Jack et Julie
« Ta transpiration te suit comme ton ombre : prend un bain, fais-toi belle et brûle les draps ! »
L’existence de Jack frise la perfection. Sa vie serait idéale s’il n’y avait pas sa sœur, Julie. Chaque année, son envahissante jumelle débarque pour Thanksgiving et lui pourrit la vie. Cette fois, la panique est d’autant plus grande qu’elle prolonge son séjour et s’installe pour un mois.
Entre guerre des tranchées et chamailleries, le quotidien des jumeaux est explosif. Lorsqu’il devient évident que Julie ne compte pas repartir, Jack décide d’échafauder les plans les plus délirants pour la renvoyer à l’autre bout du pays. Et quand on dit qu’il est prêt à tout, il faut s’attendre au pire…
« Nous partagions le même utérus : nous étions vagin de pallier ! »
Même s’il a toujours peiné à exporter son humour et ses films au-delà des USA, Adam Sandler n’en demeure pas moins là-bas une superstar. Comique favori des américains, il est l’un des poids lourd du box-office local où ses films dépassent régulièrement les 100 millions de dollars de recettes. Il fut un temps pas si lointain où des réalisateurs de renom voyaient même en lui un interprète de génie, n’hésitant pas à lui confier des rôles plus dramatiques et denses, à l’image de P.T. Anderson et son excellent « Punch-drunk love » ou de Judd Apatow et son « Funny people ». Mais à l’évidence, aussi talentueux soit-il, Sandler n’aime pas prendre des risques. Au contraire, il semble préférer la facilité des comédies faciles et interchangeables, qui lui assurent de confortables rentes sans trop faire d’efforts. Ainsi, ces dernières années, hormis une incartade chez son vieux pote Apatow, il n’aura exclusivement travaillé qu’avec Dennis Dugan. Résultat ? Cinq films en cinq ans, allant du potable « Rien que pour vos cheveux » aux très mauvais « Le mytho » et « Copains pour toujours ». Et ils nous reviennent avec « Jack et Julie ». Pour le meilleur et pour le rire. Ou pour le pire ?
« Tout ce que veut faire Al Pacino, c’est jouer au docteur avec ta sœur »
Le seul intérêt de ce « Jack et Julie » résidait dans la double performance d’Adam Sandler qui devait jouer simultanément un jumeau et sa jumelle. Grand classique de la comédie, le travestissement en femme est très prisé à Hollywood (« Certains l’aiment chaud », « Tootsie », « Mrs Doubtfire », « Big mamma ») et à souvent valu les honneurs à leurs interprètes. Malheureusement, le numéro de Sandler est ici franchement grotesque. Son maquillage excessif comme sa vulgarité crasse rendent le Sandler au féminin à l’image de son film : mal dégrossi et pas drôle. Il faut dire que son scénario, même squelettique, nous renvoie l’image d’une Amérique profonde à la fois beauf, raciste (les mexicains et plus encore la grand-mère mexicaine passent pour des arriérés, les indiens et les SDF aussi), conservatrice (la famille, c’est sacré) et profondément détestable dont Sandler se fait le porte-parole. Le tout, bien entendu, enrobé d’un humour très gras (essentiellement à base de flatulences, même l’oiseau de compagnie s’appelle « Prouty », c’est dire le niveau) et particulièrement lourdingue, qui permet à ce « Jack et Julie » d’atteindre des sommets de nullité. Si Katie Holmes succède à Jennifer Aniston et Nicole Kidman dans le rôle de la potiche inutile (et interchangeable) de service, on se demande en revanche ce que vient faire ici un acteur de la trempe de Al Pacino. L’acteur culte du « Parrain » et de « Serpico », accompagné un court instant de Johnny Depp, cabotine ici de la pire des manières – c'est-à-dire comme une vieille pute – au point de se rendre ridicule et détestable. Quant à Gad Elmaleh, il poursuit sa carrière américaine au rythme d’une apparition muette de deux minutes par film. « Jack et Julie » aura au moins un mérite : même à raison de deux pour le prix d’un, Sandler ne parvient jamais à être drôle. Navrant.
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