Le dernier vol
« Je me moque de ce quon pense de moi à Paris ou à Alger. Ils ne sont pas sur le terrain, eux ! »
Sahara Français, 1933. Partie à la recherche de l'homme qu'elle aime, disparu lors d'une tentative de traversée Londres / Le Cap en avion, l'aventurière et aviatrice Marie Vallières de Beaumont est contrainte de poser son biplan prés d'un poste avancé de "méhariste" français en plein désert saharien.
Confronté à la détermination de la jeune femme, Antoine Chauvet, lieutenant en conflit avec sa hiérarchie, décide de l'aider dans cette quête désespérée, dans un lieu aussi grandiose et hostile que le Ténéré.
Dans ce désert qui ne ment pas, et dans l'abandon qu'il impose, Marie et Antoine découvriront une vérité à laquelle ils ne s'attendaient pas.
« Il existe un mal de mer et un mal de montagne. Nexiste-t-il rien déquivalant avec le désert ? »
Ah lAfrique Ses paysages immenses et majestueux, ses territoires reculés, sa nature sauvage, indomptable et hostile face à laquelle lhomme nest rien ou si peu de choses. Une terre fascinante, propice aux aventures romanesques et aux romances exotiques, qui a inspiré les plus grands réalisateurs, de John Huston (« Lodysée de lAfrican Queen ») à Henry King (« Les neiges du Kilimandjaro »), de Howard Hawks (« Hatari ! ») à John Ford (« Mogambo ») en passant par Bernardo Bertolucci (« Un thé au Sahara ») et Anthony Minghella (« Le patient anglais »). Adapté du roman « Le dernier vol de Lancaster » de Sylvain Estibal, lui-même inspiré par un tragique fait divers survenu dans les années 30, le film semblait réunir tous les ingrédients nécessaires pour faire un bon mélo exotique. Mais nest pas John Huston qui veut et à lévidence, malgré ses bonnes intentions, Karim Dridi est encore loin du niveau de ses illustres prédécesseurs. Certes, les incroyables décors sahariens sont là. Les costumes coloniaux également. Et la présence de cet avion au beau milieu de nulle part nest pas sans rappeler les récits daventures ancrés dans nos mémoires, tels ceux de St Ex. Seulement voilà, tout cela semble nêtre quune belle coquille vide. Comme si le réalisateur avait laissé le scénario au vestiaire.
« Chez les gens comme vous, il y a toujours la raison dun côté et les illusions de lautre. Vous considérez quaimer fait partie des illusions nest-ce pas ? »
Car le gros défaut de ce film, cest quil ne sy passe rien ou presque : un jeune officier idéaliste se rebelle contre sa hiérarchie, une aviatrice tombée du ciel comme un cheveu sur la soupe débarque à la recherche de son compagnon disparu, un détachement français part à la poursuite de rebelles touaregs en plein désert. Et puis, brutalement, alors quil avait déjà du mal à maintenir notre attention, le réalisateur décide dabandonner totalement son film. La bataille (la déroute ?) annoncée comme le climax du film naura pas lieu, Dridi décidant dabandonner les soldats à leur funeste sort pour se focaliser sur la fuite en avant de nos deux héros, bien décidés à tenter limpossible traversée du Ténéré pour retrouver laviateur perdu. Sen suivent 40 interminables minutes, dépourvues de tout souffle romanesque, durant lesquelles les deux personnages traversent des dunes à dos de chameaux en débitant des dialogues aussi improbables quampoulés sur lamour (« Votre désir daimer est plus grand que votre amour »), que même Marc Lévy naurait pas osé écrire. Du coup, les comédiens eux-mêmes semblent ne pas y croire et jouent à côté de leurs pompes. A limage dune Marion Cotillard qui semble nous refaire un nouveau numéro dEdith Piaf, appelant désespérément « Bill » dans le vide, comme elle criait autrefois « Marcel » à lannonce de la mort de Cerdan. Sa performance limitée montre quelle reste encore très loin des actrices emblématiques de ce type de rôles, telles que Katerine Hepburn ou Ava Gardner. Et comme si la traversée du désert navait pas été assez éprouvante, le réalisateur finit son film en queue de poisson, par quelques commentaires laconiques, laissant le spectateur sur sa faim. Voilà un film qui tombe à leau. Un comble en soit puisquil traite du désert ! Espérons pour lui quaprès ce ratage total, Karim Dridi ne soit pas condamné lui aussi à une longue traversée du désert
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