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21 Sep

Une place au soleil

Publié par platinoch  - Catégories :  #Drames

« J’ai rencontré George à Chicago. Il manque d’éducation mais il est ambitieux. Je l’ai fait venir pour lui proposer une place dans l’entreprise. Vous ne serez pas obligé de le fréquenter, il ne veut que travailler »

George Eastman, neveu pauvre et ambitieux d'un magnat de l'industrie est embauché en bas de l'échelle par son oncle. Malgré les règles strictes de l'usine, il a une aventure avec une ouvrière qui tombe enceinte de lui. En même temps, il s'éprend d'une fille de la bonne société. Le mariage avec elle lui ouvrirait définitivement les portes d'un autre monde. Mais il y a le problème de son amante enceinte...

« Tu verras George, nous serons très heureux. Tu apprendras à être heureux d’avoir ce que tu as, plutôt que de courir après ce que tu ne peux pas avoir. Au fond, ce sont les choses simples qui comptent »

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Réalisé en 1951 par George Stevens (réalisateur entre autres de « L’homme des vallées perdues » en 1953, de « Géant » en 1956, du « Journal d’Anne Franck » en 1958, ou encore de « La plus grande histoire jamais contée » en 1965), « Une place au soleil » est une adaptation du roman de Theodore Dreiser « Une tragédie américaine » publié en 1925. Il s’agit là de la deuxième adaptation de ce roman sur grand écran puisque Josef Von Sternberg avait déjà réalisé un premier film en 1931, sous le titre « Une tragédie américaine ». Pour la petite histoire, le film révèlera au grand public deux futurs géants : Montgomery Clift et Elizabeth Taylor. S’en suivront deux autres collaborations : « L’arbre de vie » (Dmytryk – 1957) et « Soudain l’été dernier » (Mankiewicz – 1959). Liés par une indéfectible relation d’amitié amoureuse née sur le plateau de ce film, Liz Taylor restera jusqu’à la longue et tragique fin de Clift son plus fidèle soutien. Ils auraient du jouer dans un quatrième film ensemble, « Reflets dans un œil d’or » (Huston – 1967), mais Clift décèdera tragiquement quelques semaines avant le début du tournage, et sera remplacé par Marlon Brando. « Une place au soleil » sera nommé 9 fois aux Oscars de 1952, remportant 6 statuettes dont celui de meilleur réalisateur. Nommés dans les catégories de meilleurs comédiens et comédiennes, Clift et Shelley Winters repartiront cependant bredouilles.

« Chaque fois que vous me quittez, j’ai l’impression que je vais être séparée de vous à tout jamais »

Grande histoire d’amour romanesque ou portrait cynique d’une Amérique socialement injuste, à l’opposé du rêve américain ? Les deux mon capitaine. Car dans ce film ambitieux et dense, les deux thématiques sont implicitement imbriquées. Nous suivons ainsi le destin de George, jeune homme ambitieux issu d’une famille et d’un milieu pauvre de l’Amérique profonde, qui traverse tout le pays afin d’y rejoindre un oncle éloigné ayant fait fortune en montant une grosse affaire, prêt à lui donner sa chance dans son entreprise. Mais exclu par les travailleurs qui le considèrent comme un membre de la famille dirigeante et par sa « famille » pour qui il reste un pouilleux n’étant pas des leurs, le héros se retrouve dans une situation peu enviable d’exclusion, ne trouvant un peu de réconfort qu’auprès d’une jeune ouvrière qu’il fréquente contre les règles dictées par son puissant oncle. Cette dualité sociale se répercute également sur la vie sentimentale du héros, tiraillé entre une ouvrière qu’il n’aime pas mais qu’il a mis enceinte, et la jeune et jolie héritière d’un des pontes de la région, débutante la plus en vue de la haute société locale, dont il tombe amoureux et par laquelle il pourrait trouver un formidable tremplin social. Totalement déchiré, George ne sait trop comment gérer la situation, sans renoncer ni à l’amour ni à ses ambitions. Car là est bien le problème pour cet homme qui n’est qu’un médiocre arriviste, incapable d’assumer ses responsabilités. Avec cette tumultueuse histoire, le réalisateur réussit son film sur les deux tableaux. Brillamment mis en scène (quelques jolies scènes un peu explicatives, telles l’entrée dans la haute société de Clift symbolisée à l’écran par le passage du salon de danse au bras d’Elizabeth Taylor) sa chronique sociale, tout d’abord, s’avère particulièrement acerbe vis-à-vis de la classe des nantis, dégueulant de mépris pour la classe de ses employés. Oisifs, pédants, prétentieux, ils n’acceptent jamais vraiment le héros (ils s’empressent de l’exclure de leur club dès l’instant où la police le tient comme suspect). Pire, le réalisateur s’interroge sur le sort qui aurait été le sien et sur l’attitude des autorités judiciaires si George avait été un fils de notable. Reste dès lors une incroyable et déchirante histoire d’amour, portée par deux jeunes débutants – Montgomery Clift et Elizabeth Taylor, incandescents – au firmament de leur beauté et de leur séduction, belle parce que plus forte que le destin, qui se trouve sublimée dans une ultime scène d’adieu.

  



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