Loin de la terre brûlée
« Jaimais ma mère. Mais pas ce quelle était. »
.
Dans le désert du Nouveau Mexique, une caravane explose mystérieusement, à l'intérieur ; Gina et Nick, son amant secret, meurent. Une quinzaine d'années plus tard, à Portland, Sylvia, jeune femme perdue qui multiplie les conquêtes amoureuses est poursuivie par un homme étrange... Deux histoires de femmes se percutent à travers le temps, des vies s'entremêlent et les relations s'enflamment...
.
« Je vis avec la peur de moi-même mais aujourdhui je ne veux plus fuir »
.
Scénariste attitré dAlejandro Gonzales Inarritu (il a notamment signé les scénarii de « Amours chiennes », « 21 grammes » ou encore « Babel » pour lequel il sera nommé à l'Oscar du meilleur scénario) et de Tommy Lee Jones (« Trois enterrements »), Guillermo Arriaga signe avec ce « Loin de la terre brûlée » son premier film en tant que réalisateur. Un scénario dont il aura eu lidée il y a déjà près de quinze ans et quil aura laissé longuement murir avant de le coucher sur le papier. A limage de sa carrière, le tournage du film dArriaga sest divisé entre le Mexique (désert de Chihuahua) et les Etats-Unis (Oregon). Un premier film résolument ambitieux, puisque Arriaga peut compter sur un casting comprenant deux actrices oscarisées : Charlize Theron et Kim Basinger.
« On ne vivra plus jamais en paix : je suis enceinte et je nen veux pas »
Destins croisés et imbriqués, jeu sur la temporalité avec un système daller-retour entre passé et présent, la patte du scénariste Arriaga est évidente dans ce premier film dont la construction rappelle assez fortement celle du « Babel » (2006) quil avait écrit pour Inarritu. Pourtant, en dépit de leur similarité formelle, « Loin de la terre brûlée » narrive jamais à atteindre la virtuosité du film dInarritu. La faute à un scénario boursoufflé et un brin fumiste. Car là où « Babel » proposait une réflexion sur la mondialisation, « Loin de la terre brûlée » nous ressert une énième variation sur la culpabilité et la rédemption au travers dun drame familial. De lhéroïne paumée et mutique qui soffre à tous les hommes de passage comme une sorte dexpiation lui permettant de se prouver quelle peut encore ressentir des choses, à la relation adultérine de sa mère délaissée par un mari itinérant et des enfants qui grandissent, tout sent le cliché à des kilomètres à la ronde. Dautant que la supercherie du mélange des temporalités se devine très rapidement, le happy-end final devenant implicitement ultra-prévisible. Pire, le scénariste-réalisateur se sent obligé den faire des tonnes dans le pathos tire-larmes, jouant à mort la carte de lexagération scénaristique et morale (la fille qui jugeait sa mère adultère finit par lassassiner et abandonner son propre enfant) là où la retenue était de mise. De plus, en optant pour un format assez minimaliste et épuré, son film apparait comme bavard et soporifique, au point quon narrive jamais à sintéresser à cette mise en miroir des deux relations mère/fille qui se jouent dans le film et dont le personnage de Charlize Theron est le pivot central. Tête daffiche du film, cette dernière en fait dailleurs un peu des tonnes, nous livrant une interprétation dramatique un peu trop « Actors studio » en quête dOscar. Finalement, on retiendra davantage la prestation toute en retenue de la trop rare Kim Basinger ainsi que la belle révélation Jennifer Lawrence. Insuffisant toutefois pour relever le niveau de ce film soporifique, cliché et maladroit. A l'évidence, Arriaga semble plus inspiré quand il écrit pour les autres.
Commenter cet article