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24 Aug

Permis de mariage

Publié par platinoch  - Catégories :  #Comédies romantiques

« Le Révérant Franck est partout »

 

Affiche américaine. Warner Bros.Chicago. Ben et Sadie sont fiancés depuis de nombreux mois et vivent ensemble depuis autant de temps. Couple ordinaire s’il en est, il est temps pour eux de penser au mariage. Sadie a déjà une idée très précise de ce qu’elle veut. L’Eglise St Augustin, où se sont mariés ses parents trente ans plus tôt. Le Révérend Franck, qui dirige la paroisse, est déjà overbooké sur deux ans, mais suite à un désistement, il peut célébrer le mariage trois semaines plus tard. Si les tourtereaux acceptent, ravis, de convoler aussi précipitamment, le Révérend Franck, lui, leur impose en échange une initiation prénuptiale accélérée, sous forme de tests à valider pour obtenir le droit de se marier. De quoi assombrir quelque peu le ciel pourtant bleu de nos futurs mariés qui ne sont pas au bout de leurs surprises…

 

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« Et vous êtes dans quoi… à part dans Sadie ? »

 

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On connaît le talent et le goût des américains pour réaliser des petites comédies romantiques légères, genre mineur qui vient juste après la teen movie. Dans un genre où la mécanique bien huilée est la clé du succès, on s’attend toujours à un fond de comédie romantique, menée tambour battant par des héros loufoques avec un humour légèrement potache tout en restant politiquement correct. La bande à Ben Stiller, la « Frat Pack », s’est même allégrement spécialisée dans le genre depuis quelques années. A leur actif, on se souvient de films comme « Polly et moi », « Serial Noceurs », « L’amour extra large », « La rupture », ou encore « 40 ans toujours puceau ». Bien que réalisé par un inconnu, Ken Kwapis (qui a pour lui une longue carrière de réalisateur de téléfilms et de séries, et à qui l’on doit une poignée de films dont le récent « 4 filles et 1 jean »), la présence au casting de Robin Williams, de Mandy Moore, et de Christine Taylor (la femme de Ben Stiller à la ville), laissait présager d’un honnête divertissement.

 

« - Oh Seigneur ! Tu m’as fait peur ! 

   - Le seigneur ne t’as pas fait peur. Moi si »

 

Si ce genre de comédie doit répondre d’une mécanique si bien huilée pour être réussie, ce n’est certainement pas un hasard. Et dans le genre, « Permis de mariage » est l’exemple même de ce qu’il ne faut pas faire, sous peine de rater son film. En tout premier lieu, le scénario, totalement bancal, pose problème. Partant d’une idée faussement barrée et terriblement puritaine, on nous impose un pasteur délirant, gonflant, et digne héritier de la Stasi, qui nous fait un remake pseudo potache et franchement moraliste de « La vie des autres ». Outre le sujet et la façon moraliste dont il est traité, on retiendra également les gags éculés, faciles, qui ne font jamais rire (les goûts sexuels de la mariée, forcément délurée, le coup des faux bébés robots brailleurs qui finissent démolis, ni encore la série d’épreuves ineptes et aberrantes, comme cet examen de conduite automobile aveugle), le tout parsemé de gags tartes à la crème (le marié qui se prend la balle de base-ball en pleine tronche). Son manque de rythme est tout aussi criant. Par ailleurs, le scénario n’exploite pas assez les personnages secondaires qui auraient pu être intéressants, telle que la sœur de la mariée, fraîchement divorcée et que personne n’écoute, ni le meilleur ami de la mariée, qui avait un potentiel comique intéressant. Et le tout pour laisser la place à des personnages qui n’apportent rien et qui sont horripilants, tels que le meilleur ami désabusé du marié, ou pire encore, cet enfant, sorte de gros nain, adjoint improbable du pasteur, à qui on a envie de mettre des claques du début à la fin.

 

« Ben, quand vous viendrez demain, il faudra respecter le 11ème commandement : Ne sois pas en retard ! »

 

Mais descendre de la sorte uniquement le scénario ne serait pas juste. La mise en scène n’est pas non plus des plus inspirées. De là à dire que Kwapis filme avec ses pieds, il n’y a qu’un pas. Et je le franchis. Aucune inventivité, aucun effet de style, pour une réalisation qui est au finale terne et à peine digne d’un téléfilm moyen. La photographie est également atroce, laissant constamment place à des couleurs lumineuses et éclatantes faisant ressortir un climat guimauve/bonbon de ce navet. Au milieu de ce naufrage, les comédiens peinent à s’en sortir. Mandy Moore cabotine gentiment, mais ce n’est rien à côté du Révérant Robin Williams, qui cachetonne carrément. Son numéro de cabot est désespérant et on regrette de plus en plus l’époque où on lui confiait des rôles à son juste talent (« Le cercle des poètes disparus », « Good Morning Vietnam »). Mais il y a encore pire, à savoir John Krasinski, l’interprète du marié, qui peut revendiquer probablement le titre de l’homme le moins charismatique du monde. Dommage pour un acteur de comédie romantique. D’autant qu’entre nous, il n’est pas franchement sauvé par son physique.

 

« - Tu te rends compte, il nous impose la règle du pas de sexe avant le mariage !

   - T’inquiètes, ce sera pire après ! »

 

Dès lors, ce « Permis de mariage » est un naufrage que plus rien ne pourra sauver. Sorte de modèle pour apprentis réalisateurs avec la mention « Ce qu’il ne faut pas faire, sous peine de comédie ratée », « Permis de mariage » reste à peine regardable. Sa durée courte, une heure et demie, paraissant finalement assez vite interminable. Scénario loupé et bâclé, partant d’une mauvaise idée, réalisateur sous Prozac, et comédiens aux abonnés absents, le résultat pouvait difficilement être meilleur. Ajoutons à cela l’éternelle petite morale américaine, associant respect de la religion et puritanisme. On fuit !

 



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B
Au secours ! sauve qui peut ! voilà ce que je n'irais pas voir. Ouf !
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Le site sans prétention d'un cinéphile atteint de cinéphagie, qui rend compte autant que possible des films qu'il a vu!