Freakonomics
Un grand merci à Cinetrafic et à Zylo qui, dans le cadre de l’opération « un dvd contre une critique », m’ont permis de visionner et de chroniquer le documentaire « Freakonomics ».
« En devinant les incitations, on devine les comportements des gens »
Le bakchich généralisé à l'école permet-il d'avoir de meilleures notes ? Le prénom choisi par vos parents forge-t-il votre destin ? Les lutteurs de sumo sont-ils véritablement au dessus de tous soupçons ? Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur l'économie, sans oser le demander, Freakonomics vous le révèle. Adaptation au cinéma du best-seller éponyme écrit par l'économiste hors norme Steven Levitt et le journaliste du New York Time Stephen Dubner, le film offre une approche inédite de l'économie, bousculant au passage les évidences et les idées reçues. Avec humour et originalité, les réalisateurs, dont Morgan Spurlock (Super Size Me) et Seth Gordon (Comment tuer son Boss ?) mettent en scène de manière ludique les lois de l’économie pour expliquer les comportements des individus en société. Mêlant culture populaire, théories sérieuses et vérités statistiques, Freakonomics pose des questions en apparence saugrenues et met en évidence des liens de cause à effet totalement inattendus. Transformant l'économie en un divertissement accessible à tous, Freakonomics révèle la face cachée de toutes choses.
« Si un enjeu est haut, on a une incitation à tricher. Certains n’hésitent pas »
Certaines rencontres font des étincelles. Stephen Debner, journaliste au New York Times, devait réaliser une seule interview de l’économiste Steven Levitt. Finalement, de leur complicité naîtra en 2005 « Freakonomics », un ouvrage de vulgarisation pour répondre aux grandes questions socio-économiques. Traduit en 35 langues et vendu à plus de quatre millions d’exemplaires à travers le monde, celui-ci deviendra un formidable best-seller. Au point d’être (en partie) adapté en film. A cette occasion, il a été décidé de confier chacun des quatre segments qui composent le film à des réalisateurs de documentaire réputés pour leur approche « anticonformiste » tels Morgan Spurlock (« Super size me »), Seth Gordon (qui réalisa « The King of kong » avant « Comment tuer son boss ? ») ou encore Rachel Grady et Heidi Ewing (« Jesus camp »).
« On rate 100% des opportunités qu’on ne saisit pas »
« Freakonomics », ça aurait pu être un peu « La socio-économie pour les nuls ». Ou comment briser les idées reçues en la matière de façon ludique et compréhensible par tous. A ce titre, le film, emprunt de légèreté et de références à la culture populaire, est plutôt sympathique et amusant. Reste qu’il demeure grandement inégal. Ainsi, si le long exposé sur la triche généralisée dans le monde du sumo ou la réflexion sur la baisse de la criminalité liée à la légalisation de l’avortement se font passionnants, les segments consacrés à l’influence du choix du prénom sur le destin d’un enfant et à la motivation par l’argent au lycée sont beaucoup moins probants. Reste que d’une manière générale, les démonstrations des auteurs aboutissent à des constats un peu trop évidents (les hommes sont cupides, sont prêts à tricher pour gagner plus, l’argent dirige le monde). Et qu’on a parfois l’impression qu’ils se contentent d’enfoncer des portes ouvertes. Surtout, on se dit que de nombreuses questions auraient mérité d’être traitées et que le format du film – trop court – demeure un peu frustrant. Sans doute une chronique télévisée régulière aurait été plus adaptée à ce genre d’exercice. Toutefois, en dépit de ses imperfections, « Freakonomics » demeure un documentaire très intéressant et tout à fait recommandable.
Commenter cet article