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29 May

Cleaner

Publié par platinoch  - Catégories :  #Films noirs-Policiers-Thrillers

« On ne nettoie pas simplement du sang, on nettoie surtout de la colère, de la rage, et de la honte »

Ancien officier de police, Tom Cutler s’est reconverti dans le nettoyage. Mais pas dans n’importe quel nettoyage : la société qu’il a monté propose ses services pour nettoyer les scènes de crime. Un business plutôt fleurissant jusqu’à ce qu’il se rende compte qu’il a été manipulé lors de sa dernière mission. En effet, le nettoyage d’une scène de meurtre qu’il a effectué dans une grande maison bourgeoise n’a jamais été déclaré à la police. Quand Ann Norcut, qui habite la maison qu’il a nettoyé retrouve sa trace et lui demande de l’aider à retrouver son mari tout juste porté disparu, celui-ci comprend qu’il a été piégé et qu’il est désormais impliqué dans ce qui s’avère être un meurtre. Une raison suffisante pour renouer avec son ancien partenaire, Eddie, toujours dans la police et capable de le couvrir. Mais cette histoire l’oblige à refaire face à son passé de flic véreux…

« Un voisin a vu une camionnette de plombier stationnée devant la maison le lendemain de la disparition. Franchement, si ce mec s’est barré, pourquoi a-t-il engagé un plombier ? »

Réalisateur prolifique, avec à son compte une quinzaine de longs en un peu plus de vingt ans de carrière, Renny Harlin s’est spécialisé dans la réalisation de film d’action, d’horreur et de séries B en tout genre. Si le point culminant de sa carrière a été atteint lorsqu’il a réalisé « 58 minutes pour vivre » (1990) de la saga « Die hard », on lui doit néanmoins toute une série de films de genre plus ou moins réussis. Citons au hasard « Cliffhanger » (1993), « Au revoir, à jamais » (1996), « Peur bleue » (2000), ou encore « L’exorciste : au commencement » (2004). Que du lourd ! Pour la petite histoire, c’est en écoutant le témoignage à la radio d’un employé de ce genre d’entreprise que le scénariste a eu l’idée d’écrire ce scénario. Par soucis de réalisme, l’équipe du film a même eu droit à une formation dans une entreprise similaire basée en Californie. « Cleaner » marque également la troisième collaboration entre le réalisateur Renny Harlin et Samuel L.Jackson (après « Au revoir, à jamais » et « Peur bleue »), qui produit également le film.

« On se fait vieux. C’est toi qui avait raison : la famille avant tout. Si on a pas de famille, on a rien »

A priori, sur le papier, la présence d’un réalisateur habitué des séries B et d’un casting de seconds couteaux n’inspirait rien qui vaille. Pourtant, le film commence et on se dit qu’il y a de l’idée. La profession de nettoyeur de scènes de crimes est pour le coup franchement originale, et tout en créant une atmosphère particulièrement glauque (imaginez-vous devoir mettre les mains dans les bouts de cervelles éclatés collés au mur !) et pesante, on se dit qu’une telle idée offre un large champ du possible en terme de perspectives pour les scénaristes. De quoi apporter un peu d’originalité à un genre – le thriller de série B – largement balisé. Mais pour ça, il aurait fallu avoir des scénaristes digne de ce nom qui ne se soit pas contenté par fainéantise du minimum syndical. Car franchement, comment donner un minimum de crédit à une telle histoire quand le héros nettoyeur, oubliant de remettre la clé de la maison en repartant, vient la rendre à sa propriétaire en faisant une énorme gaffe ? Comme si dans un tel métier, il n’y avait un code discrétion à respecter. Ça commençait donc déjà mal ! Mais plus les minutes passent, et plus on se rend compte de la médiocrité des scénaristes, qui se sont bornés à reproduire jusqu’au ridicule et à l’improbable les clichés inhérents au genre qu’on a déjà vu des centaines de fois. Que penser dès lors de la caricature du héros, veuf et père courage qui n’arrive plus à communiquer avec sa fille ? Et du switch final, la résolution de l’énigme qui devait être énorme et donner son cachet au film ? Il était évident que ce meilleur ami un peu louche qui refait surface d’un seul coup dans la vie du héros ne pouvait être que le coupable ! Caricatural à mort, archi prévisible, le film n’arrive jamais vraiment à passionner et encore moins à convaincre. Pire : là où une série B comme « Des serpents dans l’avion » marchait car jouant à fond la carte de l’autodérision, ce « Cleaner » se prend suffisamment au sérieux pour devenir assez indigeste.

« - Tom, ne soyez pas si naïfs, on a tous nos secrets.

   - J’en ai marre de garder des secrets »

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 Si le scénario est clairement le gros point faible de ce nanar, la réalisation de Renny Harlin n’est pas non plus exempte de tout reproche. A commencer là aussi par un manque de personnalité criant. On aurait aimer avoir un peu de nervosité dans la caméra ainsi que dans le montage, tout comme on aurait aimer avoir une ambiance parfaitement tendue. Au lieu de ça, Harlin se contente là aussi de pomper ce qui a déjà été fait, nous proposant une mise en scène mollassonne, dont l’audace ne dépasse jamais le basique et simpliste jeu de contraste et d’opposition (la grande maison riche face aux quartiers populaires un peu glauques, lumière du jour pour le travail et nuit profonde pour les révélations, etc…). A cela, il faut rajouter une interprétation pas beaucoup plus inspirée. Samuel L. Jackson semble ainsi s’enfermer dans un énième rôle de flic dur qu’il a déjà joué cent fois, et qui ne lui permet pas de montrer autre chose que son jeu mono expressif. On pourrait en dire autant du pourtant talentueux Ed Harris, qui semble lui aussi s’enfermer dans des rôles de salauds fourbes, vicieux et machiavéliques (il avait déjà sensiblement le même type de rôle dans « A history of violence » ou encore dans « Gone baby gone »). Du coup, il semble lui aussi reproduire continuellement la même performance. Enfin, Eva Mendes, qui sortait pourtant d’une prestation très convaincante dans « La nuit nous appartient » replonge dans les rôles de potiche de service où, devant la caméra de Harlin, son talent semble se résumer à son sourire ainsi qu’à sa plastique avantageuse. Pas de surprises donc au final avec ce « Cleaner » qui confirme pleinement les mauvais pressentiments qu’on pouvait avoir. Car si on plaçait peu d’espoir dans ce film, celui peine à assurer le minimum. Un bon gros nanar de plus. A oublier.

  



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B
Tout ce que tu dis est vrai. Et pourtant, en sortant de la salle, je ne l'avais pas perçu comme très moyen, mais m'avait laissé un bon gout dans la tête. Peut-être à cause de l'originalité du métier de nettoyeur, et aussi du charme d'Eva Mendes... sans doute. Dommage, ç'aurait du être un très bon film.
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