, proposant des émotions faciles et bons marchés à un public manquant de recul pour voir la supercherie. Au contraire, ici, les évènements les plus noirs sont esquissés de manière assez lointaine, suffisamment pour nous permettre de les comprendre, mais sans en faire jamais sombrer dans le pathos. Le départ du père de Wataru, et plus encore l’évocation du terrible passé de Mitsuru sont ainsi évoqués simplement, brièvement, avec beaucoup de distance et de pudeur. Un parti pris des plus justifiés, pour une belle morale sur l’altruisme,  l’acceptation de soi, et de ses responsabilités.

 

« Jusqu’où peut-on aller pour que son vœu soit exaucé ? A quoi suis-je prêt pour voir mon vœu se réaliser ? »

 

Mais plus encore que cet intelligent conte initiatique, la qualité du film repose surtout sur sa forme. Tout d’abord, on saluera la belle créativité visuelle dont ont fait preuve tous les membres de l’équipe du film. Sur un scénario d’heroïc-fantasy intelligent et dense, ces derniers ont pu laissé parler toute leur créativité, donnant naissance à une jolie galerie de personnages aux physiques aussi variés qu’incroyables (les loups des sables, la fille-chat, l’ami lézard). La même logique semble prévaloir pour ce qui est du soin apporté aux décors, qui apparaissent comme étant incroyablement riches et fouillés. Mais on sera surtout frappé par la beauté des couleurs, variées et lumineuses, ainsi que par la qualité admirable de l’animation, mêlant habilement 2D et 3D (les monstres de pierre, les monstres de feuilles, l’attaque des loups de sable, ou encore l’affrontement final). Ajoutons à cela un choix musical judicieux et pertinent qui ferait presque oublier la faiblesse de la version française.

 

« En venant ici, j’ai compris que pour tout le monde, la vie comprend autant de plaisir que de malheur. Je ne peux pas vous demander de me sauver moi au détriment des autres. C’est à moi de construire mon avenir. »

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Au final, ce « Brave story » s’avère être une agréable surprise. Conte initiatique d’heroïc-fantasy, film d’aventures, cette nouvelle japanisation nous surprend agréablement tant par ses qualités scénarisitiques (histoire intéressante, pas de temps morts) que visuelles (magnifiques animations, décors particulièrement colorés et fouillés). Si le film, principalement destiné au jeune public, n’est pas un chef d’œuvre, il sera cependant un divertissement de grande qualité pour l’ensemble de la famille. Mais surtout, en affichant sa belle maîtrise technique, son graphisme et son animation particulièrement léchés, « Brave Story » nous montre aussi que l’animation japonaise de qualité est également possible en dehors des tout puissant Studios Ghibli, et que le pays du soleil levant jouit d’un excellent savoir faire et d’une belle créativité en la matière.



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