Le déjeuner du 15 août
« - Ta mère te bloque tout le temps et tu ne sais plus quoi faire ? Tu sais on a tous nos problèmes : moi jai de leczéma ! - Mais leczéma cest pas grave ! »
Gianni, 50 ans et des poussières, vit avec sa maman dans un grand appartement au cur de Rome, où il s'occupe de tout : cuisine, ménage et courses. Acculés par les dettes, l'ensemble de la copropriété menace de les expulser car ils n'ont pas payé leurs charges depuis plusieurs années.
Le syndic d'immeuble, Alfonso, propose alors à Gianni un marché insolite : garder sa mère pendant le week-end du 15 août, contre l'effacement de cette dette. Le jour dit, Gianni voit arriver non seulement la mère d'Alfonso, mais aussi sa tante... Victime d'un malaise, Gianni appelle son ami médecin, qui lui demande à son tour un service...
« La Tante Maria est un peu fatigante : elle radote tout le temps ! »
Lauréat du Grand prix du Festival de Cannes 2008 pour le scénario de « Gomorra », Gianni Di Gregorio est un scénariste reconnu en Italie. Avec « Le déjeuner du 15 août », il signe ses grands débuts de réalisateur. Bien que cette petite chronique soit purement fictionnelle, le réalisateur rappel avec malice quil y a malgré tout une part de son vécu dans ce film puisque suite à son propre divorce il sest retrouvé à vivre quelques années seul avec sa mère. Pas étonnant donc de le voir cumuler également les casquettes de scénariste et de comédien principal. A noter également que la plupart des autres comédiens, à commencer par les quatre octogénaires, sont des acteurs amateurs et totalement novices. « Le déjeuner du 15 août » a été récompensé du Prix du meilleur premier film à la Mostra de Venise 2008.
« On aura plus trinqué au 15 août quau nouvel an ! »
Petite chronique satyrique sociale et familiale, « Le déjeuner du 15 août » était vendu comme la nouvelle perle du cinéma italien, sinscrivant dans la lignée des films populaires des années 70 signés par les maitres Scola ou Comencini. La chute et la déception nen sont que plus dures. Car le film ne vole tout de même pas bien haut. Certes, le personnage de Gianni quinqua tranquille, désinvolte et porté sur le vin blanc demeure plutôt attachant. De même pour les mamies qui derrière leur(s) caractère(s) affirmé(s) se révèlent finalement touchantes car débordantes de vie, retrouvant le temps dune journée et dune nuit la possibilité de rompre la solitude et une liberté adolescente devenue trop rare du fait de lautorité des enfants qui imposent désormais les horaires, les régimes alimentaires et les médicaments. Ainsi, lune se lèvera de nuit pour sempiffrer dun gratin de pattes qui lui est interdit pendant quune autre se paiera une fugue nocturne dans les rues de Rome. Le problème, cest que ça ne va jamais beaucoup plus loin et que lensemble manque cruellement de mordant et denjeu scénaristique. Comme si le scénario navait jamais vraiment été terminé. En dépit de quoi le film se fait répétitif (Gianni fait les courses, Gianni boit des verres de blanc, Gianni traine avec son pote le Viking, Gianni fait la cuisine, Gianni fait le médiateur entre les mamies) et devient vite assez chiant, malgré son format vraiment court (il nexcède pas 75 minutes). Bien loin de la vivacité des classiques des années 70, faits de grandiloquence chaleureuse et de douce amertume, ce « Déjeuner du 15 août » se révèle au final trop peu consistant, et bien trop maladroit et soporifique pour tenir la comparaison et pour convaincre. Grosse déception.
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