Renaissance
« Avec Avalon, je sais que je suis belle et que je le resterais. Avalon, la promesse dun monde meilleur »
Si lunivers des dessins-animés de notre enfance semble en grande partie révolu sur grand écran, la 2D ayant laissée progressivement place à lanimation 3D jusquà la saturation du genre (que de ressemblance dans les thèmes et le visuel, on pense notamment à « Madagascar » et « The wild », par exemple), il fallait trouver et développer de nouveaux projets, plus originaux, pour redonner une bouffée doxygène au genre. Et pour le coup, le projet le plus ambitieux et le plus audacieux de ces dernières années est un français !
Car avec « Renaissance », les développeurs du projet nous propose une vraie histoire danticipation et de SF sadressant à un vrai public adulte, et un visuel mêlant motion capture et bande-dessinée. Retour sur un très grand film.
« La recherche en génétique est périlleuse. Cest un combat de chaque moment. Si vous en perdez la raison, vous en perdez le sens. »
Lhistoire :
2054. Dans un Paris ultra-moderne et stylisé, où tous le monde semble être surveillé par des puces électroniques et des caméras de surveillance, une jeune scientifique, Ilona Tasuiev, est kidnappée. Employée par Avalon, énorme multinationale de la recherche médicale qui semble en état de toute puissance, sorte de dictature de la beauté et des produits de santé régissant la société à grands coups de publicités énormes dans les rues, celle-ci fait pression sur les services de police pour quon retrouve sa scientifique. On fait alors appel à Karas, flic de choc aux méthodes peu orthodoxes. Mais lenquête prend un tour moins conventionnel que convenu, passant du simple enlèvement à des recherches scientifiques sur le vieillissement tenues secrètes
« Sans la mort, la vie na pas de sens »
Ce qui surprend réellement après visionnage du film « Renaissance », cest la réelle ambition que toute léquipe a su mettre dans ce film. Ainsi, rien na été laissé au hasard et le fond comme la forme tiennent franchement bien la route. Le scénario, ultra marqué « bande-dessinée » et ultra référencé (« Blade Runner », clairement), mêle subtilement polar, film noir, film de science-fiction et film danticipation. Et le tout sans laisser un genre en dominer un autre et en préservant toujours une part de suspense. Le film est également accrocheur par la modernité de son propos, qui au-delà de lenquête propose une réflexion anticipative sur un monde gouverné par une entreprise totalitaire, par des valeurs aussi ineptes que la beauté, et plus encore sur les risques et les limites morales de la recherche médicale et génétique, en loccurrence ici sur la quête de limmortalité.
« Comme la vie est belle, comme la mort sera douce. Paisiblement, je renais. »
Ce scénario si bien construit soffre un superbe écrin par la forme très particulière qui caractérise « Renaissance ». En effet, dans un style très BD (on y retrouve Bilal ou Moebius parmi les inspirations) où nexiste que le noir et le blanc sans dégradé de gris, léquipe dirigée par le réalisateur Christian Volkman a choisit la motion picture (comme dans le film « Le pôle express » de Zemeckis), à savoir la technique informatique consistant à enregistré les mouvements de comédiens à laide de capteurs placés à des endroits bien spécifiques sur leur corps, leur permettant dobtenir un effet ultra léché et réussi, mi-film (avec comédiens réels) mi-BD.
Le noir et blanc est de plus un parti pris intéressant puisque dans un contexte futuriste il permet également de rendre hommage aux films noirs des années 40 et 50, tourné en noir et blanc, et donnant là aussi un coté retro qui se superpose à la modernité.
Par ailleurs, les scénaristes ont décidé de restituer cette histoire dans un Paris visuellement très ressemblant et futuriste à la fois, qui compte quasiment comme un personnage à part entière tant ce décor est important à lensemble. Ce Paris futuriste frappe par la force créative et imaginative de ceux qui lont créée.
« - Je ne suis pas doué pour donner des leçons, mais je suis doué pour flairer les fils de pute.
- Pour quelquun de brillant, je trouve quon meurt beaucoup dans vos enquêtes »
Pour conclure, « Renaissance » est un film hors du commun. De par sa forme unique mêlant motion capture (et donc travail avec de vrais acteurs faits de chair et dos), et univers BD magnifié par un noir et blanc sans concessions, léquipe dirigée par Christian Volkman a réussit a créer une ambiance envoûtante de film noir et de dunivers irréel. Et ce sans pour autant dénigrer toute la partie scénaristique. En effet, le scénario est de plus ingénieux, des plus modernes, et des plus dactualités, soffrant même quelques passages obligés et scènes un peu clichés, rendant hommage aux films noirs ayant inspirés ce long métrage. « Renaissance » offre une véritable bouffée doxygène aux films danimations dont les dernières productions, toutes standardisées, commençaient à nous faire ressentir une certaine forme de saturation. « Renaissance » est définitivement un grand film à voir, pour sa forme originale, et pour son univers envoûtant. A condition de se laisser entrer progressivement dans un univers visuel qui peut malgré tout sembler déroutant dans les tous premiers instants.
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