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12 Jan

Ceux de Cordura

Publié par platinoch  - Catégories :  #Westerns

« Grâce à cette victoire, j’aurai peut-être mon étoile de général avant la fin de la semaine. Voilà 39 ans que j’attendais cette journée »

1916. Alors que la guerre fait rage en Europe, l’armée américaine est au prise avec les troupes de Pancho Villa, dans le désert du Nouveau-Mexique. Conscient de l’évolution du monde et de la technologie, les officiers américains savourent les derniers faits de gloire d’une cavalerie qu’ils savent déjà obsolète. Chargé d’observer les combats afin de trouver des héros digne de recevoir la Médaille d’Honneur et de venter les mérites de l’armée en vue de l’entrée en guerre des Etats-Unis contre l’Allemagne, le Major Thorn choisit quatre hommes qui se sont illustrés dans la bataille. Quatre hommes qu’il doit ramener vivants à la base, de l’autre côté du désert, ainsi qu’une prisonnière américaine accusée de trahison. Soucieux d’appréhender sa propre lâcheté, Thorn veut profiter du voyage pour interroger ses hommes et comprendre l’essence même de l’héroïsme. Mais la traversée du désert s’annonçant beaucoup plus difficile et périlleuse que prévu, chacun dévoilera son véritable visage…

« Quand je suis sorti de ce fossé, j’ai cessé d’être une multitude de choses pour n’en être plus qu’une seule : un lâche »

Cinéaste important en dépit d’un nombre de réalisations limitées, Robert Rossen (à qui l’on doit notamment « L’arnaqueur ») signe avec « Ceux de Cordura » son septième long métrage, l’avant avant dernier de sa carrière, qui restera comme son unique incursion dans le genre du western. Un western qui n’en est pas totalement un et qui aura fait couler beaucoup d’encre à l’époque en raison de son discours remettant en cause les valeurs de l’armée américaine, de ses héros et de leurs décorations. Plusieurs stars de l’époque, connues pour leur conservatisme et leur patriotisme, comme John Wayne, attaqueront ouvertement ce film. Un film marqué surtout par son tournage difficile, Gary Cooper, malade, jouant ainsi contre l’avis de ses médecins, tandis qu’un accident grave sur le tournage blessera sérieusement le dos du comédien Dick York, au point de lui faire mettre un terme prématurément à sa carrière quelques années plus tard, en 1969.

« Un acte de lâcheté ne fait pas d’un homme un lâche à vie. De même qu’un acte de bravoure ne fait pas de lui un héros »

Western crépusculaire, « Ceux de Cordura » fait partie de ces films (avec « Coups de feu dans la sierra ») de la fin des années 50 qui ont annoncé la fin de l’ère du western classique. Avec une part d’inconscience (il s’agit de l’avant avant dernier film de Gary Cooper, légende s’il en est du genre, qui décèdera quelques mois plus tard), et une part intentionnelle (le récit se déroule en 1916, et les officiers de cavaleries sont conscients de leur obsolescence et de mener les dernières batailles épiques du genre). Mais la force du film n’est pas de suivre ses hommes, destinés à être médaillés pour leur courage au combat, prisonniers du désert. Ce qui intéresse Robert Rossen ici, c’est de mener une réflexion sur la notion de bravoure et d’héroïsme. De sonder l’âme de ces hommes pour trouver ce qu’il y a en eux d’héroïque, de comprendre ce qui a motivé leurs actes de bravoure. Une question existencielle pour le commandant chargé de les ramener vivant à la base et de proposer leur décoration puisque celui cache le lourd secret d’avoir eu un comportement lâche devant ses hommes quelques semaines plus tôt en pleine bataille. Pourtant, et c’est là toute la force de ce film, l’héroïsme n’est pas là où l’attend. Car Rossen prend un malin plaisir à nous montrer que le bien et le mal sont présents en chacun de nous, que les hommes capables du plus grand courage sont aussi capables des pires atrocités et de la pire bêtise. A l’image de ces soldats qui se révèlent – à l’approche d’une situation de crise – particulièrement vils et lâches. Pire que des animaux. Car derrière les « héros » capables du sacrifice au front se cachent en fait de potentiels violeurs, tueurs sans scrupules assoiffés de sang, des rats sans foi ni lois, cupides et maitres chanteurs. Fable morale oblige, ce sont les trois personnages initialement les plus ambigus qui se révèlent – après un long chemin de croix (le commandant lâche se révèle finalement admirable de dévotion et de sacrifice pour ramener à bien ses brebis en dépit de leurs menaces, la traitresse se montre pleine de compassion pour le vrai héros du film et se sacrifie également charnellement pour lui permettre de mener à bien sa mission, le soldat ayant perdu la foi la retrouve après une longue crise de fièvre qui manque de lui être fatale) – les véritables héros de cette histoire, se rachetant par leur propre sacrifice et leurs actes de bravoure. Une vision particulièrement subversive pour l’époque, puisque critiquant ouvertement les valeurs de l’armée américaine et les hommes qui la composent. On en retiendra également la mise en scène très Fordienne de Rossen, notamment dans son aspect contemplatif et dans son utilisation des décors. A noter également la géniale interprétation toute en sobriété de Gary Cooper, qui, utilisé à contre emploi, trouve là un de ses meilleurs rôles. Ce dernier est d’ailleurs entouré par des seconds rôles de grande qualité, comme Rita Hayworth, Tab Hunter, et surtout Van Heflin. D’une modernité incroyable pour son époque, « Ceux de Cordura » est clairement un film à voir.



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B
Mouaif ! Si l'idée de base est excellente, le film a bien vieilli. La scène de bataille est ridicule, mais le reste est d'une longueur qui n'en fini pas et la fin est bëte. Dommage parce que la morale de cette histoire de héros et de laches était intéressante et drole.
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L
Incroyable ! Voilà une semaine que je recherchais désespérément le titre de ce film que j’avais vu enfant et dont mon souvenir me faisait confondre Gary Cooper avec James Stewart ! Merci !
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B
Je ne me souviens pas l'avoir vu, ou alors il y a très longtemps, mais ta critique me donne très envie de le voir au plus vite.
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Le site sans prétention d'un cinéphile atteint de cinéphagie, qui rend compte autant que possible des films qu'il a vu!