Chasseurs de dragons
« Qui voudrait vivre ici, dans la peur du Bouffe Monde ? »
Zoé est une petite fille malicieuse qui croit aux dragons, aux légendes, et aux contes de fées. Elle vit dans le château de son oncle, le Seigneur Arnold, qui gouverne un monde constamment menacé par un terrible dragon. Alors que le réveil de ce dernier est imminent et risque une nouvelle fois de mettre le monde à mal, Zoé décide de se mettre en quête de chevaliers suffisamment courageux et forts pour combattre le dragon. Un jour quelle se retrouve en danger dans les bois, elle est secourue par Gwizdo et Lian-Chu, deux chasseurs de monstres en tous genres à la petite semaine, qui ont plus lair de bras cassés et de pieds nickelés quautre chose. Mais pour Zoé, ça ne fait pas lombre dune doute : ce sont eux qui iront combattre le dragon
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« On va pas se faire tuer parce quune petite fille croit encore aux contes de chevaliers ! La vie cest pas un conte de fée ! Si on y va, on va tous mourir »
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Chasse gardée des studios américains, le cinéma danimation aura réussit à supplanter depuis une dizaine dannées le dessin animé 2D traditionnel, principalement sous la houlette de Dreamworks (« Shrek », « Madagascar », « Gang de requins », « Bee Movie ») et de Pixar (« Ratatouille », « Le monde de Némo », « Les indestructibles », « Toy Story », « Cars »). Quelques tentatives européennes avaient bien été tentées (comme par exemple « Arthur et le Minimoys »), mais jusquici, personne navait pu contester la suprématie américaine dans le genre. Nouvelle tentative française, donc, avec ce « Chasseurs de dragons ». Un long métrage inspiré dune série déjà publiée en BD, dont les réalisateurs sont Valérie Hadida et Arthur Qwak. Ce dernier est dailleurs co-scénariste et co-réalisateur du film, aux côtés dun autre novice en la matière, Guillaume Ivernel. Revendiquant volontiers des influences aussi variées que prestigieuses telles que Walt Disney, les contes pour enfants, lheroic fantasy (« Le Seigneur des anneaux »), ou encore lunivers du dessinateur Moebius, ce « Chasseurs de dragons » saffichait dentrée comme un projet des plus ambitieux.
« Cest pas grave si vous nêtes pas de vrais chevaliers. Vous êtes quand même mes héros préférés. Et puis Yang Shu est encore plus fort que dans mes livres. Il suffit dy croire et moi jy crois. »
Et contre toute attente, ce « Chasseurs de dragons » est une très bonne surprise. Résolument moderne, alerte, et dynamique, le film offre un spectacle pétillant et dans lair du temps, à la hauteur des standards américains. Mais mieux encore, dans un univers largement formaté où les productions du genre finissent par se ressembler toutes les unes des autres, « Chasseurs de dragons » aura réussit à se trouver une identité propre et à imposer son style. Ne reniant pas la tonalité résolument moderne des productions américaines, faite dun humour léger, loufoque et efficace, les réalisateurs auront cependant réussit à trouver une juste mesure en évitant le côté « péteur » de « Shrek » (loin de moi la volonté de dénigrer logre vert !), pour distiller une certaine forme de féerie et de poésie, plus inspirée celle-là par Miyazaki et lanimation asiatique. Flirtant ainsi entre deux mondes et deux écoles, le film nous convie à un voyage féerique dans un monde fantastique mêlant châteaux forts médiévaux, forêts exotiques, monstres et dragons, et petites planètes en suspension dans latmosphère. Un voyage en forme de quête initiatique, où chacun des héros trouvera ce quil cherchait (courage, reconnaissance, amitié, famille). Lintelligence et la qualité de lécriture permettra en outre daborder un certain nombre de thèmes propres au genre des films danimation (difficulté à croire en soi, en ses rêves, à trouver sa place dans le monde et dans la société), tout en leur donnant une autre dimension, les élevant au-delà du stade simpliste et gnian-gnian, permettant à tous les spectateurs, des plus jeunes aux moins jeunes, de trouver de quoi se satisfaire.
« Je ne te crains pas, gros moche. Mon cur est pur comme de leau de roche »
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Mais plus que cette jolie histoire, ce « Chasseurs de dragons » est une formidable réussite visuelle. Ivernel et Qwak ont su faire preuve dun talent créatif et dune imagination débordante, en créant ainsi un univers original, teinté de magie et de poésie, avec ses châteaux, ses lambeaux de planètes en désagrégation, et ses dragons squelettiques. Lanimation est tout aussi irréprochable, la fluidité des mouvements de lensemble étant sublimée par un choix de couleurs judicieux. Le casting de voix savère tout aussi brillant, Patrick Timsit et Vincent Lindon en tête. Ayant déjà partagé laffiche à plusieurs reprises, les deux comédiens réussissent parfaitement à se montrer complémentaires, la gouaille exubérante de lun trouvant un parfait contrepoint dans la gravité intériorisée de lautre. A noter la présence vocale dAmanda Lear dans un rôle dhomme ! Sa voix au timbre grave si particulier faisant néanmoins des merveilles ! Au final, « Chasseurs de dragons » savère donc un film très réussit et un divertissement de très grande qualité. Porté par un scénario original et moderne, et par une réalisation magnifique, lunivers original, imaginatif, et poétique qui nous est proposé à de quoi ravir petits et grands. Lanimation française se porte décidément très bien. A ne pas louper !
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