Memory of love
« Vous étiez si heureux tous les deux »
Hongzhu, de nos jours. Une jeune femme, He Sizhu, et son amant, Chen Mo, ont un accident de voiture. Quand elle se réveille à l'hôpital où Li Xun, son mari, travaille comme chirurgien, He Sizhu a tout oublié des trois dernières années. Son amant est devenu un inconnu pour elle. Conscient de sa trahison, son mari choisit de la laisser vivre dans ce passé où ils étaient passionnément amoureux.
Petit à petit, le fossé entre le temps et la perception de la réalité se referme. Le destin, inévitable, reprend le dessus. Afin de ne pas perdre sa femme, Li Xun doit dépasser la peine causée par sa trahison et trouver, dans son amour pour elle, la force de tout recommencer. Mais l'amant de He Sizhu veut également la récupérer...
« Tout peut recommencer »
.
Réalisateur remarqué et primé (Grand prix de « Un certain regard » au Festival de Cannes 2006 pour « Voiture de luxe »), Wang Chao nous revient avec son quatrième long, « Memory of love ». Une variation en forme de fable sur la fragilité de lamour. Où comment un homme qui découvre linfidélité de sa femme se voit offrir une seconde chance de la reconquérir après que celle-ci soit frappée accidentellement damnésie. Forcément, il y avait là matière à un film romantique et délicat comme seuls les cinéastes asiatiques savent les faire.
« Tu dois te souvenir. Moi je peux oublier. »
Malheureusement, nest pas Wong Kar-Waï qui veut. Pourtant, Chao réussit quelques séquences (les « retrouvailles du couple » dans la forêt, ce moment déchirant où le héros pousse sa femme à revoir son amant pour laider à recouvrer la mémoire). Mais à lévidence, lensemble du film souffre dun manque évident de chair, de fougue et de souffle romantique pour nous permettre réellement de nous laisser emporter dans cette histoire. La faute à une mise en scène beaucoup trop austère, trop clinique, continuellement bercée dune lumière glaciale à dominante bleue. Et ce nest pas la musique charnelle et passionnée de Piazzolla qui changera la donne. Reste le portrait sans concessions dune Chine qui se modernise à une rapidité galopante et dont il ressort un grand mal être et une énorme solitude. Comme si la course effrénée à la modernité était au final vouée à léchec (les préoccupations modernes détournent lhomme de lessentiel en le faisant courir après la futilité de la possession matérielle au détriment de valeurs essentielles comme lamour). Il en ressort un film totalement désenchanté où lamour et la vie deviennent absurdes, à limage de cette photo de mariage, passage obligé devenant ici aussi artificiel quun produit manufacturé. Insuffisant cependant pour réussir à nous convaincre.
Commenter cet article