Invictus
« Le passé cest le passé. Nous regardons vers lavenir. »
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En 1994, l'élection de Nelson Mandela consacre la fin de l'Apartheid, mais l'Afrique du Sud reste une nation profondément divisée sur le plan racial et économique.
Pour unifier le pays et donner à chaque citoyen un motif de fierté, Mandela mise sur le sport, et fait cause commune avec le capitaine de la modeste équipe de rugby sud-africaine. Leur pari : se présenter au Championnat du Monde 1995...
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« Le pardon libère lâme. Il la délivre de ses peurs. »
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Avec une moyenne dun film par an, le vieux Clint Eastwood prouve quil na rien perdu de son inspiration et de son envie de faire du cinéma. Surtout, au fil de ses films, celui-ci fait montre dun humanisme insoupçonné, à lopposée de licône virile, machiste et conservatrice quil fut dans les années 70 et 80. Quil sagisse de replacer lhomme et ses souffrances au cur de labsurdité de la guerre (son diptyque sur la bataille dIwo Jima), de faire preuve de compassion en ayant recours à leuthanasie (« Million Dollar Baby ») ou dappeler à la tolérance et brocardant racisme et communautarisme (« Gran Torino »), Eastwood dégage en vieillissant une sérénité absolue, comme sil avait exorcisé ses vieux démons. Il signe avec « Invictus », son trentième long métrage, un improbable et inattendu portrait de Nelson Mandela, uvrant à la réconciliation de son pays par le biais de la coupe du monde de rugby 1995. Son premier biopic sinspire dun livre de John Carlin (« Playing the ennemy : Nelson Mandela and the game that made a nation »), relatant la relation entre Mandela et le capitaine des futurs champions du monde de rugby sud-africains, François Pienaar.
« Merci aux dieux, quels quils soient, pour mon âme indomptable. Je suis le maitre de mon destin. Je suis le capitaine de mon âme. »
La politique est faite de symboles. Le stratège politique Nelson Mandela, alors tout juste élu premier président noir de lAfrique du Sud post-apartheid, en sait quelque chose. Car en dépit des évènements, les mentalités restent souvent difficiles à changer. Pas facile en effet doublier des décennies de haines, de rancurs, de racisme, dinjustices et de violences qui ont opposé et déchiré les populations blanches et noires. Par soucis de cohésion sociale, il lui fallait donc à tout prix trouver un évènement fédérateur qui puisse susciter la naissance dun sentiment dunité nationale. Ce sera la coupe du monde de rugby, organisée en 1995 par les sud-africains. Le pari était risqué, le rugby (sport des « colons » anglais et très largement universitaire) étant considéré par les populations noires comme le sport des blancs. La première partie du film de Eastwood, concernant la prise de fonctions de Mandela et le détournement de l'évènement sportif à des fins politiques savère ainsi des plus intéressante, dautant quelle est ponctuée danecdotes et de saynètes plutôt cocasses (la rivalité des gardes du corps noirs et blancs notamment). Et puis peu à peu, le film délaisse Mandela au profit de la compétition elle-même. Et si on doit reconnaître quEastwood filme plutôt bien les matches en plaçant sa caméra au cur de la mêlée (encore quil abuse jusquà lécurement des ralentis pour la finale !), son film sembourbe cependant assez vite dans un torrent de poncifs et de bons sentiments frôlant bien souvent le ridicule. A limage de cet enfant noir porté sur les épaules dun policier blanc pour fêter la victoire des sud-africains. Ou de celle des joueurs de léquipe nationale, tous blancs et racistes, fraternisant lors dune séance dentraînement avec les enfants dun township. Grotesques, ces images le sont véritablement. Car à ce jour, le racisme et les tensions entre blancs et noirs existent toujours. Les inégalités persistent également. Sans vouloir juger les intentions du réalisateur, sa fable (très) naïve et trop simpliste vire donc malgré elle dans une forme de malhonnêteté intellectuelle. Après une décennie sans fausse note marquée par lenchainement des succès, Clint Eastwood ne parvient pas ici à transformer lessai. Dommage, car le sujet était ambitieux et potentiellement passionnant.
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