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18 May

Le grand alibi

Publié par platinoch  - Catégories :  #Films noirs-Policiers-Thrillers

« C’est dangereux, une balle est si vite partie »

Le temps d’un week-end, le sénateur Henri Pages et son épouse réunissent famille et amis proche dans leur luxueuse villa. On retrouve là entre autres les deux filles du couple, leur neveu - un écrivain mondain et alcoolique - ainsi que le grand psychiatre Pierre Collier venu avec sa femme, malgré la présence de sa maîtresse, Esther. Bien que personne ne soit dupe, chacun joue hypocritement le jeu pour préserver les apparences. Jusqu’à ce qu’on retrouve Pierre assassiné par balle dans la piscine de la villa. Dès lors, les langues se délient progressivement. Non content d’avoir été l’amant d’Esther, Pierre trainait un passif de séducteur et d’homme à femmes, et son passé tumultueux cachait des aventures avec la plupart des femmes réunies ce fameux week-end. Dès lors, qui a bien pu assassiner Pierre ? Son épouse bafouée ?  Sa maîtresse possessive ? une ancienne maîtresse jalouse ? Un rival désespéré ? Une affaire étrange et complexe que devra résoudre le commissaire Grange…

« L’homme ne grandit pas, ne porte pas d’enfant, et joue avec des armes »

Film de commande, « Le grand alibi » est l’adaptation cinématographique du roman d’Agatha Christie « Le vallon », publié en 1946. Si le roman était avant tout une aventure de l’enquêteur Hercule Poirot, le réalisateur a décidé en réécrivant le scénario de supprimer le personnage, afin de simplifier la transposition de l’histoire dans la France d’aujourd’hui. Un acte d’autant plus justifiable que la romancière en avait fait de même lorsqu’elle décida d’adapter son roman en pièce de théâtre. Si la romancière anglaise a déjà connu les honneurs d’être adaptée de nombreuses fois sur grand écran (« Témoin à charge » de Wilder en 1957, « Le crime de l’Orient express » de Lumet en 1974), son œuvre quelque peu désuète ne semblait plus guère passionner les réalisateurs. Finalement, c’est en France que les romans d’Agatha Christie ont pu renouer avec le grand écran. Fort du succès de l’adaptation des aventures de Rouletabille par Podalydès (« Le mystère de la chambre jaune » et « Le parfum de la dame en noir »), c’est sous la houlette de Pascal Thomas que l’œuvre de la célèbre romancière retrouvera le chemin des salles obscures, avec « Mon petit doigt m’a dit » (2005) et « L’heure zéro » (2007), en attendant, toujours du même réalisateur, « Le crime est notre affaire », prévu pour octobre. Cette adaptation est signé du réalisateur Pascal Bonitzer (« Rien sur Robert » en 1999, « Je pense à vous » en 2006), pour qui il s’agit du premier film de commande. A noter qu’André Dussolier, Nicole Garcia, ou encore Marina Foïs ont longtemps été pressentis pour faire parties du casting.

« - Tu n’as pas changé en dix ans

   - Non, je suis toujours le même salaud hypocrite »

L’adaptation de l’œuvre – désormais désuète – d’Agatha Christie a beau être très en vogue dans le cinéma français du moment, elle a tout du vrai pari casse-gueule. Il faut dire qu’à l’heure des polars américains et asiatiques à l’efficacité et à la modernité redoutables, l’intrigue façon « Colonel Moutarde dans la cuisine avec le chandelier » n’a à priori rien pour interpeller ni passionner les foules. Car là encore, le dénouement n’est ni surprenant, ni extraordinaire. Mais la grande force du film de Bonitzer, c’est d’avoir réussi à reléguer l’enquête à proprement parler au second plan, s’intéressant pour l’essentiel à l’étude de ses personnages, à la contradictions de leur apparence et de leurs actes, ainsi qu’à leur relation entre eux. Bourgeois trop lisses en apparence – les anciens amants et les nouveaux conjoints continuent de se fréquenter et de se recevoir tout en cultivant secrètement des rancœurs tenaces – Bonitzer se livre à une jouissive satire sociale qui n’a rien à envier aux films de Chabrol de la grande époque. C’est là que le film trouve tout son intérêt, sur ces montagnes de faux-semblants et d’hypocrisie.

« Jusque là mes week-ends se passaient admirablement bien. Du moins, sans aucun meurtre. »

 

Devant la foultitude de personnages, on est d’abord impressionné par le casting. Cependant, celui-ci s’avère finalement assez inégal. Si le toujours génial Lambert Wilson se révèle une nouvelle fois excellent dans ce rôle de séducteur racé, glacial et salaud, les vraies révélations du film sont ailleurs, dans les rôles qui pouvaient apparaître au départ comme secondaires. Ainsi, Matthieu Demy, qui hérite finalement du vrai premier rôle, est la révélation du film. Toujours juste, portant en lui une part de dérision et de cynisme qui ne trouve d’égale que sa mélancolie, il crève littéralement l’écran en héros faillible. A ses côtés, la jeune Céline Salette se montre toute aussi touchante et convaincante. Enfin, dans un rôle difficile et ingrat, la fragile Anne Consigny confirme tout le bien qu’on pensait d’elle. A l’inverse, les autres comédiens du casting déçoivent quelque peu. Pierre Arditi et Miou-Miou se montrent ainsi un poil trop lisses en héritiers dépassés du cinéma de papa et se laissent voler la vedette. Valeria Bruni-Tedeschi est un peu décevante également car toujours enfermée dans le même registre de la femme séductrice, discrète et peu sûre d’elle. Enfin, les deux grosses déceptions sont de loin Agathe Bonitzer, la fille du réalisateur, dont le rôle ne sert pas à grand chose si ce n’est à mettre en avant sa propre fille. Dans le même genre, le manque de subtilité du jeu de l’italienne Caterina Murino, toujours dans l’excès et le faux, est particulièrement frappant et agaçant. S’il n’arrive pas forcément à se sortir des stéréotypes tels que les décors au luxe cosy, Bonitzer impose cependant une réalisation léchée à ce film, la grande force de sa mise en scène résidant  dans le rythme de sa narration, qui colle parfaitement aux œuvres de la romancière. En sortant un peu du cadre strict de la simple enquête policière surannée, Bonitzer tente un pari gagnant, son film demeurant dès lors comme une bonne surprise. Pas forcément indispensable, mais divertissant et réussi.  

  



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B
Non, le village dans le fond est mignon... Sincèrement, ce film est une vraie daube. Long, lent, sans surprise et aucun intérête. Les acteurs eux même s'emmerdent, et nous avec ! Dommage pour le plateau de vedettes, mais la réalisation est minable, la direction d'acteur est tremblante et les stéréotypques ne font que ce succéder.
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