Cleaner
« On ne nettoie pas simplement du sang, on nettoie surtout de la colère, de la rage, et de la honte »
Ancien officier de police, Tom Cutler sest reconverti dans le nettoyage. Mais pas dans nimporte quel nettoyage : la société quil a monté propose ses services pour nettoyer les scènes de crime. Un business plutôt fleurissant jusquà ce quil se rende compte quil a été manipulé lors de sa dernière mission. En effet, le nettoyage dune scène de meurtre quil a effectué dans une grande maison bourgeoise na jamais été déclaré à la police. Quand Ann Norcut, qui habite la maison quil a nettoyé retrouve sa trace et lui demande de laider à retrouver son mari tout juste porté disparu, celui-ci comprend quil a été piégé et quil est désormais impliqué dans ce qui savère être un meurtre. Une raison suffisante pour renouer avec son ancien partenaire, Eddie, toujours dans la police et capable de le couvrir. Mais cette histoire loblige à refaire face à son passé de flic véreux
« Un voisin a vu une camionnette de plombier stationnée devant la maison le lendemain de la disparition. Franchement, si ce mec sest barré, pourquoi a-t-il engagé un plombier ? »
Réalisateur prolifique, avec à son compte une quinzaine de longs en un peu plus de vingt ans de carrière, Renny Harlin sest spécialisé dans la réalisation de film daction, dhorreur et de séries B en tout genre. Si le point culminant de sa carrière a été atteint lorsquil a réalisé « 58 minutes pour vivre » (1990) de la saga « Die hard », on lui doit néanmoins toute une série de films de genre plus ou moins réussis. Citons au hasard « Cliffhanger » (1993), « Au revoir, à jamais » (1996), « Peur bleue » (2000), ou encore « Lexorciste : au commencement » (2004). Que du lourd ! Pour la petite histoire, cest en écoutant le témoignage à la radio dun employé de ce genre dentreprise que le scénariste a eu lidée décrire ce scénario. Par soucis de réalisme, léquipe du film a même eu droit à une formation dans une entreprise similaire basée en Californie. « Cleaner » marque également la troisième collaboration entre le réalisateur Renny Harlin et Samuel L.Jackson (après « Au revoir, à jamais » et « Peur bleue »), qui produit également le film.
« On se fait vieux. Cest toi qui avait raison : la famille avant tout. Si on a pas de famille, on a rien »
A priori, sur le papier, la présence dun réalisateur habitué des séries B et dun casting de seconds couteaux ninspirait rien qui vaille. Pourtant, le film commence et on se dit quil y a de lidée. La profession de nettoyeur de scènes de crimes est pour le coup franchement originale, et tout en créant une atmosphère particulièrement glauque (imaginez-vous devoir mettre les mains dans les bouts de cervelles éclatés collés au mur !) et pesante, on se dit quune telle idée offre un large champ du possible en terme de perspectives pour les scénaristes. De quoi apporter un peu doriginalité à un genre le thriller de série B largement balisé. Mais pour ça, il aurait fallu avoir des scénaristes digne de ce nom qui ne se soit pas contenté par fainéantise du minimum syndical. Car franchement, comment donner un minimum de crédit à une telle histoire quand le héros nettoyeur, oubliant de remettre la clé de la maison en repartant, vient la rendre à sa propriétaire en faisant une énorme gaffe ? Comme si dans un tel métier, il ny avait un code discrétion à respecter. Ça commençait donc déjà mal ! Mais plus les minutes passent, et plus on se rend compte de la médiocrité des scénaristes, qui se sont bornés à reproduire jusquau ridicule et à limprobable les clichés inhérents au genre quon a déjà vu des centaines de fois. Que penser dès lors de la caricature du héros, veuf et père courage qui narrive plus à communiquer avec sa fille ? Et du switch final, la résolution de lénigme qui devait être énorme et donner son cachet au film ? Il était évident que ce meilleur ami un peu louche qui refait surface dun seul coup dans la vie du héros ne pouvait être que le coupable ! Caricatural à mort, archi prévisible, le film narrive jamais vraiment à passionner et encore moins à convaincre. Pire : là où une série B comme « Des serpents dans lavion » marchait car jouant à fond la carte de lautodérision, ce « Cleaner » se prend suffisamment au sérieux pour devenir assez indigeste.
« - Tom, ne soyez pas si naïfs, on a tous nos secrets.
- Jen ai marre de garder des secrets »
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Si le scénario est clairement le gros point faible de ce nanar, la réalisation de Renny Harlin nest pas non plus exempte de tout reproche. A commencer là aussi par un manque de personnalité criant. On aurait aimer avoir un peu de nervosité dans la caméra ainsi que dans le montage, tout comme on aurait aimer avoir une ambiance parfaitement tendue. Au lieu de ça, Harlin se contente là aussi de pomper ce qui a déjà été fait, nous proposant une mise en scène mollassonne, dont laudace ne dépasse jamais le basique et simpliste jeu de contraste et dopposition (la grande maison riche face aux quartiers populaires un peu glauques, lumière du jour pour le travail et nuit profonde pour les révélations, etc ). A cela, il faut rajouter une interprétation pas beaucoup plus inspirée. Samuel L. Jackson semble ainsi senfermer dans un énième rôle de flic dur quil a déjà joué cent fois, et qui ne lui permet pas de montrer autre chose que son jeu mono expressif. On pourrait en dire autant du pourtant talentueux Ed Harris, qui semble lui aussi senfermer dans des rôles de salauds fourbes, vicieux et machiavéliques (il avait déjà sensiblement le même type de rôle dans « A history of violence » ou encore dans « Gone baby gone »). Du coup, il semble lui aussi reproduire continuellement la même performance. Enfin, Eva Mendes, qui sortait pourtant dune prestation très convaincante dans « La nuit nous appartient » replonge dans les rôles de potiche de service où, devant la caméra de Harlin, son talent semble se résumer à son sourire ainsi quà sa plastique avantageuse. Pas de surprises donc au final avec ce « Cleaner » qui confirme pleinement les mauvais pressentiments quon pouvait avoir. Car si on plaçait peu despoir dans ce film, celui peine à assurer le minimum. Un bon gros nanar de plus. A oublier.
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