Peur(s) du noir
« Javais limpression dêtre entraîné dans un rêve que je ne maîtrisais pas. Jaurais voulu quil dure toute la vie »
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Les enfants ont peur du noir, mais beaucoup dadultes aussi ! Lobscurité empêche de voir, on peut alors se convaincre de la présence de bêtes, dinsectes, et plein dêtres malveillants. Dans le langage populaire, on a des idées noires, on vit dans une misère noire ou encore on a de noirs pressentiments. Cette sensation dinquiétude liée au noir remonte à la nuit des temps. Six auteurs de bande-dessinées, remontant le fil de leurs terreurs, ont accepté danimer leurs dessins et de leur insuffler avec leur style unique le rythme de leurs cauchemars.
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« Ça ne va pas : tu ne dors pas. Il faut que tu ailles au bout de ton rêve : tu dois dormir ! »
Projet singulier et intrigant, « Peur(s) du noir » témoigne de la bonne santé du film danimation et de la BD française, et sinscrit ainsi dans la lignée des projets originaux du genre faisant la part belle à la créativité et à la diversité visuelle, comme « Persepolis » et « Renaissance ». Des projets qui, à linstar de ce « Peur(s) du noir », se distinguaient également par le choix dun visuel exclusivement en noir et blanc. Pour ce film, six grands noms de lunivers de la BD se sont prêtés au jeu de lillustration de leurs cauchemars et de leurs peurs, à savoir Blutch, Charles Burns, Marie Caillou, Pierre di Sciullo, Richard McGuire, et Lorenzo Mattotti. Exclusivement en noir et blanc, les segments du film se distinguent non seulement par leur graphisme, mais aussi par les techniques employées, puisque ont été utilisés lanimation papier, lanimation numérique, et le 3D.
« Cette nuit là, jai serré les yeux très forts, pour empêcher les mauvais rêves dentrer »
Très créatif et loin de tout formatages récurrents dans le milieu du dessin-animé et du film danimation, ce « Peur(s) du noir » apparaît tout dabord comme une petite bouffée doxygène dans ce genre cinématographique. Dautant que visuellement, lensemble est particulièrement beau et soigné. Que ce soit sous un trait particulièrement soigné et stylé (lhomme aux chiens) ou sous un trait plus « simple » (létudiant et son monstre), la juxtaposition de tous ces univers visuels est remarquable et assez scotchante. Malheureusement, le vrai problème de ce « Peur(s) du noir » réside dans linégale qualité de sa forme et de son fond. Car côté scénario, le résultat est beaucoup moins convaincant, les différents segments ne bénéficiant pas de la même qualité scénaristique. Si lhomme aux chiens se révèle particulièrement inquiétant de par sa folie et son sadisme gratuit, et si le très kafkaïen segment concernant létudiant et sa bestiole des bois savère très intéressant et prenant, les segments suivants se heurtent cependant à une certaine banalité. Le très convenu récit de lhomme enfermé dans une étrange maison hantée par une spécialiste de la décapitation savère classique et prévisible, tout comme celui de la gamine japonaise et du samouraï. Reste le segment de la chasse au crocodile, qui a défaut de passionner, surprend par son aspect mystérieux et par sa poésie étonnamment aérienne. De plus, et cest peut-être au fond le principal défaut de ce film sur les peurs, cest quon ne tremble jamais devant lécran.
« Le brouillard montait, montait en moi. Je mégarais comme dans un rêve »
Au fond, ce nétait peut-être pas non plus lobjectif principal de ce film, centré plus probablement sur la qualité esthétique des graphismes. Et en cela, le film est très réussi. Dautant que sur la forme, le choix des voix, très particulières, souvent énigmatiques et graves, viennent renforcer la qualité générale du film (mentions particulières pour Arthur H et Nicole Garcia). Les élucubrations de Nicole Garcia, sur fond graphique abstrait, sont aussi savoureuses, intelligentes, et souvent amusantes. Pour le reste, dommage que le choix des scénarios se soient portés vers des sujets trop minimalistes et souvent trop référencés. Ils laissent pour le coup une partie des spectateurs, dont je fais partie, en marge du film, peu touché par lensemble.
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