L'oiseau
Un grand merci à Cinetrafic et à Arte, qui, dans le cadre de l’opération « Un DVD contre une chronique », m’ont permis de voir « L’oiseau » de Yves Caumon.
« On essaye juste de survivre. C’est minable mais c’est comme ça »
Anne n’a pas d’amis, pas d’enfants, pas d’amants. Elle fait semblant de vivre. Un jour, un oiseau entre dans son appartement… « L’oiseau » ou comment revivre après un deuil… Après la perte de son enfant, Anne sombre dans une profonde solitude que plus rien n’anime, ni amis, ni amants.
Elle devient transparente au monde et aux autres, jusqu’au jour où une tourterelle s’invite dans son appartement.
Et là… tout change.
« On ne peut pas vivre comme ça en disant non à tout. Ce n’est pas humain ! »
Anne mène une existence monacale se résumant au basique « métro-boulot-dodo ». Sans famille, sans amis, sans amant, refusant tout lien social avec ses collègues, elle semble fuir le bonheur et la vie. Qu’a-t-il pu arriver à cette femme pour qu’elle se plonge ainsi dans la solitude ? Délaissant son thème fétiche de la ruralité (qui était au cœur de ses deux premiers films : « Amour d’enfance » et « Cache-cache »), Yves Caumon consacre son troisième long à l’absence et au deuil. Avec une économie de mots (il faut attendre la neuvième minute pour entendre les premiers dialogues) et de moyens, le réalisateur nous plonge dans la solitude et les tourments de cette femme en nous montrant son quotidien morne et vide, fait de gestes routiniers et de silence. Jusqu’à l’apparition d’un oiseau, coincé chez elle par accident, qui lui redonnera progressivement goût à la vie et l’envie de s’ouvrir aux autres. Pour Yves Caumon, tout est affaire symbolique : l’oiseau, tel le travail de deuil de l’héroïne, sera d’abord libéré avant d’être apprivoisé. Fastidieux et pas toujours accessible de par sa forme (très lente et silencieuse), « L’oiseau » dégage néanmoins quelques jolis moment de grâce (la scène des pleurs au cinéma) et beaucoup d’émotions. La mise en scène, en apesanteur, de Caumon y est pour beaucoup. De même que le jeu, tout en non-dits et en émotions contenues de Sandrine Kimberlain. Sans être un chef d’œuvre, « L’oiseau » n’en demeure pas moins un film très touchant.
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