La vie devant ses yeux
« On est peut-être comme la pluie qui sévapore et qui retourne dans lunivers »
Briar Hill, une paisible banlieue du Connecticut, fut autrefois bouleversée par un terrible drame : un étudiant perdit la raison et tua une quinzaine de ses camarades de classe...
Quinze ans plus tard, Diana semble avoir surmonté cette tragédie. Son mari Paul, qu'elle a connu au lycée, est devenu professeur de beaux-arts à l'université. Sa fille Emma n'en finit pas de grandir et semble avoir hérité du caractère marqué de sa mère. Diana a théoriquement tout pour être heureuse. Sa vie semble épanouie et seule l'ombre de la tragédie l'obsède encore.
En ce temps-là, elle était amie avec Maureen. Elles étaient ensemble lorsque le drame s'est produit, elles étaient sur place lorsque leur camarade est devenu fou. La tragédie avait fait la une des journaux. Pourtant, tout n'a pas été dit... Derrière cette affaire se cache un secret qui depuis ronge sa vie...
« Même si le cerveau a plus datomes que le ciel, le cur est le plus fort des muscles »
Réalisateur dorigine ukrainienne, Vadim Perelman signe avec « La vie devant ses yeux » son second film, cinq après avoir signé « House of sand and fog », drame porté par Ben Kingsley et Jennifer Connelly resté inédit sur nos écrans. « La vie devant ses yeux » est ladaptation du roman homonyme de la romancière américaine Laura Kasischke, publié en 2002. Un roman sans véritable linéarité dont ladaptation sur grand écran relevait du défi. Un échauffement avant de sattaquer à un défi encore plus dur pour le réalisateur, à savoir signer le remake du cultissime « Poltergeist », prévu pour 2009. A noter que « La vie devant ses yeux » a été présenté lors du Festival de Deauville 2008.
« - Je ne veux pas devenir une de ces femmes dures et enragées - Avec un cur comme le tien ça risque pas »
Le drame des fusillades sur les campus et autres carnages lycéens semble être devenu monnaie courante aux Etats-Unis. Symbole dune société métastasée que les drames successifs ne semblent pas convaincre quant à la nécessité de prendre des mesures contre les armes à feu. Pour autant le sujet, fortement traumatisant, inspire toujours autant les cinéastes (« Bowling for Columbine », « Elephant »). Cependant « La vie devant les yeux » se démarquait de ses prédécesseurs en optant pour un traitement de son récit beaucoup plus romancé et romanesque. Mais ce qui aurait pu ou du être une « bonne idée » retombe malheureusement aussi vite quun soufflet. La faute à un récit sombrant dans le pathos (foireuse opposition entre les deux adolescentes insouciantes et pleines de vie et le drame qui va survenir, image trop pleurnicharde de ce quaurait pu être la vie de lhéroïne sacrifiée), qui tue son film en jouant sur un switch final prévisible et mal exploité (dautres lont mieux utilisé avant lui, tels « The machinist » ou « Stay »), et un incessant et répétitif flash-back de la scène de crime. Mais plus que tout, on reprochera au réalisateur davoir parasiter son récit à grand coup de morale puritaine judéo-chrétienne, à limage de lhéroïne dévergondée, qui paye de sa vie une existence de pêchés (lâcheté, avortement), tandis que son amie pieuse qui trouve le courage de sopposer au tueur dans sa foi et sa pureté obtient la grâce. Le tout renforcé par une imagerie du plus mauvais goût (l'hémoragie après l'avortement, le collier de sang). Puant de moralisme, le film qui se permet même un final des plus explicatif na plus dautre intérêt que la bonne prestation de Evan Rachel Wood, seule satisfaction du film, et d'une ambiance dérangeante plutôt réussie. Cest bien peu.
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