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09 Jul

Delirious

Publié par platinoch  - Catégories :  #Comédies romantiques

« Règle n°1 : il y a les gagnants et les perdants. Moi je suis un gagant »

 

Voilà un film que j’étais pressé de voir ! Il faut dire que la bande-annonce, assez alléchante, passait en boucle depuis au moins trois semaines dans toutes les salles. Matraquage publicitaire, quand tu nous tiens…

Ce « Delirious » marque donc le retour du relativement peu prolifique Tom DiCillo, cinéaste iconoclaste et estampillé « cinéma indépendant américain » (pas si éloigné que ça de l’univers de Jarmusch dont il fut l’assistant) et un brin cynique, qui avait entre autre signé « Ça tourne à Manhattan » en 1996. Depuis le très confidentiel « Bad Luck ! », sorti en 2001, le réalisateur semblait donc avoir quelque peu disparu. Il aura donc fallu attendre six ans et ce « Delirious » pour voir le nouveau DiCillo. Impressions.

Memento Films

 

« J’ai des yeux de lynx. C’est une bénédiction et une malédiction. Des fois je vois trop de choses »

 

L’histoire :

 

New York. Les est un paparazzo raté qui passe ses journées à planquer pour obtenir ce qu’il appelle « le cliché qui tue », photos d’instants volés aux stars et souvent compromettantes, qu’il espère monnayer le plus cher possible. Hélas pour lui, il n’a jamais réussi à percer réellement dans le milieu et se contente donc de vivoter de pige en pige. Un jour, alors qu’il fait une planque pour piéger Kharma, la Britney Spears du moment, il croise un jeune SDF, Toby. Devant l’insistance du jeune homme, il décide de l’aider en en faisant son assistant. Assistant dont il abuse quelque peu la confiance par ailleurs. Jusqu’au jour où par le plus grand des hasards, Toby rencontre Kharma, dont il tombe éperdument amoureux. Chose pour le moins compliqué quand son meilleur ami est paparazzo et manipulateur…

Michael Pitt et Steve Buscemi. Thema Production

 

« Les gens sont tous différents. C’est ce qui fait leur beauté »

 

En bon réalisateur labellisé « Cinéma indépendant US », il fallait bien s’attendre à ce que ce  « Délirious » soit avant tout porté par un regard satyrique et même cynique sur le monde du show-business qui sert de sujet à ce film. Et en cela, tout pourrait presque se résumer à cette phrase, très bien vue, de Steve Buscemi « les journaux deviennent riches et les stars célebres ». Bien sûr, on connaît le bonhomme, et pour rentrer dans son univers cinématographique, il faudra prendre un soin particulier à prendre son film au 3ème degré (au moins) pour être sûr d’y trouver, caché tout au fond, un petit pamphlet critiquant avec acidité ce monde de strass et d’apparences. Et c’est bien ce que l’on croit pendant les trois quart d’un film qui est quand même très bancal. Scénario qui part d’une bonne idée mais qui reste quand même super conventionnel, avec un usage d’un nombre de clichés hallucinant (entre le photographe raté obsessionnel a tendance psychopathe, et le show-business qui se limite uniquement aux excès des petites Britney et autres chanteuses dénudées, exubérantes et très capricieuses). Si il était intéressant de filmer cette dépendance incroyable teinté de rejet entre les photographes et les stars, si il était encore plus intéressant de filmer la solitude et l’obsession du photographe qui traque son gibier, en l’occurrence les stars, avec des heures de planque en solitaire, on ne peut que regretter que cette piteuse et si conventionnelle romance prenne le pas sur tout le reste du film. Avec en prime, ce happy-end si lamentablement pseudo-romantique…

Même au vingtième degré, c’est indigeste.

Steve Buscemi. Thema Production

 

D’autant qu’on ne peut même pas se rattraper sur la qualité de la mise en scène. Cinéma indépendant est souvent synonyme de peu de moyens et beaucoup de créativité. Mais faire passer de l’ambiance sombre et glauque de l’univers d’un paparazzo raté à l’univers factice et aux couleurs guimauves de la chanteuse du moment qui vit dans son cocon où tout n’est qu’image, c’était quand même à la porté de n’importe quel cornichon.

Alison Lohman.

 

Reste donc l’interprétation. On reconnaîtra le talent magistral de Buscemi, même si on est d’accord pour dire également qu’il joue ce rôle de pauvre type raté et taré pour la énième fois. Après Michael Pitt s’en sort honorablement, mais sans pour autant crever l’écran non plus. Il faut dire que son personnage lunaire d’apprenti acteur SDF, d’une pureté flirtant avec l’idiotie, n’était pas si facile que cela à gérer. Reste enfin la jeune Alison Lohman. Si son rôle se résume à l’image (critique du Show-business où tout n’est qu’image, image de façade qui fait vendre, image de la femme dont est amoureux le héros, image que souhaite immortalisé le paparazzo) on peut dire qu’elle s’en sort pas si mal. Ce n’est plus le cas lorsqu’on lui demande de faire passer des émotions. Dommage.

Michael Pitt. Thema Production

 

« On recherche toujours le cliché qui tue »

 

Pour conclure, DiCillo nous revient après six années d’absence (on l’avait laissé quand même sur deux navets pas possibles) avec un film, « Delirious », qui s’annonçait être une comédie bien satirique et cynique sur l’univers du show-business. Malheureusement, même si je suis conscient qu’il faut prendre ce film, qui se veut très décalé, au 3ème ou 4ème degré, la satire se perd dans des lieux communs trop faciles, laissant inexploitées les sujets que le film ne fait qu’effleurer (l’obsession du photographe, la crainte des stars, et surtout la critique de la valeur de l’image), pour finalement se saborder en une histoire d’amour des plus classiques et des plus mièvres. Mouais…ça vole quand même pas bien haut !!!



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B
Compte tenu de la bande annonce, il me semblait bien qu'il s'agissait d'une annerie de plus dans le paysage cinématographique. Heureusek=ment que tu es là pour nous éviter de perdre du temps et des déceptions. Merci à toi
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Le site sans prétention d'un cinéphile atteint de cinéphagie, qui rend compte autant que possible des films qu'il a vu!