Détrompez-vous
« Quand on vous voit, je comprends que votre femme préfère coucher avec mon mari »
Dun côté Thomas et Carole. De lautre Lionel et Lisa. Mariés, des enfants, bonnes situations, belles maisons, ces deux couples semblent être solidement encrés dans le traintrain dune vie stable et aisée. Si les deux couples sont en apparences heureux, Thomas et Lisa vivent en fait une liaison passionnée depuis six mois. Liaison découverte par un quiproquo par Carole et Lionel qui se retrouvent alliés par la force des choses. Après avoir vérifiés leurs soupçons à grands renforts de filatures, Carole et Lionel, bien décidés à sauver leur couple, décident dagir en mettant leurs efforts en commun
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« On dort en pyjama, on pense en pyjama, on vit en pyjama faut arrêter maintenant ! On retire tout, on enlève les pyjamas et on se bouge ! »
Avec ce « Détrompez-vous », Bruno Dega et Jeanne Le Guillou font leurs premiers pas en tant que réalisateurs. Lun et lautre ont essentiellement officié pour la télévision, tous les deux en tant que scénaristes. Dega, qui avait participé au scénario de « Restons groupés » (Salomé 1998) a même eu loccasion de réaliser un épisode pour la série « Linstit », tandis que Le Guillou, créatrice de la série « Léa Parker » pour M6, a elle touché un peu au cinéma en participant au scénario de « Désaccord parfait » dAntoine de Caunes, sorti en 2006. Pour leur premier film, ils nont pas choisi le risque, proposant un énième vaudeville, qui peut néanmoins se vanter dun casting de choix.
« - Votre grossesse sest bien passée ?
- Oui, oui. Jai fini par accoucher ! »
Ah ! Le vaudeville ! Le genre bien franchouillard par excellence, qui samuse du fameux trio mari/femme/amant. On se demande bien ce que serait le cinéma français si le vaudeville nexistait pas, tant il semble que le genre soit surexploité depuis des lustres. Dernière sortie en date, « Détrompez-vous » semblait proposer un léger renouveau du genre en imposant une nouvelle vision du problème avec léclosion dun couple par défaut (les cocus), unis malgré eux pour sauver leur couple respectif. Seulement voilà, il ne suffit pas de coller en arrière plan des musiques jazzy ou de crooners pour obtenir la légèreté ou la grâce des comédies avec Cary Grant, quelles soient signées de Blake Edwards, George Cukor, ou de Howard Hawks, du côté desquelles « Détrompez-vous » semble lorgner ouvertement. Dega et Le Guillou semblent en effet sêtre pris les pieds dans un scénario manquant franchement doriginalité et reposant trop sur des situations comiques éculées (comme par exemple les deux couples qui se retrouvent dans le même hôtel et la scène du dîner au restaurant qui sensuit, ou encore la brève apparition de Philippe Lefèvre). En outre, on reprochera au film de gros problèmes de rythme, ainsi quun manque vital de subtilité. Comme si les scénaristes, conscients du potentiel comique limité de leur film, avait tenté de boucher les fuites à grands coups dhumour facile (le contremaître portugais), voire niveau braguette (le coup de la mycose, ou les gâteries prodiguées par Taglioni avant chaque rancart de son mari), sans jamais vraiment osé lassumer pleinement. Cela nempêche pas de sourire, voire de rires à quelques scènes, mais lensemble ne casse quand même pas des briques.
« - Papa, ça veut dire quoi « démission » ?
- Ça veut dire que le Père Noël nexiste pas »
Derrière, la mise en scène est dun classicisme absolu dans le genre : peu dinnovations, certes, quelques problèmes de rythme, mais pour une première réalisation, lensemble se tient très correctement. La direction dacteur se révèle de bonne facture, et bien que les personnages soient archi-caricaturaux et mal dessinés, cest essentiellement grâce à la bonne humeur dégagée par les comédiens que le film se sauve du naufrage absolu. Mathilde Seigner est certainement la moins en vue, du fait du caractère habituel de son personnage grognon et autoritaire. Côté masculin, Roschdy Zem et François Cluzet assurent lessentiel, tandis que la grande révélation du film est sans contestes Alice Taglioni qui nous fait découvrir réellement son potentiel comique, que personne jusque là navait véritablement mis en valeur. A noter également, le temps dune scène, lapparition très drôle de Florence Foresti.
« Je crois quelle ne pleure plus là »
Un peu bâclée, pas très appliquée, un brin paresseuse, « Détrompez-vous » est au final une comédie assez moyenne. Son petit arrière-goût de déjà-vu rappelle que ce film manque dun petit peu de piquant et de personnalité pour atteindre pleinement ses buts et marquer le public. Heureusement, le film ne se prend jamais trop au sérieux, et bénéficie de la fraîcheur des comédiens, Alice Taglioni en tête, qui sauve le film et assure un minimum de sourires (voire de rires si vous nêtes pas trop regardant) tout du long. Le minimum syndical en quelque sorte. Sans être totalement mauvais, « Détrompez-vous » peut cependant largement attendre un passage à la télé pour être vu.
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