Moonrise Kingdom
« C’est une mission de sauvetage. Vous devez le retrouver. Pas le molester»
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Sur une île au large de la Nouvelle-Angleterre, au cœur de l’été 1965, Suzy et Sam, douze ans, tombent amoureux.
Après avoir conclu un pacte secret, ils décident de s’enfuir ensemble.
Alors que chacun se mobilise pour les retrouver, une violente tempête s’approche des côtes et va bouleverser davantage encore la vie de la communauté.
« Je vole des livres juste pour avoir un secret »
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Voilà déjà quinze ans que Wes Anderson fait entendre sa petite musique à part au sein de la production cinématographique US, créant de film en film des univers colorés (« A bord du Darjeeling Limited »), décalés (« La vie aquatique »), souvent absurdes et parfois poétiques. Avec toujours le même attrait pour les questions liées à la famille, à la filiation et à l’enfance. Après un détour par le film d’animation (le très réussi « Fantastic Mr. Fox »), il nous revient avec « Moonrise Kingdom », une histoire d’amour adolescente sur fond de camp scout et d’île perdue. Sélectionné en compétition officielle, le film a fait l’ouverture du Festival de Cannes 2012.
« La poésie, ce n’est pas toujours des mots, c’est aussi de la créativité »
« Moonrise Kingdom », c’est un peu l’improbable rencontre entre « La guerre des boutons » et « C’est un beau roman » la chanson de Michel Fugain. On y croise des scouts en culottes courtes, de jeunes adolescents amoureux et fugueurs, une famille à la dérive qui communique par portes voix interposés, ou encore un policier qui habite seul dans une caravane. Le tout bercé par les musiques de Henry Purcell et de Françoise Hardy. Sur le papier, Wes Anderson nous conviait donc à une ballade très sixties sur la carte du tendre. Dans les faits, le film souffre à l’évidence d’un déséquilibre entre une forme soignée à l’extrême au détriment d’une histoire qui tient sur un timbre poste. Prenant (encore une fois) le parti d’un minimalisme prétendument poétique, le cinéaste remplit l’espace d’objets et de costumes « vintages » espérant ainsi (re)créer une ambiance particulière, mais ne parvient jamais à filmer autre chose que l’ennui. En totale roue libre, les comédiens qui composent son prestigieux casting (Bill Murray, Frances McDormand, Bruce Willis, Edward Norton, Harvey Keitel) ne peuvent rien pour sauver ce film qui tourne complètement à vide. Véritable coquille vide, « Moonrise Kingdom » semble révéler les limites d’un réalisateur très largement surcoté, qui ne parvient plus ni à se renouveler ni à faire illusion.
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