L'oncle Charles
« On va lui en trouver un, d’héritier. On va se faire de la bonne caillasse ! »
En Nouvelle-Zélande, un richissime homme d’affaires d’origine française, Charles Doumeng, voit basculer sa vie en apprenant qu’il est atteint d’une maladie incurable. Sexagénaire, sans famille ni héritier et n’ayant plus que quelques semaines à vivre, éprouvant un soudain regain d’affection, il se met à la recherche de sa sœur, qu’il n’a pas revue depuis cinquante ans, dans l’ouest de la France. A Mauprivez, petit village de la région nantaise, Corinne, trente-cinq ans, clerc de notaire, gros besoin d’argent, tombe sur l’annonce que Charles a écrite pour retrouver sa sœur, et dont la récompense est énorme. Elle part à la recherche de cette inconnue, sans succès, et décide, avec l’aide de son entourage, de lui former une famille sur mesure… La supercherie marche du tonnerre. A l’autre bout du monde, Charles est aux anges, heureux d’avoir enfin trouvé des héritiers. Mais la vie réserve des surprises et les bonnes nouvelles n’arrivent jamais seules… Charles a été victime d’une erreur de diagnostic, il n’a jamais été malade ! Fou de joie, il décide de venir en France pour rencontrer sa nouvelle famille. Les emmerdes commencent…
« Arrête un peu : tu ne vois pas que cette famille respire l’honnêteté ? »
D’abord publicitaire, Etienne Chatiliez connait un grand succès tout au long des années 80, ses spots publicitaires faisant l’objet de nombreuses récompenses. De quoi lui ouvrir les portes du cinéma. En 1988, il réalise donc son premier long métrage, « La vie est un long fleuve tranquille », qui rencontre un vrai succès populaire. Un succès qui ne se démentira pas avec ses deux films suivants, « Tatie Danielle » (1990) et « Le bonheur est dans le pré » (1995), qui confirment le goût du réalisateur pour l’humour vachard et grinçant. La séparation d’avec sa scénariste Florence Quentin, qui souhaite se consacrer à son tour à la réalisation (on lui doit les peu mémorables « J’ai faim ! » et « Olé ! »), marque un tournant dans la carrière de Chatiliez, qui amorce alors son déclin. Car même s’ils font toujours des scores corrects au box-office, force est de constater que les derniers Chatiliez demeurent décevants (« Tanguy »), pour ne pas dire ratés (« La confiance règne », « Agathe Cléry »). Son nouveau film, « L’oncle Charles », scelle ses retrouvailles avec sa scénariste fétiche. Et avec le succès ?
« Tu crois que c’est le bon moment de coucher avec ton frère ? »
C’est ce que l’on espérait. D’autant que le tandem Chatiliez/Quentin prenait un malin plaisir à faire souffler un vent de nostalgie sur ce film en invoquant les fantômes de leur glorieux passé : « L’oncle Charles » faisait ainsi immanquablement écho à « Tatie Danielle » tandis que le thème de la lutte de classes sur fond de recherche familiale n’était pas sans rappeler « La vie est un long fleuve tranquille ». Même la présence d’Eddy Mitchell, emblématique second rôle du « Bonheur est dans le pré », ne devait rien au hasard. Pourtant, la mayonnaise ne prend jamais vraiment. Certes, « L’oncle Charles » est moins mauvais que ne l’étaient « La confiance règne » ou « Agathe Cléry ». Mais le film n’a pas la méchanceté ni le mordant de ses illustres prédécesseurs. Surtout, à force de courir après la recette de leurs vieux succès, on a l’impression que Chatiliez et Quentin en ont oublié d’écrire un scénario solide et un peu innovant. Résultat : « L’oncle Charles » se fait paresseux et mollasson, pas franchement aidé par ses dialogues qui manquent de percussion. Ni par l’interprétation un peu approximative de ses interprètes. A commencer par un Eddy Mitchell un peu à côté de ses pompes et pas franchement crédible en sosie de Daniel Herrero. Seule l’énergique Valérie Bonneton sauve un peu les meubles. Retour en demi-teinte, donc, pour Chatiliez et Quentin qui signent un film pas foncièrement désagréable mais jamais vraiment convaincant.
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