The housemaid
« Comment a-t-il pu faire cela avec la minable qui lave mes culottes ? »
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Séoul, Corée du Sud. Euny, une jeune coréenne, vit humblement avec sa meilleure amie de son travail de serveuse. Un beau jour, elle est engagée comme aide-gouvernante dans une riche maison bourgeoise. Alors que son épouse est enceinte, son patron, Hoon, la prend pour maîtresse. Et tandis quEuny y voit candidement la possibilité dy gagner une respectabilité, la vie de toute la maison va alors basculer.
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« Ils nont pas de pitié, cest sûrement pour cela quils sont si puissants »
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Icône du renouveau du cinéma coréen, Im Sang-Soo s'était jusqu'ici illustré par ses chroniques sociales acides (« Une femme coréenne ») ainsi que par ses fresques politiques (« The président last bang » ou encore le sublime « le vieux jardin »). Un cinéaste plutôt engagé, donc, qu'il était étonnant de retrouver aux manettes d'un pur film de commande. Quand bien même celui-ci - un remake du film homonyme de Ki-Young Kim (1960) considéré au pays du matin calme comme un classique intouchable du patrimoine cinématographique local - ressemblait à un défi insurmontable. Pour preuve, l'émoi suscité par le rejet par Sang-Soo d'un premier scénario écrit par un scénariste local très en vu pour mieux le réécrire lui-même, et qui lui valut les foudres de l'intelligentsia locale.
« Il nest pas gentil avec moi ce putain de monde »
On pouvait donc légitimement attendre de cet « Housemaid » qu'il soit politiquement incorrect, provocateur, voire même subversif. Et ce d'autant plus que le réalisateur proposait une relecture dépoussiérée du film original, en y introduisant des thématiques fortes et sensibles, telles que le rapport de classes ou les violences faites aux femmes. La déception nen est que plus grande. Car force est de constater que « The housemaid » ne tient pas ses promesses et demeure avant tout un film extraordinairement fade. En effet, malgré ses talents de metteur en scène et notamment sa belle réalisation stylée et glaciale qui impose au film un climat très austère, le récit, chabrolien en diable, senlise dans des considérations sur la bourgeoisie et sur les rapports dominants/dominés particulièrement clichés. A limage du personnage de Hoon qui se croit tout permis, droit de cuissage y compris, car puissant de naissance, ou celui de sa belle-mère, parfaite courtisane à la cruauté sans bornes. Surtout, tout en multipliant platement les figures imposées (les scènes de sexe à lérotisme un peu too much), le réalisateur ne parvient jamais à insuffler à son récit le cynisme et la violence qui en auraient fait une uvre forte et provocatrice. Tout juste accouche-t-il dune morale trop simpliste (largent ne fait pas le bonheur). Et quand il se décide enfin à laisser exploser la violence latente qui planait sur le film depuis le début, celle-ci est déployée avec tant de grandiloquence quelle en devient plus grotesque quautre chose. Un film totalement raté donc, et une grosse déception pour ce réalisateur au parcours jusqu'ici irréprochable.
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