L'oeil du mal
« Tu veux que je te dise, Jerry ? Cest une très mauvaise époque pour être terroriste dans ce pays. Et qui va gagner selon toi ? Tes droits ou mon droit à te boucler ? »
Jerry et Rachel ne se connaissent pas, mais un cauchemar leur a donné rendez-vous. Parce que quelqu'un l'a fait passer pour un terroriste et qu'il est désormais recherché par toutes les polices, Jerry n'a pas d'autre choix que d'obéir à la mystérieuse voix qui contrôle chacun de ses faits et gestes. Rachel est elle aussi obligée d'obéir, sinon ce sera son fils, Sam, qui le paiera de sa vie.
Dans une course contre la montre où la manipulation et l'hypertechnologie sont reines, les deux jeunes gens doivent accomplir tout ce que la voix leur demande, quels que soient les risques. S'ils veulent survivre au piège, ils vont devoir à la fois échapper à leurs poursuivants et percer le secret de ceux qui mènent ce jeu infernal...
« Obéir est vital »
Bien que né dune de ses propres idées, Steven Spielberg a vite renoncé à mettre en scène cet « il du mal ». Un projet qui a finalement échoué au réalisateur D.J. Caruso, qui signe là son cinquième long métrage (on lui doit entre autre les très moyens « Taking lives, destins volés » et « Two for the money »). Une histoire de retrouvailles puisque celui-ci avait réalisé lannée dernière « Paranoiak », remake moderne de « Fenêtre sur cour » dHitchcock, produit par un certain Steven Spielberg qui avait imposé dans le premier rôle son petit protégé, Shia Labeouf.
« Je ne veux pas rester dans lHistoire comme le connard qui a laissé faire sans bouger »
Le film paranoïaque était jusquici lapanage du cinéma américain des années 70. Cétait sans compter quun certain 11/09 était passé par là pour remettre le genre au goût du moment. Car que se passerait-il si finalement la machine dotée dune intelligence artificielle conçue pour protéger la Nation et la Démocratie se retournait de son propre chef contre ce quelle était censée défendre ? Une interrogation clairement Orwellienne définitivement usée jusquà la corde. Bien sûr, on pourra toujours se réjouir dy voir poindre une critique à peine voilée contre ladministration Bush, dont la politique ultra sécuritaire aura eu pour effet de diminuer les libertés individuelles chères à cette nation. Dommage dès lors que D.J. Caruso, en vilain tâcheron hollywoodien, nai su pondre quun gros blockbuster commercial de plus, étouffant totalement son message politique derrière des grosses explosions, des cascades et des gros effets spéciaux désormais ordinaires. Tel un mauvais épisode du « Fugitif », on suit donc nos deux « terroristes malgré eux » dans leur parcours du combattant menacé dune part par létrange voix qui leur donne des ordres et par les autorités fédérales qui les traitent comme de dangereux terroristes. Dune improbable course poursuite se finissant dans une casse à une attaque dun tunnel par un drone de combat (rappelant vaguement et en plus moderne « La mort aux trousses »), on suit donc une succession de scènes improbables plus volontiers prétextes à en mettre plein la vue pour par un rond que pour nourrir une histoire digne de ce nom. Car derrière ce thriller technologique, le réalisateur et ses personnages semblent être les seuls à ne pas avoir pensé que comme tout bon ordinateur qui se respecte, il suffit de le débrancher pour quil séteigne ! Merci donc de nous prendre pour des idiots monsieur Caruso ;) Cette vaste crétinerie aussi pathétique et débilitante soit-elle aurait pu nêtre quun divertissement de masse bien inoffensif. Mais à la différence de films similaires où de telles énormités passent parfaitement (on pense à la saga Die Hard), D.J. Caruso se prend très au sérieux, achevant son film (comme la plupart des grosses productions américaines du genre) en noyant son final dans un déluge de gloriole patriotique nauséabond et indigeste. A limage de ce héros ordinaire et lâche ou de ce flic capable de reconnaître son erreur, tous deux capables de se sacrifier pour sauver la Nation et son Président. Merveilleuse image dEpinal qui donne envie de vomir. A cela, il faut ajouter la mise en scène désastreuse de D.J Caruso qui tente en vain de faire du Michael Bay sans savoir stabiliser un seul instant sa caméra, ainsi que linterprétation assez déplorable. A commencer par ce pauvre Shia Labeouf, qui, de film en film, se perd dans ces rôles identitques de jeunes hommes marginaux devant faire face à un destin bien plus grand. Michelle Monaghan ne sen sort pas mieux, prouvant si besoin en était quelle est beaucoup plus à son aise dans le registre de la comédie. Que dire enfin de la présence décevante au casting de Billy Bob Thornton et de Rosario Dawson, qui nous avaient habitués jusque là à plus dexigences dans le choix de leurs rôles et de leurs films. Totalement désastreux, cet « il du mal » est sans conteste lun des pires films de lannée.
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