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21 Aug

Une chanson dans la tête

Publié par platinoch  - Catégories :  #Comédies

« Faut que je trouve un cadeau d’anniversaire pour ma femme. Chaque année c’est le même problème : elle a tout. Pourquoi je ne lui offre pas ce chanteur français qu’elle aime tant ? Parce que ça ne se porte ni au poignet ni au cou ! »

Dans les années 70, Bruno Caprice a connu un succès éphémère avec Quand tu t'en vas, son premier et unique 45 tours. Aujourd'hui oublié, il gagne sa vie comme réceptionniste dans un grand hôtel parisien. Suite à une rupture sentimentale, Bruno a le blues. Mais un coup de fil inattendu va changer le cours de sa vie : un riche industriel libanais lui propose de venir chanter à Beyrouth. Car au Liban, sa chanson est toujours dans la tête des gens.

« En jouant ce soir-là malgré les bombardements, Bruno Caprice a contribué à me redonner de l’espoir. Si je n’avais pas été le voir ce soir-là, je serais certainement morte car une balle perdue à traversé la fenêtre de ma chambre »

Hany Tamba. Ce nom ne vous dit peut-être rien, pourtant ce réalisateur débutant a été primé aux Césars 2006 pour son court métrage « After Shave, Beyrouth après rasage ». Publicitaire de formation, Tamba s’intéresse au cinéma depuis une bonne quinzaine d’années et a déjà réalisé quatre courts métrages. Il était donc temps pour lui de s’atteler à la réalisation d’un film plus long. Une tentative qui s’inscrit dans une tentative de renouveau du cinéma libanais, qui après vingt ans de guerre, voit une jeune génération de réalisateurs nous proposer un regard moderne sur leur pays. On se souvient tous ainsi du très beau « Caramel » de Nadine Labaki qui était sorti l’année dernière sur nos écrans. Issu d’une double culture orientale et francophone, Tamba voulait confronter ces deux univers culturels dans le Liban d’aujourd’hui. Le choix de mettre en scène un personnage qui a été une ancienne vedette éphémère de la variété française n’est pas anodin, le réalisateur nous expliquant que la population libanaise nourrit depuis longtemps une grande nostalgie pour ces chansons et leurs interprètes des années 60-70, qui leur rappelle l’époque où le Liban était un pays prospère et en paix. Mais rattrapé par la réalité, le tournage a notamment été perturbé par les évènements qui ont secoué le pays, se trouvant plusieurs fois non loin  de lieux frappés par des attentats. A noter que le film a été présenté au Festival du film Européen de Bruxelles d’où il est reparti notamment avec le Prix du Public et celui de la RTBF.

« Le Liban c’est mon pays. Un pays merveilleux. Mais quand j’y suis je ne pense qu’à en partir, et quand je suis à l’étranger, qu’à y retourner. C’est ça le Liban. »

Décidément, les chanteurs ringards et/ou ratés ont le vent en poupe au ciné. Car dans le fond, ce Bruno Caprice a comme un lien de parenté avec ces collègues vus du côté de « Quand j’étais chanteur » ou de « La personne aux deux personnes ». Sauf qu’ici, ce personnage très stéréotypé n’est pas là pour servir une comédie. Au contraire, Tamba ne se sert de lui que pour nous proposer un voyage initiatique au pays du cèdre. Un voyage dont l’unique but est de dresser une chronique sociale libanaise, sorte d’instantané de la société après près de 30 ans de guerre. Une société où les plus grandes fortunes côtoient les grandes misères, et où la violence est toujours omniprésente (la femme de l’industriel a un garde du corps, celui-ci se fait voler sa voiture à un coin de rue, sans parler du bombardement final), où le paraitre êst primordial, où on vit avec la nostalgie des années prospères et clémentes, et où chacun vit avec ses traumatismes. Pourtant, au milieu de tout ça, le réalisateur s’attache à nous montrer son pays plein de vie, avec ses gens pleins d’espoirs qui ont les mêmes rêves d’épanouissement et d’amour que dans n’importe quel autre pays. Malheureusement, en bon réalisateur novice, Tamba se montre excessivement maladroit. Car ce n’est pas le tout de vouloir traiter du désespoir ou de la mélancolie par le biais d’un humour absurde, encore faut-il le maitriser. Et en la matière, le réalisateur a encore beaucoup de progrès à faire. Notamment en ce qui concerne la caricature. Que penser ainsi du riche industriel et de son garde du corps pour qui la Mercedes a plus de valeur que l’épouse handicapée ? Ou de l’hôtelier qui chasse les chauves-souris au fusil ? Sans parler de la séance de strip-tease que nous inflige Patrick Chesnais sur scène au bord de la piscine. Certaines de ces scènes auraient pu être amusantes, encore eu-t-il fallu les traiter avec plus de modération. De même on reprochera à la réalisation et au scénario leur côté trop naïfs, notamment dans le parallèle entre le deuil que Nadine n'a jamais fait de son défunt père, et celui d'un Liban ayant perdu son rayonnement et sa quiétude. Tout comme l’effet faussement poétique et un peu raté du vrai/faux concert de Caprice à Beyrouth en 76.

« Quand un grillon s’arrête de chanter, c’est qu’il va mourir »

Dommage, car cette « Chanson dans la tête » n’est pas dénuée de charme, notamment dans les magnifiques décors libanais, dans ses dialogues où l'arabe et le français se mélangent, ainsi que dans la musique et la lumière, qui retranscrivent parfaitement un orient fantasmé. L’interprétation est plutôt correcte, avec en tête un Patrick Chesnais qui excelle toujours dans les rôles de mecs défaits et bougons. A ses côtés, on retiendra la bonne humeur communicative de Gabriel Yammine, et le charme de la jeune Pierrette Katrib. Sans réelles prétentions, « Une chanson dans la tête » s’avère être finalement une petite comédie douce-amère assez sympathique. Et ce en dépit de ses défauts, de son manque d’originalité et de sa naïveté. Pas mémorable, mais pas antipathique non plus.

  



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B
Bien envie d'aller le voir, histoire de m'imprégner par l'ambience qui se dégage de ta critique.
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Le site sans prétention d'un cinéphile atteint de cinéphagie, qui rend compte autant que possible des films qu'il a vu!