Mr Nobody
« Il est impossible de revenir en arrière, cest pourquoi il est si dur de choisir. Tant quon ne choisit pas, tout reste possible »
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En février 2092, Nemo Nobody, alors âgé de 118 ans, est le dernier mortel vivant dans un monde d'immortels. Il est interrogé par un psychologue afin de connaître son passé.
Nemo Nobody se remémore à travers différents flashbacks les vies qu'il aurait eu s'il était resté avec son père ou s'il avait suivi sa mère suite à leur divorce, lorsqu'il avait huit ans.
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« Et voici ce que jattends depuis toujours : renoncer à toutes les vies possibles pour une seule avec toi »
Doit-on croire au destin ? A son destin ? Lhistoire est-elle écrite à lavance ? Immuablement ? Tout pourrait porter à le croire. A commencer par la théorie de la création de lunivers lui-même, né du néant en une fraction de seconde et qui retournera à létat de néant dans quelques millions dannées. Tout sarrêtera alors sans plus de raisons que tout cela navait commencé. Inévitablement. Et pourtant, chacun de nos choix, chacune de nos décisions, même les plus bénignes, changent de manière irrémédiable le cours de nos vies, ouvrant ainsi la porte à une infinité de possibles. Treize ans après sa Palme dor cannoise pour « Le huitième jour », Jaco Van Dormael, enfant prodigue du cinéma belge des années 80 et 90 (« Toto le héros »), nous revient avec un conte métaphysique doté dun budget conséquent de 33 millions deuros et dun alléchant casting international.
« Chaque chemin est le bon chemin »
Construit sur la base dun récit labyrinthique, façon puzzle éclaté, son trip philosophico-mystique nous entraine dans les méandres des pensées dun vieillard mourant, qui se figure toutes les vies quil aurait pu vivre, déterminées par le seul choix de suivre son père ou sa mère lors de leur séparation, alors quil nétait encore quun enfant. Si le procédé du récit éclaté et de lintrigue à tiroirs nest plus franchement original (« Lappartement » et son remake US « Rencontre à Wicker Park », « Eternal Sunshine of the spotless mind » ou autre « The fountain » étant déjà passé par là), Van Dormael, en bon conteur, a le mérite de nous transporter sans mal dans son intrigue finalement assez accessible. Il parvient même à atteindre quelques moments de grâce (les amours adolescentes) au détour de quelques embardées lyriques (les scènes sur Mars, celles dans le futur). Mais lensemble est souvent desservi par un scénario trop illustratif (la répétition de la scène de la balle dans la tête dans la baignoire qui illustre larrivée de lun des destins possibles dans un cul de sac ou celle de la voiture immergée qui souligne létouffement du héros), ainsi que par une réalisation un brin lourdingue (les scènes où le héros balance ses grandes théories métaphysique face caméra façon présentateur météo). De même, alors que le film avait pour ambition de nous montrer létendue des possibilités offertes au détour de chaque choix, on ne peut que regretter que le réalisateur ait sacrifié deux des trois compagnes potentielles de son héros, par ailleurs très caricaturales (lune étant psychologiquement fragile, lautre complètement soumise), au profit dune seule. Histoire certainement de donner un souffle plus romantique à son film, en défendant lidée quau fond, nous néprouverons quun seul amour véritable au cours dune vie. Ou comment ramener subtilement la prépondérance du destin dans nos vies. Dommage que le final, largement inspiré du « Little big man » dArthur Penn, accouche dune souris, qui laisse une fâcheuse sensation dinachevé. Et la frustration de ne pouvoir dire si on a assisté à un grand film ou à une belle coquille un peu vide.
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