Poetry
« Jai des prédispositions pour la poésie : jaime les fleurs et je dis des trucs bizarres »
Dans une petite ville de la province du Gyeonggi traversée par le fleuve Han, Mija vit avec son petit-fils, qui est collégien. Cest une femme excentrique, pleine de curiosité, qui aime soigner son apparence, arborant des chapeaux à motifs floraux et des tenues aux couleurs vives. Le hasard lamène à suivre des cours de poésie à la maison de la culture de son quartier et, pour la première fois dans sa vie, à écrire un poème. Elle cherche la beauté dans son environnement habituel auquel elle na pas prêté une attention particulière jusque-là. Elle a limpression de découvrir pour la première fois les choses quelle a toujours vues, et cela la stimule. Cependant, survient un événement inattendu qui lui fait réaliser que la vie nest pas aussi belle quelle le pensait.
« Ecrire un poème, cest chercher la beauté »
Auréolé de son prix du scénario cannois, « Poetry » débarque sur nos écrans avec la flatteuse réputation d'avoir ému le jury et les festivaliers de Cannes. Porté par un bouche à oreille et une critique presse à l'unisson, le nouveau Lee Chang-Dong (« Secret sunshine ») apparaissait comme étant la nouvelle perle du cinéma coréen. C'était surtout le film à ne surtout pas manquer de cette rentrée. Seulement voilà, ce n'est pas le tout de susciter la curiosité et l'envie, encore faut-il tenir ses promesses. Car si sur le papier, il était question d'un portrait de femme sensible et bouleversant, force est de constater que « Poetry » est davantage un interminable mélodrame tire-larmes.
« Le temps passe, les fleurs trépassent »
Ainsi, si l'histoire de cette grand-mère digne et courageuse devant faire face à la fois à la maladie d'Alzheimer et au crime commis par son petit-fils pouvait paraître de prime abord plutôt originale et dense, elle se borne tout juste à un jeu artificiel d'oppositions faciles (elle réapprend à s'émerveiller des plaisirs simples de la nature en s'ouvrant à la poésie alors que son petit-fils, à l'image du monde, sombre dans la violence, la bêtise, la méchanceté et le consumérisme). Impression renforcée par la mise en scène très froide de Lee Chang-Dong, qui ne parvient jamais véritablement à nous émouvoir (notamment dans les faces-à-faces de lhéroïne avec son petit-fils, mais aussi avec la mère de la victime, ou encore les parties de badmington). Mais pire encore, en faisant le choix d'étirer son récit plus que de raison sur plus de deux (interminables) heures et demi, le réalisateur finit par noyer son film dans linaction la plus rébarbative. Seule point remarquable, la performance lumineuse de Yoon Jung-Hee, grande star du cinéma coréen des années 60 qui n'avait pas tourné depuis plus de quinze ans, et qui sauve le film à elle seule de l'ennui le plus profond. Reste aussi le portrait désenchanté dressé par Lee Chang-Dong de la société coréenne, en proie à la violence, à la corruption, à la mélancolie (terrible scène où un homme cherche dans sa mémoire quel a été le plus beau jour de sa vie) et au consumérisme, thématique récurrente du cinéma coréen des années 2000 (« The chaser », « Memories of murder »).
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