Géant
« Au Texas, quand quelquun a plus de terres quun autre, cest quil les a volées »
Liz, une jeune femme du Maryland se marie avec un jeune et très riche propriétaire texan, Bick Benedict. Le film narre l'histoire de leur famille sur près de 40 ans en insistant sur la discrimination dont font preuve dans cet Etat les Mexicains et en racontant l'émergence de l'économie du pétrole face à celle des grands ranchs. De même que sur la rivalité naissante entre Bick et Jett Rink, son ancien métayer, qui fera fortune grâce au pétrole quil découvrira sur une parcelle de la propriété des Benedict dont il hérite.
« Prenez le temps de le visiter : le Texas restera toujours le même »
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Réalisateur prolifique, Georges Stevens avait jusquici officié sous contrat à la MGM, pour laquelle il a signé nombre de succès (« La chanson du passé », « Lhomme des vallées perdues », ou encore « Une place au soleil », déjà avec Elizabeth Taylor, qui lui valu son premier Oscar en tant que réalisateur). Tout juste libéré de son long contrat, il se lance dans un chantier pharaonique, ladaptation de « Géant », le roman dEdna Ferber. Film de légende, « Géant » marquera son temps par son budget colossal de 5,4 millions de dollars (soit le film le plus cher jamais produit jusqualors par la Warner et qui sera détrôné plus de quinze ans plus tard par « Superman ») et par son succès public (plus de 35 millions de dollars de recettes). Le décès tragique quelques jours à peine après la fin du tournage du jeune James Dean, dont sest ici la troisième et dernière apparition au cinéma, achèvera de faire entrer le film dans la légende. A noter que son personnage sinspire directement de Glen McCarthy, connu outre-Atlantique comme étant lun des plus grands magnats du pétrole de laprès-guerre. « Géant », qui inspira largement la série télévisée « Dallas », reçut 10 nominations aux Oscars de 1957, dont celles de meilleur acteur pour Rock Hudson et pour James Dean (à titre posthume), mais ne repartira quavec la statuette du meilleur réalisateur pour Georges Stevens, qui obtiendra là donc la seconde statuette de sa carrière.
« Elle a drôlement tourné la chance pour certaines personnes »
« Géant ». Rarement un film aura aussi bien porté son nom. Dune part parce quil est représentatif, sur la forme, de la démesure de lâge dor hollywoodien durant lequel les studios ne reculaient pas à produire des films fleuves longs de trois heures, avec des castings en béton armé, des décors fastueux et des moyens pharaoniques. Dautre part, parce que le film sétend sur trois générations pour raconter lHistoire moderne du Texas. Ou comment cet état hors normes (le plus gros, le plus riche en ressources naturelles) a muté économiquement et politiquement, le pouvoir et la richesse passant progressivement des mains dune aristocratie déleveurs aux mains dune aristocratie pétrolière. Sans pour autant que cela ne change rien à la culture ni aux mentalités de cet état bien spécifique, où racisme, sexisme et puritanisme sont toujours des valeurs incontournables. Lair de rien, cest un peu lHistoire des Etats-Unis qui nous est ici contée, à travers cette transition entre règne des cow-boys et règne des industriels. Dautant que par la suite le Texas aura beaucoup influé sur la fédération américaine, faisant (la dynastie Bush, Lyndon Johnson) et défaisant (Kennedy) les présidents au gré de ses intérêts.
« Faisons les choses en grand : montrons leur qui sont les maîtres dans ce pays »
Tout le talent de Georges Stevens est de savoir raconter cette (r)évolution si importante au travers dun récit purement romanesque, sur un mode saga comme létant en son temps « Autant en emporte le vent ». Lopposition des anciens et des modernes étant représentée par la confrontation entre le riche héritier dune dynastie déleveurs et son ancien métayer qui fera fortune tout seul en découvrant du pétrole. Une lutte des classes qui prendra des tournures de mise a mort, le jeune pétrolier cherchant à humilier et à prendre sa revanche sociale sur léleveur (en rachetant ses terres) sans obtenir de ce dernier le respect tant recherché. Et comme si le duel nétait pas assez complexe, les deux hommes se retrouvent condamnés à aimer la même femme, bourgeoise nordiste aux idées progressistes. Un trio amoureux intenable, qui rappelle que largent ne peut pas tout acheter. A commencer par le bonheur. Car les temps passent et les choses restent immuables. Malgré sa colossale fortune, le pétrolier demeure un homme seul à crever, alcoolique, désabusé, inconsolable de navoir jamais obtenu lamour de celle quil a toujours aimé. A linverse, son rival restera le dernier tenant dune époque révolu, son fils refusant de reprendre la tête du ranch familial et épousera une mexicaine. Malgré quelques longueurs et quelques effets un peu cheap (les maquillages censés vieillir les trois héros), le film restera dans la légende pour avoir révéler trois stars : Rock Hudson, une Elizabeth Taylor au top de sa sensualité et un James Dean à fleur de peau, incarnant à jamais limage de la rébellion (allongé dans la décapotable le stetson vissé sur le nez), révélant un talent dingue lors dune dernière scène digne de « Citizen Kane ». Il décèdera tragiquement quelques jours plus tard
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