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25 May

Le Reptile

Publié par platinoch  - Catégories :  #Westerns

« Tu as réussit à faire fortune une fois, tu y arriveras bien une seconde fois »

 

Définitivement, Joseph L. Mankiewicz est un cinéaste à part. Iconoclaste, il réalise « Le Reptile » en 1970, qui est son avant-dernière réalisation. Le réalisateur de « Soudain l’été dernier », « Eve », « La comtesse aux pieds nus », « L’aventure de Mrs Muir » ou encore de « Cléopatre »,surfant sur la vague de liberté qui souffle sur le cinéma de la fin des années 60 et du début des années 70, il s’attaque à un genre dont il est peu coutumier : le western. Genre à part entière dans le cinéma américain, le western traditionnel est néanmoins sur le déclin (déclin annoncé par « Coups de feu dans la sierra » de Peckinpah près de dix ans plus tôt), et quelque peu renouvelé par l’émergence du Western Spaghetti.

 

Le film raconte le destin de Paris Pitman Jr., un bandit qui détrousse une richissime famille en les dépouillant de 500.000 dollars, qu’il prend soin de cacher dans un trou rempli de serpents en plein milieu du désert. Finalement arrêté, il part pour dix ans de travaux forcés dans une prison perdue dans le désert. Se ventant de son trésor, il manipule ses co-détenus et tente de manipuler le nouveau directeur de l’établissement, très intègre et progressiste, afin d’obtenir leur aide, contre rétribution, pour se faire la belle. Intelligent, rusé et manipulateur, Pitman va échafauder un spectaculaire plan d’évasion avec ses co-détenus…

 

« Je lui ai dit qu’on devait sortir par la grande porte, mais ce n’est qu’une ruse. De toutes façons, il devait être pendu demain. Ça lui laisse sa chance de toutes façons »

 

Ce film s’inscrit clairement dans les derniers grands westerns hollywoodiens. On y retrouve d’ailleurs l’influence du western spaghetti lancé par Sergio Leone, dans la transformation de certains codes du genre, comme le retournement des valeurs (le héros n’est plus un justicier vertueux mais une crapule notoire forte en gueule, le justicier n’est plus incorruptible), l’introduction de grands monologues, d’une bonne dose d’humour (la scène du bain collectif est d’ailleurs un must du genre, le genre de scène inimaginables dans un western de Ford ou de Houston), et surtout de cynisme. En effet, derrière ses allures de gentil meneur, le héros, homme séduisant et intelligent, ne cesse de manipuler ses camarades d’infortune pour mieux les utiliser et s’en débarrasser à sa guise. Dans le même genre, le vieux commandant de la place, un homme vertueux et ouvert d’esprit, partira finalement avec le butin…

 

Forte d’un profond cynisme, cette œuvre est aussi marquée par une certaine forme de méchanceté latente. A la croisée de plusieurs genre et références, on reconnaîtra des influences telles que les films « Vera Cruz » pour son cynisme, « La grande évasion » ou « Les douze salopards » pour la grande scène de tentative d’évasion générale qui marque la fin du film. On reconnaîtra également l’influence des films de Leone pour cette liberté de ton, cet anticonformisme qui frôle même parfois l’anarchisme et le politiquement incorrect (il montre des personnages « inhabituels » dans le genre, comme des homosexuels, par exemple). En outre, « Le reptile » s’inscrit dans un courant de westerns décomplexés et plein d’humour, qui va connaître ses heures de gloire à la fin des années 60, avec des films comme « L’or des pistoleros » (William A. Graham, 1967) avec James Coburn. Notons que la musique (comme dans « L’or des pistoleros ») est profondément hippy.

 

 

« On allait quand même pas s’embarrasser de ce vieux croûton boiteux et des deux vieilles tantes !!! »

 

Pour mener à bien son projet, Mankiewicz s’est entouré d’acteurs de qualité, la plupart étant des légendes de l’univers du western. Tout d’abord Kirk Douglas, habitué du genre, qui joue un bandits manipulateur, au physique à mi-chemin entre le cow-boy sur le retour et le baba cool des années 70 (cheveux un peu trop longs et pattes gentiment hippys). Face à lui un excellent Henry Fonda, la figure éternelle du justicier vertueux, qui joue ici de son image pour se montrer finalement bien plus corruptible que ce que l’on croyait. Complètent le casting des seconds rôles tous confirmés et excellents, comme Warren Oates, Hume Cronyn ou John Randolph, qui apportent tous une certaine crédibilité à l’ensemble.

 

Pour conclure, ce n’est certainement pas le meilleur film de Mankiewicz. Néanmoins, il s’agit d’un bon film, d’une curiosité à voir. Marqué par un profond esprit de liberté dans son thème (l’évasion de prison) que dans le détournement des codes traditionnels du genre du western, on ne peut qu’être admiratif devant l’intelligence des dialogues et de la véracité des rapports humains qui y sont montrés. Porté par de très bons acteurs, ce film est aussi une comédie devant laquelle on rigole assez souvent. Un classique qui mérite d’être redécouvert !



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B
Le reptile, une parodieJe suis très surpris qu'aucun des commentateurs, critique d'art ou public n'ait qualifié ce film de parodie de western. Tous les thèmes, transformés par la multiplicité des western en poncifs, s'y retrouvent, tournés en ridicule: le shérif (Henry Fonda parodie son rôle de La Poursuite Infernale"), Kirk Douglas, bandit plus salaud que nature, le bordel de luxe remplaçant le premier étage des saloons, le trésor déposé dans un nid de serpents, la mama noire, mais qui commence à s'émanciper, qui fait la gueule dans sa cuisine mais qui (Marin Luther King est passé par là), dès qu'elle entre dans la salle à manger, arbore le sourire rieur conventionnel attribué aux noirs etc, jusqu'à la séquence finale où le shérif ramène le corps du bandit au pénitencier, sur fond de musique militaire: la cavalerie arrive! <br /> Une autre relative originalité du film est aussi passée sous silence: il n'était pas tellement fréquent dans les films américains en 1970 de montrer des femmes les seins nus, ni des homosexuels: il y en a trois dans le film.
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B
Pour l'avoir revu depuis que j'ai lu ta critique, je peux en effet soutenir ton point de vu. Bien qu'ayant un peu vieilli, pas spécialement le meilleur de Manckievich, il fait parti de ce westerns qui comptent, de part son traitement qui en fait un petit ovni dans le genre. A revoir ou découvrir...
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T
Savoureux duo !Mankiewicz était vraiment un cinéaste éclectique, qui a touché à tous les genres ! Le duo Kirk Douglas-Henry Fonda ...j'avoue que j'ai un gros faible pour le deuxième, qui est certainement mon acteur préféré ...d'ailleurs je viens de parler d'un de ses derniers films, sur mon blog !<br /> A bientôt, Platinoch, l'alter-ego de Platini mais dans la critique ciné !
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B
Je ne suis pas sûr d'avoir vu ce film, ou alors quand j'étais trop jeune ! Du coup, je me sens presqu'obligé de le découvrir, afin de m'en faire une idée personnelle. C'est l'intérêt d'une critique objective.
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Le site sans prétention d'un cinéphile atteint de cinéphagie, qui rend compte autant que possible des films qu'il a vu!