Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal
« - Vous navez pas idée du nombre de médailles que ce salopard à décrocher pendant quil servait le pays
- Plein à nen pas douter. Mais les a-t-il seulement méritées ? »
1957. Quelque part dans le désert du Nouveau-Mexique. Sous couvert duniformes américains, un groupe de soldats soviétiques attaquent une base secrète de larmée américaine. Leur but ? Mettre la main sur lun des mystérieux objets accumulés dans les hangars tenus secrets de larmée. Ayant kidnappé Indiana Jones afin quil soit obligé de les aider, les soviétiques finissent par mettre la main sur la dépouille mystérieuse de ce qui sapparente à un extra-terrestre. Parvenant à séchapper, Indiana Jones fait cependant lobjet de suspicion de la part du gouvernement américain. Suspicions qui lobligent à quitter son université. Pris en chasse par de drôles dagents doubles lors de sa fuite, Indiana ne doit son salut quà lintervention du jeune Mutt, qui était à sa recherche. Fils de lancienne conquête de laventurier, Marion, ce dernier cherche une personne capable de lépauler pour porter secours à sa mère et au vieux professeur Oxley, tous deux faits prisonniers en Amérique du Sud alors quils étaient sur la trace du mythique crâne de cristal dAkator, relique des époques ancestrales Maya, et devant permettre de retrouver la légendaire cité dor
« Il semble que nous ayons atteint lâge où la vie cesse de nous donner des choses et nous les reprend peu à peu »
On lavait laissé quelque part en Jordanie à la fin des années 30 dans « Indiana Jones et la dernière croisade » (1989). Il aura fallu pas moins de 19 ans pour assister aux nouvelles aventures de larchéologue aventurier le plus connu et le plus populaire du cinéma. Il faut dire que le retour aura été mouvementé et longtemps retardé, notamment en raison de la motivation de léquipe, un temps réticente à lidée de relancer la franchise, mais surtout du scénario, qui aura connu de nombreuses réécritures avant de convaincre à la fois Spielberg, Lucas, et Ford. Pour aller de pair avec le vieillissement dHarrison Ford, laction se situe cette fois en pleine guerre froide des années 50. Longtemps annoncés au casting, Sean Connery et John Ryes-Davies ne seront finalement pas de laventure (le premier a refusé de sortir de sa retraite, le second na pas été relancé par Spielberg). Si au commencement (« Les aventuriers de larche perdue » - 1981), George Lucas ambitionnait de faire cinq films autour des aventures dIndiana Jones, ce quatrième film pourrait ne pas être le dernier, Lucas parlant ouvertement de son envie de poursuivre laventure tandis que Harrison Ford a pour sa part donné son accord pour un cinquième opus. « Indiana Jones et le royaume du crane de cristal » a été présenté en première mondiale lors du Festival de Cannes 2008 hors compétition.
« - Ma mère ma dit que vous êtes une sorte de pilleur de tombes
- Non, je suis professeur darchéologie »
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Près de vingt ans quon attendait le retour de notre aventurier préféré. Forcément, lexigence et lexcitation étaient à leur comble. Et très vite on rentre dans le bain et on retrouve lambiance qui avait fait le succès des précédents opus : louverture traditionnelle sur un plan de montagne (ici un terrier de taupe !), lhumour décalé et faussement sérieux, une partie des personnages secondaires, et les décors « archéologiques » en carton pâte qui font toujours autant rêvé. Pourtant est-ce à cause de la trop longue attente ou véritablement un problème de scénario ? on ressort du film un peu déçu. Comme si le soufflé était retombé trop vite. En fait, le vrai reproche quon peut faire à ce film vient du scénario : les références ne manquent pas, tant aux anciens personnages de la saga (le père dIndy, Marcus Brody) quaux films de Spielberg (E.T., Intelligence Artificielle, Rencontre du troisième type) et à ceux de son scénariste et producteur George Lucas (la scène du conseil des extra-terrestres ressemble en tous points au conseil Jedi de Star Wars), les private jokes relatives à la saga non plus (sur la phobie des serpents dIndy, lapparition de larche dalliance au début du film, etc ), mais on a le sentiment que tous ces éléments, bien quattendus, prennent trop le pas sur un scénario franchement alambiqué et paresseux. Et pour cause : là où Indiana Jones jouait à fond la carte de laction et de laventure en trouvant des indices rationnels expliquant la grande énigme historico-archéologique au centre de chacun des films, ce nouvel opus change franchement de ton. Le professeur Jones a pris le dessus sur laventurier Indy et passe les deux tiers du film à faire linitiation de celui qui est en fait son fils (oh surprise ! Comme si on ne sen doutait pas dentrée !), la reconstitution historique prend trop de place au détriment de laction (Shia LaBoeuf apparaît de manière trop criante en « sosie » de Brando façon « Léquipée sauvage », références intéressantes à la guerre froide et au Maccarthysme) et les indices nexpliquent pas grand chose de lénigme final (Comment les extra-terrestres sont-ils arrivés ? pourquoi se sont-ils installés sur Terre ? Comment les Conquistador ont-ils pu récupéré un crane de cristal alors que le conseil des extra-terrestres était inapprochable ? Comment lhomme de Roswell a-t-il pu être capturé au Nouveau-Mexique alors que le Conseil extra-terrestre était établi de manière plus ancienne en Amazonie ? Quid de la Cité dor ?). Comme si les indices sur le périlleux chemin de laventurier semblaient tomber tels des cheveux sur la soupe, laissant le spectateur avec une foule de questions.
« Je connais un Professeur Jones qui là-haut doit bien se marrer ! »
Des considérations un peu cartésiennes qui ne doivent pas occulter cependant la qualité du divertissement que nous propose Spielberg. Car oui, on retrouve ici la légèreté de ton qui était de mise dans les précédents épisodes, de même que lhumour propre à la saga. En outre, le film doit beaucoup à la qualité de la mise en scène dun Spielberg, toujours aussi inspiré lorsquil sagit de faire du bon cinéma de divertissement populaire. Comme le prouvent les deux grandes scènes daction du film (une course poursuite à moto dans les rues de la ville, et une course poursuite en véhicules de guerre agrémentés dimpressionnants combats en pleine jungle), remarquables de réussite. On pourra toujours chipoter sur quelques détails (le coup de Mutt qui vole de lianes en lianes avec les singes, celui des taupes qui regardent toujours bizarrement nos héros, ou celui du professeur un peu foldingue) qui laissent un léger arrière-goût de déception, comme nous lavait également laissé JarJar Bings dans le retour de « Star Wars ». Sur le plan visuel, on notera que Spielberg sest refusé à utiliser tout procédé numérique, tournant son film « à lancienne ». On retrouve ainsi avec joie la merveilleuse photographie, aux tons chaleureusement désuets, qui était déjà de mise dans les précédents opus. De même, on reconnaîtra à Spielberg quil na pas son pareil pour mettre en image des décors grandioses et fantasmagoriques, à limage de ces merveilleuses cascades amazoniennes. Reste les comédiens. Si Harrisson Ford semble retrouver un rôle à la hauteur de son talent, et sil a assuré lui-même la majeure partie des cascades, il apparaît malgré tout légèrement décati, et lon regrette quil ai fallu près de vingt ans pour que ce nouvel épisode voit le jour. Autour de lui, les autres acteurs sont globalement bons, de la toujours parfaite Cate Blanchett (qui réalise lexploit de briller même dans un rôle archi caricatural) à la revenante Karen Allen, en passant par le jeune Shia LeBoeuf qui réussit également à ne pas être trop agaçant. Honnête et agréable divertissement, ce nouvel (et dernier ?) opus de la saga « Indiana Jones » déçoit cependant quelque peu. Sil est bien évidemment toujours au-dessus des ersatz du genre qui pullulent sur nos écrans (« Lamour de lor », « Sahara », « La momie », « Benjamin Gates »), il narrive cependant pas à égaler les anciens épisodes, et plus particulièrement le troisième (« La dernière croisade » à mon sens le plus abouti). Si les héros demeurent immortels, cet Indy là semble quand même avoir un peu vieilli. Un film attendu qui reste un agréable divertissement, mais qui pose quand même la question de savoir sil était nécessaire de le faire
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