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03 Mar

Brendan et le secret de Kells

Publié par platinoch  - Catégories :  #Films d'animation-Dessins animés

« N’ai pas peur, il n’y a que toi et ton imagination »

C'est en Irlande au 9ème siècle, dans l'abbaye fortifiée de Kells, que vit Brendan, un jeune moine de douze ans. Avec les autres frères, Brendan aide à la construction d'une enceinte pour protéger l'abbaye des assauts réguliers des vikings.
Sa rencontre avec Frère Aidan, célèbre maître enlumineur et "gardien" d'un Livre d'enluminures fabuleux mais inachevé, va l'entraîner dans de fantastiques aventures. Aidan va initier Brendan à l'art de l'enluminure pour lequel le jeune garçon révélera un talent prodigieux.
Pour finir le livre et défiant ses propres peurs, Brendan sortira de l'abbaye pour la première fois et entrera dans la forêt enchantée où de dangereuses créatures mythiques se cachent et l'attendent. C'est là qu'il va rencontrer Aisling, la jeune enfant loup qui l'aidera tout au long de son chemin.
Brendan va-t-il réussir sa mission malgré les hordes de vikings qui se rapprochent ? Pourra t-il prouver que l'art est la meilleure fortification contre les barbares ?

« Seule la solidité de notre mur pourra convaincre les païens de la solidité de notre foi »

Remarqué depuis une dizaine d’années grâce à une poignée de longs métrages d’animations primés (il est lauréat du prix IUP du meilleur réalisateur en 2001), le réalisateur et graphiste irlandais Tomm Moore signe avec « Brendan et le secret de Kells » son premier long métrage. Projet débuté il y a près de dix ans (les premières ébauches datent de 2001), le film est entièrement européen, produit notamment par l’Irlande, la Belgique et la France, par le biais de Didier Brunner, déjà producteur de « Kirikou » et des « Triplettes de Belleville ». Conçu et réalisé entre Kilkenny, Paris, Bruxelles et Budapest, « Brendan et le secret de Kells » se plonge dans les vieilles légendes celtes et irlandaises et renvoie au Livre des Celtes, considéré comme l’un des plus somptueux manuscrits enluminés du monde. Réalisé par des moines aux alentours de l’an 800, ce dernier contient notamment les quatre évangiles et le Nouveau Testament. Objet emblématique du patrimoine et de l’identité irlandaise, il est exposé à Trinity College, à Dublin.

« Le livre n’est pas destiné à être caché dans l’ombre. Tu dois le montrer à tous. Puisse-t-il redonner de l’espoir en ces temps de barbares »

Devant la prolifération des films d’animation pour le jeune public durant les vacances scolaires, il semblait difficile pour une production aussi confidentielle que « Brendan et le secret de Kells » de pouvoir exister face aux poids lourds que sont « Volt » et « La légende de Despereau ». Et ce d’autant plus que le film faisait le choix de l’originalité et de l’audace pour se distinguer des autres productions d’un genre répondant à des codes très standardisés, en nous proposant une plongée au cœur de l’Histoire médiévale irlandaise, des légendes celtes et chrétiennes, et de l’art complexe de l’enluminure. Pas gagné donc. D’ailleurs sur le fond, en dépit d’une réflexion intéressante sur l’importance de la culture dans la société (quelle est la meilleure défense face à la barbarie : la culture ou la force ?), le film pêche un peu par manque d’originalité et de fraicheur (encore une énième histoire sur le difficile passage à l’âge adulte avec ses sempiternels questionnements sur la difficulté à trouver sa place dans la société ou à prendre ses responsabilités) et nous laisse un peu sur notre faim. Mais l’intérêt véritable du film se trouve ailleurs, quelque part dans sa forme. De prime abord simpliste et ringard, le graphisme du film, d’inspiration clairement médiévale, prend très vite une toute autre dimension. En effet, mis en valeur par des couleurs aussi irréelles que sublimes, les décors se muent en tableau du Douanier Rousseau, l’animation prend des tournures de travail d’orfèvre, laissant libre court à un univers souvent onirique (la forêt notamment) qui se marrie parfaitement avec l’esprit des légendes celtes. A ce titre, l’univers et la réussite de ce film en 2D n’est pas sans rappeler le récent « U ». Si on regrette que l’ensemble (pourtant assez court) demeure un petit peu trop mou, on saluera l’audace de ce film qui réussit à sortir des formats traditionnellement calibrés des films pour jeune public, ainsi que sa virtuosité visuelle et son univers poético-onirique, dont on ressort plutôt agréablement surpris.

  



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B
Pas vu mais très envie de le voir. Cet univers s'il est bien traité doit bien fait et sympa à regarder.
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Le site sans prétention d'un cinéphile atteint de cinéphagie, qui rend compte autant que possible des films qu'il a vu!