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30 Dec

Le dernier vol

Publié par platinoch  - Catégories :  #Drames

« Je me moque de ce qu’on pense de moi à Paris ou à Alger. Ils ne sont pas sur le terrain, eux ! »

Sahara Français, 1933. Partie à la recherche de l'homme qu'elle aime, disparu lors d'une tentative de traversée Londres / Le Cap en avion, l'aventurière et aviatrice Marie Vallières de Beaumont est contrainte de poser son biplan prés d'un poste avancé de "méhariste" français en plein désert saharien.
Confronté à la détermination de la jeune femme, Antoine Chauvet, lieutenant en conflit avec sa hiérarchie, décide de l'aider dans cette quête désespérée, dans un lieu aussi grandiose et hostile que le Ténéré.
Dans ce désert qui ne ment pas, et dans l'abandon qu'il impose, Marie et Antoine découvriront une vérité à laquelle ils ne s'attendaient pas.

« Il existe un mal de mer et un mal de montagne. N’existe-t-il rien d’équivalant avec le désert ? »

Ah l’Afrique… Ses paysages immenses et majestueux, ses territoires reculés, sa nature sauvage, indomptable et hostile face à laquelle l’homme n’est rien ou si peu de choses. Une terre fascinante, propice aux aventures romanesques et aux romances exotiques, qui a inspiré les plus grands réalisateurs, de John Huston (« L’odysée de l’African Queen ») à Henry King (« Les neiges du Kilimandjaro »), de Howard HawksHatari ! ») à John Ford (« Mogambo ») en passant par Bernardo Bertolucci (« Un thé au Sahara ») et Anthony Minghella (« Le patient anglais »). Adapté du roman « Le dernier vol de Lancaster » de Sylvain Estibal, lui-même inspiré par un tragique fait divers survenu dans les années 30, le film semblait réunir tous les ingrédients nécessaires pour faire un bon mélo exotique. Mais n’est pas John Huston qui veut et à l’évidence, malgré ses bonnes intentions, Karim Dridi est encore loin du niveau de ses illustres prédécesseurs. Certes, les incroyables décors sahariens sont là. Les costumes coloniaux également. Et la présence de cet avion au beau milieu de nulle part n’est pas sans rappeler les récits d’aventures ancrés dans nos mémoires, tels ceux de St Ex. Seulement voilà, tout cela semble n’être qu’une belle coquille vide. Comme si le réalisateur avait laissé le scénario au vestiaire.

« Chez les gens comme vous, il y a toujours la raison d’un côté et les illusions de l’autre. Vous considérez qu’aimer fait partie des illusions n’est-ce pas ? »

Car le gros défaut de ce film, c’est qu’il ne s’y passe rien ou presque : un jeune officier idéaliste se rebelle contre sa hiérarchie, une aviatrice tombée du ciel comme un cheveu sur la soupe débarque à la recherche de son compagnon disparu, un détachement français part à la poursuite de rebelles touaregs en plein désert. Et puis, brutalement, alors qu’il avait déjà du mal à maintenir notre attention, le réalisateur décide d’abandonner totalement son film. La bataille (la déroute ?) annoncée comme le climax du film n’aura pas lieu, Dridi décidant d’abandonner les soldats à leur funeste sort pour se focaliser sur la fuite en avant de nos deux héros, bien décidés à tenter l’impossible traversée du Ténéré pour retrouver l’aviateur perdu. S’en suivent 40 interminables minutes, dépourvues de tout souffle romanesque, durant lesquelles les deux personnages traversent des dunes à dos de chameaux en débitant des dialogues aussi improbables qu’ampoulés sur l’amour (« Votre désir d’aimer est plus grand que votre amour »), que même Marc Lévy n’aurait pas osé écrire. Du coup, les comédiens eux-mêmes semblent ne pas y croire et jouent à côté de leurs pompes. A l’image d’une Marion Cotillard qui semble nous refaire un nouveau numéro d’Edith Piaf, appelant désespérément « Bill » dans le vide, comme elle criait autrefois « Marcel » à l’annonce de la mort de Cerdan. Sa performance limitée montre qu’elle reste encore très loin des actrices emblématiques de ce type de rôles, telles que Katerine Hepburn ou Ava Gardner. Et comme si la traversée du désert n’avait pas été assez éprouvante, le réalisateur finit son film en queue de poisson, par quelques commentaires laconiques, laissant le spectateur sur sa faim. Voilà un film qui tombe à l’eau. Un comble en soit puisqu’il traite du désert ! Espérons pour lui qu’après ce ratage total, Karim Dridi ne soit pas condamné lui aussi à une longue traversée du désert…

  



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E
les images sont excellent mais le film manque d`un sentiment general!
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B
J'aime beaucoup ta critique, plus que le film qui en effet passe complètement à côté. Grand dommage car j'attendais beaucoup des paysages comme de l'histoire pour accoucher du vent... de sable. "Fort Saganne" à côté est plein de souffle de vie de couleurs, tout ce que j'attendais.
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Le site sans prétention d'un cinéphile atteint de cinéphagie, qui rend compte autant que possible des films qu'il a vu!