Une place au soleil
« Jai rencontré George à Chicago. Il manque déducation mais il est ambitieux. Je lai fait venir pour lui proposer une place dans lentreprise. Vous ne serez pas obligé de le fréquenter, il ne veut que travailler »
George Eastman, neveu pauvre et ambitieux d'un magnat de l'industrie est embauché en bas de l'échelle par son oncle. Malgré les règles strictes de l'usine, il a une aventure avec une ouvrière qui tombe enceinte de lui. En même temps, il s'éprend d'une fille de la bonne société. Le mariage avec elle lui ouvrirait définitivement les portes d'un autre monde. Mais il y a le problème de son amante enceinte...
« Tu verras George, nous serons très heureux. Tu apprendras à être heureux davoir ce que tu as, plutôt que de courir après ce que tu ne peux pas avoir. Au fond, ce sont les choses simples qui comptent »
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Réalisé en 1951 par George Stevens (réalisateur entre autres de « Lhomme des vallées perdues » en 1953, de « Géant » en 1956, du « Journal dAnne Franck » en 1958, ou encore de « La plus grande histoire jamais contée » en 1965), « Une place au soleil » est une adaptation du roman de Theodore Dreiser « Une tragédie américaine » publié en 1925. Il sagit là de la deuxième adaptation de ce roman sur grand écran puisque Josef Von Sternberg avait déjà réalisé un premier film en 1931, sous le titre « Une tragédie américaine ». Pour la petite histoire, le film révèlera au grand public deux futurs géants : Montgomery Clift et Elizabeth Taylor. Sen suivront deux autres collaborations : « Larbre de vie » (Dmytryk 1957) et « Soudain lété dernier » (Mankiewicz 1959). Liés par une indéfectible relation damitié amoureuse née sur le plateau de ce film, Liz Taylor restera jusquà la longue et tragique fin de Clift son plus fidèle soutien. Ils auraient du jouer dans un quatrième film ensemble, « Reflets dans un il dor » (Huston 1967), mais Clift décèdera tragiquement quelques semaines avant le début du tournage, et sera remplacé par Marlon Brando. « Une place au soleil » sera nommé 9 fois aux Oscars de 1952, remportant 6 statuettes dont celui de meilleur réalisateur. Nommés dans les catégories de meilleurs comédiens et comédiennes, Clift et Shelley Winters repartiront cependant bredouilles.
« Chaque fois que vous me quittez, jai limpression que je vais être séparée de vous à tout jamais »
Grande histoire damour romanesque ou portrait cynique dune Amérique socialement injuste, à lopposé du rêve américain ? Les deux mon capitaine. Car dans ce film ambitieux et dense, les deux thématiques sont implicitement imbriquées. Nous suivons ainsi le destin de George, jeune homme ambitieux issu dune famille et dun milieu pauvre de lAmérique profonde, qui traverse tout le pays afin dy rejoindre un oncle éloigné ayant fait fortune en montant une grosse affaire, prêt à lui donner sa chance dans son entreprise. Mais exclu par les travailleurs qui le considèrent comme un membre de la famille dirigeante et par sa « famille » pour qui il reste un pouilleux nétant pas des leurs, le héros se retrouve dans une situation peu enviable dexclusion, ne trouvant un peu de réconfort quauprès dune jeune ouvrière quil fréquente contre les règles dictées par son puissant oncle. Cette dualité sociale se répercute également sur la vie sentimentale du héros, tiraillé entre une ouvrière quil naime pas mais quil a mis enceinte, et la jeune et jolie héritière dun des pontes de la région, débutante la plus en vue de la haute société locale, dont il tombe amoureux et par laquelle il pourrait trouver un formidable tremplin social. Totalement déchiré, George ne sait trop comment gérer la situation, sans renoncer ni à lamour ni à ses ambitions. Car là est bien le problème pour cet homme qui nest quun médiocre arriviste, incapable dassumer ses responsabilités. Avec cette tumultueuse histoire, le réalisateur réussit son film sur les deux tableaux. Brillamment mis en scène (quelques jolies scènes un peu explicatives, telles lentrée dans la haute société de Clift symbolisée à lécran par le passage du salon de danse au bras dElizabeth Taylor) sa chronique sociale, tout dabord, savère particulièrement acerbe vis-à-vis de la classe des nantis, dégueulant de mépris pour la classe de ses employés. Oisifs, pédants, prétentieux, ils nacceptent jamais vraiment le héros (ils sempressent de lexclure de leur club dès linstant où la police le tient comme suspect). Pire, le réalisateur sinterroge sur le sort qui aurait été le sien et sur lattitude des autorités judiciaires si George avait été un fils de notable. Reste dès lors une incroyable et déchirante histoire damour, portée par deux jeunes débutants Montgomery Clift et Elizabeth Taylor, incandescents au firmament de leur beauté et de leur séduction, belle parce que plus forte que le destin, qui se trouve sublimée dans une ultime scène dadieu.
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