Joyeuses funérailles
« Ils se sont trompés et ont apporté un autre cercueil que celui de Papa. Heureusement que jai vérifié sinon on enterrait un inconnu »
Royaume-Uni. A loccasion de lenterrement du patriarche, une famille se retrouve dans la maison de campagne où à lieu la bénédiction. Pour Daniel, le fils du défunt, qui a toujours été là durant les coups durs, cest loccasion de retrouver son frère revenu pour loccasion de New York où il est écrivain à succès. On y retrouve également leur cousine Martha et son fiancé, Simon, qui par un improbable quiproquo se retrouve sous substance hallucinogène alors quil pensait avoir pris un calmant. Chose dautant plus regrettable quil doit annoncé à son beau-père qui le méprise quil va épouser sa fille. Mais surtout, il y a là un petit homme, Peter, inconnu de la famille et qui se prétend un ami proche et intime du défunt. De révélations fracassantes en chantage, linvité mystère va contribuer à rendre cette journée denterrement aussi imprévue quingérable
.
.
« - Cest triste, cest comme si on marrachait le cur
- Cest ça le deuil
- Cest pour ça que je ne mattache à personne »
On doit reconnaître aux anglais quils sont les maîtres absolus de la comédie. Leur sens de lhumour so british, teinté de flegme, de reparties brillantes, et de situations absurdes rendent toujours leurs comédies particulièrement savoureuses. Et si en plus le sujet de la comédie tourne autour de la mort, on est en droit dattendre le meilleur ! La sortie de ce « Joyeuses funérailles » constituait donc en soit un petit événement. La seule chose qui pouvait refroidir légèrement lenvie daller voir ce film était le nom du réalisateur, Franck Oz. Passé par le Muppet Show, il est surtout connu du grand public pour être la voix du grand sage Yoda, dans les cinq épisodes de « La guerre des étoiles » où le personnage apparaît. Mais lhomme a surtout fait carrière derrière la caméra, où ses comédies, qui ont pour certaines connues de jolis succès, nont pas toujours été des plus fines et des plus hilarantes selon moi. On se souvient ainsi de « Bowfinger, roi dHollywood » (1999), de « In & out » (1997), de « Lindien du placard » (1995), ou encore plus récemment du peu convaincant « Et lhomme créa la femme » (2004) avec Nicole Kidman.
« Merci à tous dêtre là, je vois que mon père était très apprécié. On dirait même quil a plus damis maintenant que du temps de son vivant »
Contre toute attente (et en particulier une bande-annonce bien peu alléchante), ce « Joyeuses funérailles » fonctionne très bien et on rit de bon cur dun bout à lautre du film. En cela Oz peut se vanter davoir réussit sa mission. Après il faut relativiser un peu les choses et être honnête : ce nest probablement pas la meilleure comédie british du genre, et le film en lui même nest pas révolutionnaire. Pire, « Joyeuses funérailles » flirte même très souvent avec le mauvais goût, lhumour bien potache située sous la ceinture, sombrant même parfois dans le scato. Mais quimporte. Le tout est mené tambour battant par un scénario parfois un peu facile mais tellement enthousiaste et généreux, quon oublie tout cela au profit dune franche rigolade. Car après un premier quart dheure prometteur mais un peu long à se mettre en marche, le film trouve son véritable rythme de croisière et ne connaît pas de temps mort, chose rare et appréciable compte tenu du niveau des productions comiques actuelles. Ainsi, les vannes et les bonnes réparties fusent, les situations même les plus prévisibles sont amenées avec tellement dautodérision que le tout fonctionne formidablement. En cela, le scénario de Dean Craig est parfaitement écrit, et cest probablement latout numéro un du film, qui peut prétendre ainsi au rang des bonnes comédies anglaises.
« Cétait affreux. Voir le corps de ton père sécraser devant ta mère comme un vieux poisson mort »
Côté réalisation, Franck Oz ne brille pas par son originalité ou sa créativité. Néanmoins il assure lessentiel et le montage, très cohérent, est parfaitement calqué sur le rythme humoristique du scénario. La direction dacteurs est en revanche excellente, tous les comédiens de ce film choral étant très bons et apportant véritablement leur pierre à lédifice humoristique. Côté masculin, Matthew MacFadyen brille par son flegme british, mais on retiendra plus encore les grosses prestation de Andy Nyman, Kris Marshall, Rupert Grave, Alan Tudyk, et surtout de Peter Dinklage, excellent dans un rôle beaucoup plus difficile quil ny paraît. Côté féminin, cest surtout la belle énergie, labatage comique et le côté très décalé de Daisy Donovan quon retiendra. Mais encore une fois, on ne pourra que saluer la belle osmose de ce casting hétéroclite réunissant la fine fleure de la comédie britannique et américaine, où tout le monde semble véritablement heureux dêtre là et sen donne à cur joie, permettant une prestation densemble impeccable.
« - On ne peut pas le laisser comme ça dans le cercueil de Papa
- Bizarrement cest peut-être ce quil aurait voulu »
.
Alors bien sûr, cest vrai, ce « Joyeuses funérailles » nest peut-être pas la plus grande comédie britannique de lannée. Son mauvais goût et ses gags parfois faciles (le coup du gendre shooté par exemple) seront certainement critiquables. Malgré tout Franck Oz signe ici un film hilarant du début jusquà la fin, qui ne souffre ni de problèmes de rythme, ni de longueurs. En cela cest probablement son meilleur film à ce jour. Mais plus que tout, compte tenu de la relative médiocrité des comédies sorties ces derniers mois, ce « Joyeuses funérailles » simpose comme un honnête et très agréable divertissement. Je vous le conseille fortement !
Commenter cet article