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23 Sep

La possibilité d'une île

Publié par platinoch  - Catégories :  #Inclassables

« Je viens vous offrir la vie éternelle »

Fils d'un gourou d'une secte dérisoire, Daniel1 fait des mots croisés en attendant que sa vie prenne un sens. Il traîne. Silencieusement. Indifférent finalement aux transports du monde actuel. A ses loisirs comme à ses peines. Daniel25 (vingt-quatrième descendant, par reproduction artificielle, de Daniel1) vit silencieusement dans une cellule souterraine, rivé sur les images satellite d'un monde extérieur désert, contaminé, dévasté par des guerres ethniques et religieuses qui ont conduites à des conflits nucléaires, des épidémies incontrôlables, et surtout, des catastrophes climatiques d'une ampleur inédite. Comment Daniel1 a-t-il rendu possible Daniel25 ? Peut-être en passant par une île, un territoire isolé sur lequel Daniel1 se posant enfin des questions sur l'avenir du monde, admet l'hypothèse scientifique et biologique d'une possible éternité humaine. Peut-être en étant le premier à accepter de disparaître au profit d'un autre lui-même, un mutant, un "surhomme". Un survivant à tout. Mais seul, quel est le sens de la survivance ?

« Ce qu’on essaie ici, c’est de préparer la suite. Car après l’humanité, il y aura forcément une suite »

Auteur le plus en vue et le plus controversé de sa génération, Michel Houellebecq aura eu le privilège de voir la moitié de ses romans (quatre au total) adapté sur grand écran. Après « Extension du domaine de la lutte » (Harel – 1999) et « Les particules élémentaires » (Roelher – 2006), l’auteur s’est donc décidé à réaliser lui-même l’adaptation cinématographique de son dernier roman en date « La possibilité d’une île ». Une première qui n’en est pas tout à fait une puisque Houellebecq avait déjà réalisé quelques courts métrages entre le milieu des années 70 et le début des années 2000. « La possibilité d’une île » a été présenté officiellement au Festival de Locarno 2008, dans la catégorie réservée aux films expérimentaux.

« Depuis toujours, on vit avec le vieillissement et la mort qui conditionnent l’existence humaine. Au fond ce n’est qu’un problème technique. L’éternité est à portée de main. Quand l’homme pourra créer la vie, nous entrerons dans un nouveau siècle »

Bien qu’ayant déjà été adapté deux fois sur grand écran, il était quand même très surprenant de voir l’auteur Michel Houellebecq passer lui-même derrière la caméra pour adapter son propre roman, le dernier en date, « La possibilité d’une île ». Et ce d’autant plus que cette fable d’anticipation sur le délire et le danger des sectes qui démystifie l’intérêt d’une éventuelle et hypothétique immortalité – ici synonyme d’ennui – était probablement son œuvre la moins cinématographique. Du coup, pas étonnant que ce film soit un film conceptuel et expérimental, dans la lignée de ceux produit dans les années 60 et 70 (on pense vaguement à « Zabriskie point » de Antonioni). Le gros problème du film, c’est que le scénario de Houellebecq, totalement abscons, part complètement en sucette (à se demander s’il y avait bien un scénario au départ), ne ressemblant en rien au livre et nous laissant perdus et ahuris devant des scènes totalement grotesque (vision de l’enfer se résumant à un club de vacances à Bali où le héros se fait harceler par un belge bavard, amateur de concours de bikinis) et à la symbolique lourdingue (la grotte futuriste de Daniel25 renvoie inexorablement à l’allégorie de la caverne de Platon). Dès lors, difficile de trouver un quelconque intérêt à ce film qui fait le choix difficile de l’épure, tant dans la forme que dans les dialogues, renforçant par là même son côté incompréhensible. Ajoutons à cela un parti pris stylistique un peu poseur, vaguement inspiré par Wong Kar-Waï et par son goût pour les paysages bizarres, qui finira de dérouter les spectateurs. Reste un Benoit Magimel à la coiffure improbable et au maquillage grotesque, qui se débat seul et perdu au milieu de ce grand n’importe quoi, et qui doit encore se demander ce qu’il est venu faire dans cette aventure. Au final, « La possibilité d’une ile » laisse perplexe, ne ressemblant à rien d’existant. Difficile dès lors de savoir si on est présence d’une œuvre novatrice ou d’un fumeux vide abyssal. Aucun des deux sans doute. On dira de « La possibilité d’une ile » qu’il est un non-film.

  



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B
Ayant lu le livre, qui quelque long qu'il fut avait quand même quelque part un reste d'"intérêt à être parcouru, bien que pénible à lire et sans vraiment grande passion. Quelle surprise de voir que le film a expurgé les seuls centres d'intérêts du livre ! il ne reste plus rien qu'une boite vide d'un ennui soporifique.... ronnnn pffff !
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Le site sans prétention d'un cinéphile atteint de cinéphagie, qui rend compte autant que possible des films qu'il a vu!