Largo Winch
« Peu importe ce que la vie te donne, ce qui compte cest ce que tu en fais »
Le milliardaire Nerio Winch est retrouvé noyé. Une mort forcément suspecte quand on sait qu'il s'agit du fondateur et principal actionnaire du puissant et tentaculaire Groupe W.
Qui va hériter de cet empire économique ? Officiellement Nerio n'avait pas de famille. Mais il cachait un secret : un fils, Largo, adopté presque trente ans plus tôt dans un orphelinat bosniaque. Seul problème, ce jeune héritier vient d'être jeté dans une prison du fin fond de l'Amazonie. Accusé de trafic de drogue, il clame son innocence.
Nerio assassiné. Largo emprisonné. Et si ces deux affaires faisaient partie d'un seul et même complot visant à prendre le contrôle de l'empire Winch ?
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« La solitude est la rançon de la gloire »
Né sous la plume de Jean Van Hamme, "Largo Winch" était à lorigine un personnage de romans, qui sépanouira le temps de six aventures, écrites entre 1977 et 1984. Ce nest quà la fin des années 80 que le personnage refera parler de lui, lorsque ses aventures seront adaptées en bande-dessinées, scénarisées par Jean van Hamme et dessinées par Philippe Francq. Sorti en 1990, le premier album, intitulé « Lhéritier » connaitra un immense succès. Forte à ce jour de 16 albums (le dernier en date, « La voie et la vertu » étant sorti cette année), la saga « Largo Winch » est de loin lune des plus populaire de lunivers de la bande-dessinée française actuelle. Si son adaptation sur grand écran devenait logiquement inéluctable, le succès de la saga rendait cependant lentreprise particulièrement périlleuse. Et ce dautant plus que cest le jeune réalisateur Jérôme Salle qui se voyait confier cette lourde tâche. Diplômé de la FEMIS, ce dernier ne comptait jusqualors un seul long métrage à son compteur, le très réussi « Anthony Zimmer » (2005). A noter que ce film est ladaptation des quatre premiers volumes de la saga dessinée (« Lhéritier », « Le groupe W », « OPA » et « Business blues »). Un film qui pourrait avoir une suite, en cas de succès de ce premier volet.
« - Même mort, il décide encore de tout. Serais-je encore un homme libre ? ça ne dépend que de toi »
Cest lune des sagas de BD les plus populaires du moment. Il était donc logique de voir le grand écran sintéresser à elle, et ce dautant plus que lunivers de Franck et Van Hamme savérait particulièrement cinématographique. Mais après les échecs artistiques de « Blueberry », des « Daltons », de « Iznogoud », ou encore de la saga « Astérix » (quoi quon en dise, même le « Mission Cléopatre » de Chabat en dépit de son succès était artistiquement très médiocre et loin de lesprit de la BD), ladaptation sur grand écran des aventures du milliardaire solitaire semblait particulièrement risquée. Pourtant, à lévidence, Jérôme Salle signe ici un film réussi. Parce que, bien que le réalisateur réprouve ce qualificatif, il a su insuffler une efficacité purement « américaine » à son film : intrigue sans temps morts, action, cascades, fusillades, courses poursuites, rendant les aventures de Largo Winch pleinement trépidantes. Et ce dautant plus que le scénario na pas été sacrifié à laction. Au contraire, lhistoire, de rebondissements en rebondissements (révélations sur le passé de Largo, trahisons en tous genres, manipulations), savère particulièrement dense et prenante. Une réussite due en grande partie au travail du scénariste Julien Rappeneau (« Faubourg 36 », « 36 quai des orfèvres », « Un ticket pour lespace ») qui a su parfaitement digérer luvre originale et prendre du recul par rapport à celle-ci pour accoucher dun récit conservant lesprit et les grandes lignes de la trame de luvre de Van Hamme, tout en se permettant un certain nombre de libertés qui se justifient pleinement visuellement (déplacement de laction à Hong-Kong, assassinat de Nério Winch). Dès lors, la réalisation très fluide de Jérôme Salle se montre aussi efficace quambitieuse. Il en va de même pour le gros casting européen, qui se révèle impressionnant et convaincant. Si le choix de Tomer Sisley pouvait faire débat chez les puristes (un quasi inconnu, inexpérimenté, venant de la scène comique, et sans ressemblance physique avec le héros de la BD, selon ses détracteurs), il savère totalement judicieux et convaincant, tant le comédien se montre complet, polyvalent et dune belle présence à lécran. On retiendra également les bonnes performances une fois nest pas coutume de Kristin Scott-Thomas et surtout de Gilbert Melki. Petits bémols cependant pour Anne Consigny et Mélanie Thierry. Au final, contre toute attente, le film événement « Largo Winch » se révèle être parfaitement convaincant et réussi, réconciliant quelque peu avec un cinéma de genre et de divertissement quon pensait à tort ne plus être capable de produire chez nous. Une réussite !
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