Fantastic Mr. Fox
« Tu veux te fluter avec moi, espèce de fils de flute ? »
Madame et monsieur Renard mènent une vie de famille idyllique avec leur fils, Ash et leur jeune neveu Kristofferson, qui est en visite. Mais, après douze ans de vie familiale paisible, l'existence bucolique est trop pesante pour les instincts animaux de monsieur Renard. Très rapidement, il revient à son ancienne vie de voleur de poulets et, ce faisant, met en péril non seulement sa famille bien-aimée, mais aussi la communauté animale tout entière. Coincée sous la terre, sans assez de nourriture pour tout le monde, les animaux commencent à se rassembler pour lutter contre Boggis, Bunce et Bean, trois fermiers déterminés à saisir l'audace de monsieur Renard à tout prix.
« Ton père était le meilleur : cest pas une bonne idée de vouloir te comparer à lui »
Conteur hors pair, le talent de Roald Dahl, figure de la littérature enfantine contemporaine, naura pas échappé à Hollywood. Nombre de ses romans ayant fait lobjet dadaptations réussies et le bonheur de nombreux réalisateurs, de Tim Burton (« Charlie et la chocolaterie ») à Henry Selick (« James et la pêche géante ») en passant par Danny DeVito (« Matilda »). Sans oublier les « Gremlins », adapté dun scénario original de lauteur gallois. Au tour cette fois de Wes Anderson, cinéaste américain le plus arty de sa génération, dadapter sur grand écran un roman de Dahl. En loccurrence, il sagit de « Fantastique Maitre Renard », publié en 1970. Un film qui marque les débuts du metteur en scène dans le genre du film danimation, celui-ci étant réalisé entièrement en motion capture (comme avant lui « Les noces funèbres » de Tim Burton ou le récent « Coraline » de Henry Selick). A noter que « Fantastic Mr. Fox » a reçu deux nominations pour les Oscars 2010, dans les catégories meilleur film danimation et meilleure musique de film.
« Pourquoi je tai menti ? Parce que je suis un animal sauvage ! »
De film en film, de pérégrination en pérégrination, Wes Anderson fait montre de ce talent rare de savoir créer des univers à part, aussi colorés que décalés. Quil sagisse dune immersion au sein dune famille de génies neurasthéniques (« La famille Tenenbaum »), dune plongée dans les profondeurs des océans (« La vie aquatique ») ou dun voyage au fin fond de lInde (« A bord du Darjeeling Limited »), le réalisateur américain semble construire une filmographie dune rare cohérence, faite de parcours initiatiques et dinterrogations sur les notions de paternité et de transmission. A lévidence, le génie créatif dAnderson se devait de rencontrer tôt ou tard lunivers baroque et fantasque de Dahl. Et plus encore ce « Fantastic Mr. Fox », fable dans laquelle il est question de difficiles relations père/fils et daffirmation de sa nature propre et de ses différences. Des thèmes universels, qui trouvent ici une résonnance particulière et actuelle avec ce final aux accents mélancoliques et écolos (sadapter ou disparaitre sans garantie de pouvoir à lavenir assurer la subsistance des siens), qui nest pas sans rappeler certaines productions japonaises récentes (« Pompoko » notamment). Mais plus que tout, la réussite du film tient dans le soin apporté à la réalisation. Lunivers artificiel et artisanal de la motion capture semble être un terrain de jeu idéal pour la créativité dun orfèvre du détail de la trempe de Wes Anderson, qui se laisse même aller à citer quelques références (« West side story »). Décors, costumes, mouvements des personnages et des pelages, il se dégage une poésie à la fois élégamment désuète et en même temps très moderne de ce très enthousiasmant « Fantastic Mr. Fox ». Seul petit bémol, les voix un peu trop monocordes de la VF, en particulier celle dIsabelle Huppert. Après le beau succès de « La princesse et la grenouille », il semblerait donc que 2010 soit placée sous le signe de la renaissance de lanimation traditionnelle.
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