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15 Mar

Loin de la terre brûlée

Publié par platinoch  - Catégories :  #Drames

« J’aimais ma mère. Mais pas ce qu’elle était. »

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Dans le désert du Nouveau Mexique, une caravane explose mystérieusement, à l'intérieur ; Gina et Nick, son amant secret, meurent. Une quinzaine d'années plus tard, à Portland, Sylvia, jeune femme perdue qui multiplie les conquêtes amoureuses est poursuivie par un homme étrange... Deux histoires de femmes se percutent à travers le temps, des vies s'entremêlent et les relations s'enflamment...

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« Je vis avec la peur de moi-même mais aujourd’hui je ne veux plus fuir »

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Scénariste attitré d’Alejandro Gonzales Inarritu (il a notamment signé les scénarii de « Amours chiennes », « 21 grammes » ou encore « Babel » pour lequel il sera nommé à l'Oscar du meilleur scénario) et de Tommy Lee Jones (« Trois enterrements »), Guillermo Arriaga signe avec ce « Loin de la terre brûlée » son premier film en tant que réalisateur. Un scénario dont il aura eu l’idée il y a déjà près de quinze ans et qu’il aura laissé longuement murir avant de le coucher sur le papier. A l’image de sa carrière, le tournage du film d’Arriaga s’est divisé entre le Mexique (désert de Chihuahua) et les Etats-Unis (Oregon). Un premier film résolument ambitieux, puisque Arriaga peut compter sur un casting comprenant deux actrices oscarisées : Charlize Theron et Kim Basinger.

« On ne vivra plus jamais en paix : je suis enceinte et je n’en veux pas »

Destins croisés et imbriqués, jeu sur la temporalité avec un système d’aller-retour entre passé et présent, la patte du scénariste Arriaga est évidente dans ce premier film dont la construction rappelle assez fortement celle du « Babel » (2006) qu’il avait écrit pour Inarritu. Pourtant, en dépit de leur similarité formelle, « Loin de la terre brûlée » n’arrive jamais à atteindre la virtuosité du film d’Inarritu. La faute à un scénario boursoufflé et un brin fumiste. Car là où « Babel » proposait une réflexion sur la mondialisation, « Loin de la terre brûlée » nous ressert une énième variation sur la culpabilité et la rédemption au travers d’un drame familial. De l’héroïne paumée et mutique qui s’offre à tous les hommes de passage comme une sorte d’expiation lui permettant de se prouver qu’elle peut encore ressentir des choses, à la relation adultérine de sa mère délaissée par un mari itinérant et des enfants qui grandissent, tout sent le cliché à des kilomètres à la ronde. D’autant que la supercherie du mélange des temporalités se devine très rapidement, le happy-end final devenant implicitement ultra-prévisible. Pire, le scénariste-réalisateur se sent obligé d’en faire des tonnes dans le pathos tire-larmes, jouant à mort la carte de l’exagération scénaristique et morale (la fille qui jugeait sa mère adultère finit par l’assassiner et abandonner son propre enfant) là où la retenue était de mise. De plus, en optant pour un format assez minimaliste et épuré, son film apparait comme bavard et soporifique, au point qu’on n’arrive jamais à s’intéresser à cette mise en miroir des deux relations mère/fille qui se jouent dans le film et dont le personnage de Charlize Theron est le pivot central. Tête d’affiche du film, cette dernière en fait d’ailleurs un peu des tonnes, nous livrant une interprétation dramatique un peu trop « Actor’s studio » en quête d’Oscar. Finalement, on retiendra davantage la prestation toute en retenue de la trop rare Kim Basinger ainsi que la belle révélation Jennifer Lawrence. Insuffisant toutefois pour relever le niveau de ce film soporifique, cliché et maladroit. A l'évidence, Arriaga semble plus inspiré quand il écrit pour les autres.

  



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F
Je vais voir le film sous peu, je te ferai part de mon avis.<br /> Et je confirme que "21 grammes" est excellent.
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D
Bonjour, moi aussi, j'ai beaucoup aimé ce film vu hier soir. La salle était attentive. Je n'ai pas trouvé que c'était soporifique. Il y a des facilités dans le scénario mais les actrices sont excellentes. A voir. Bonne après-midi.
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M
Tout le monde est bien sévère avec le premier film du scénariste Arriaga. En effet, on ne retrouve pas la réalisation typique d'Innaritu. Mais le parti pris ici est beaucoup plus ancré dans une réflexion sur le temps et de ce fait, les mécanismes narratifs ressortent d'autant plus intéressants. A cela s'ajoute un joli rendu visuel, avec un jeu de couleurs, de décors, de jeux d'acteurs assez intrigants et réflexifs. Je réitère : un beau film.
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V
J'ai trouvé que c'était un très beau film, joli dans la restriction de ses mécanismes, bien loin de la grandiloquence souvent étouffante d'Innaritu.
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F
Il ne faut pas y aller en attendant un nouveau 21 grammes ou Babel. Moi j'ai adhéré et beaucoup aimé.
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B
Si je partage dans l'ensemble ton point de vu, j'avoue que j'ai apprécié l'ambiance et le découpage du film, malgré quelques longueurs. Il est vrai qu'en définitive ce sont surtout Jennifer Lawrence et Kim Basinger qui se révélent les plus émouvantes.
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Le site sans prétention d'un cinéphile atteint de cinéphagie, qui rend compte autant que possible des films qu'il a vu!