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28 Oct

J'irai dormir à Hollywood

Publié par platinoch  - Catégories :  #Documentaires

« Quand rien n’est prévu, tout est possible »

Il s'appelle Antoine de Maximy et a décidé de conquérir les Etats-Unis : ses routes à pertes de vue, ses paysages grandioses, ses mythes en cinémascope, ses villes immenses, ses communautés, ses stars hollywoodiennes, ses anonymes...
D'Est en Ouest, notre voyageur filmeur prend la route. A pied, en stop, en taxi, en bus, à vélo et même... en corbillard ! New York, Miami, Nouvelle-Orléans, Las Vegas... En ligne de mire : Hollywood, où il espère se faire inviter chez une star pour la nuit !
Au hasard du chemin, il va croiser des hommes et des femmes, chacun révèlera sans fausse pudeur, une part de lui-même. Tous ces portraits dessinent un visage aussi touchant que surprenant des Etats-Unis.
Le premier film de cinéma réalisé, filmé et interprété par une seule et unique personne !

« Des gens sympas il y en a partout. Il suffit de les trouver »

Féru de cinéma et de voyages, Antoine de Maximy nous propose depuis 2004 les carnets de ses aventures loufoques aux quatre coins du monde dans l’émission au format court (52 minutes par épisodes) « J’irai dormir chez vous », diffusée par Canal+. Seul aux commandes, équipé de son drôle de matériel (trois caméras et deux micros attachés à son corps !), de Maximy part ainsi à la rencontre des gens avec son ton profondément décalé et loufoque. Pour l’occasion de l’adaptation de son émission fétiche en format long, Antoine de Maximy est donc parti seul, sans équipe de tournage, sillonner les Etats-Unis d’est en ouest durant trois mois, avec l’objectif affiché de se faire inviter à dormir par une star hollywoodienne. Un drôle de voyage condensé en une centaine de minutes. Une gageur quand on sait que le documentariste a ramené plus de 300 heures de film !

« La pauvreté devrait pas exister dans ce pays, qui est à ce qu’on dit le plus riche du monde »

Pays de l’image par excellence, avec notamment l’usine à rêves hollywoodiennes qui inondent le monde de ses productions aseptisées ventant le modèle de l’American way of life, les Etats-Unis semblaient être le terrain de jeu parfait pour notre aventurier Antoine de Maximy. Et ce d’autant plus que le 11 Septembre et la campagne anti-française développée en réponse au refus de la France de suivre les Etats-Unis en Irak étant passés par là, le parcours de notre héros s’annonçait beaucoup plus mouvementé et difficile que prévu. Si on est tout d’abord surpris par ce format  à mi-chemin entre documentaire et téléréalité (il y a un peu de la « Carte au Trésor » dans cette manière de se filmer en action avec des caméras vissées au corps), ce « J’irai dormir à Hollywood », road movie motivé par l’envie d’aller à la rencontre des quidams, fait immanquablement penser au film « Borat ». A ceci près que le faux reportage kazakh était extrêmement scénarisé et autant corrosif que politiquement correct, alors que le film de de Maximy semble clairement plus intuitif et spontané. Il n’empêche, avec son accent à couper à couteau et la « naïveté » avec laquelle il aborde les gens, le documentariste a tout du parfait « Candide » chez les cow-boys. Une attitude à priori toujours avenante qui lui permet de rencontrer tout un tas de personnes très diverses, qu’elles soient accueillantes (les cajuns) ou pas (les amish), excentriques (les vieux contorsionnistes), menaçantes (les blacks du ghetto de la Nouvelle-Orléans), racistes (l’engueulade dans le bus, le type bourré à la Nouvelle-Orléans), ou marginales ( les Navajos, le type assez flippant dans le désert). Tous à leur manière représentent une facette de l’Amérique, pays de toutes les richesses, de toutes les grandeurs, de tous les excès. Tous représentent surtout une facette de la misère et de la précarité qui pullule à l’ombre de l’opulence de Wall Street, du show-biz strass et paillètes, et  de l’American way of life. Car au final, derrière son côté gentil et fantaisiste, le documentaire de de Maximy dresse un portrait peu reluisant et assez violent de l’Amérique, société particulièrement cruelle (le type qui se retrouve sdf du jour au lendemain, le type paumé dans le désert) et raciste (les indiens qu’on maintient dans la plus grande misère et la plus grande marginalité, les blacks ghettoïsés de La Nouvelle-Orléans), phénomènes probablement accentués avec le traumatisme post 11/09 et la paranoïa allant de pair (le type qui tient le discours islamophobe). Si ce portrait au vitriol s’avère assez prenant, on pourra néanmoins s’interroger sur la pertinence de l’ensemble, car au final de Maximy pointe dans les grandes lignes des choses que nous savions déjà (inégalités, racisme). Un sentiment de perplexité renforcé par la personnalité du documentariste « héros » de ce film, dont le culot et le côté toujours un peu « bienheureux » finissent pas agacer. Bilan mitigé donc pour ce « J’irai dormir à Hollywood », parcours initiatique sympathique, documentaire plus corrosif qu’il n’y paraît, mais à la démonstration un peu (trop ?) facile. Sympathique mais pas indispensable.

  



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B
Oui, il y a ce côté Delarue qui cherche à forcer les sentiments, la larmichouille, notemment avec cette cajun qui raconte avoir perdu ses jumeaux morts à 17 ans, ou ce "sdf" ayant tout perdu de lui même et qu'on arrive mal à plaindre tant le récit est forcé. Aurait pu être bien mais est juste très moyen. La cause à de Maximy lui-même qui en fait trop, qui est extrêment agaçant et nous empêche de nous immerger dans son univers. Un constat quand même : ça donne pas envie d'aller vivre aux states.
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