Les rois du patin
« Pour patiner en couple, il faut vivre en couple ! »
Etats-Unis. Le monde du patinage artistique individuel masculin se partage entre les deux prodiges hauts en couleurs, Chazz Michael Michaels et Jimmy McElroy. Au physique de taureau, à la provocation torride et à lobsession sexuelle du premier répond la candeur et le physique gracieux du second. Leur rivalité est extrême et un jour où ils doivent se partager la première place, les deux hommes se battent sur le podium, entraînant leur exclusion à vie de cette compétition. Après quelques années de galère, ils apprennent quils peuvent concourir sils sinscrivent en catégorie couple. Reste que le seul entraîneur à croire en eux leur impose de patiner ensemble
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« Chazz Michael Michaels, cest du sexe sur patin à létat pur. Gagner ne lui suffit pas, il fait lamour au public. Il a emballé la salle comme un tas de vieux classiques du porno européen »
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Véritable star outre-Atlantique où il gagné sa popularité sur la scène du célèbre « Saturday night live » et où ses films sont autant de cartons au box-office, Will Ferrell semble atteint en France du syndrome Adam Sandler. En effet, son humour et sa notoriété semble avoir du mal à passer les frontières et ses films ont du mal à sortir sur nos écrans. Dernier sacrifié en date, son récent et pourtant réussi « Ricky Bobby roi du circuit » (McKay - 2006), qui malgré de bons résultats en Amérique était sorti directement en dvd chez nous. Lors dun séjour à New York en début dannée, javais été surpris et intrigué par la campagne daffichage monumentale à laquelle le film avait eu droit, montrant lampleur de la popularité de Ferrell. Je guettais donc la sortie française avec curiosité, pensant même que finalement le film aurait droit au même traitement que « Ricky Bobby ». Finalement, le film a eu droit à une sortie dite technique, se limitant à 7 pauvres copies pour la France. Lamentable. Reste quon retrouve aux manettes du film un tandem de réalisateurs, Josh Gordon et Will Speck, passés avec succès par le court et dont cest ici le premier long. A noter également que le film est produit par Ben Stiller, grand ami de Ferrell.
« Ma philosophie ? Les vêtements sont facultatifs »
Autant le dire tout de suite si tant est quil soit encore nécessaire de le préciser « Les rois du patin » nest pas à proprement parler une comédie fine et subtile. Encore que. Bien évidemment, comme à son habitude, Will Ferrell en fait des tonnes, sadonnant avec une rare euphorie à lart délicat de la démesure et du graveleux. On peut y être totalement allergique autant que complètement fan (ce qui est mon cas !). Dautant que pour couronner le tout, son acolyte dun film, Jon Heder est au moins aussi barge que lui. Et les deux acteurs ne reculent devant rien, ni des accoutrements et autres moumoutes permanentées ridicules, ni des situations les plus barges, ni encore moins des chorégraphies les plus improbables, le tout pour le plus grand plaisir de nos zygomatiques. Mais ce qui impressionne le plus, cest la cohérence avec laquelle les réalisateurs ont crée cet univers totalement loufoque et décalé, basé sur le monde des compétitions de patinage artistique. Parfaitement étudié, cet univers sensuel de danse et de grâce est décrit tel quil est en réalité, à savoir un univers de compétition intense et cruelle où le succès, la gloire et largent sont au centre des préoccupations. Et il devient le théâtre de jeu de nos deux spécimens, qui sy livrent, plus ou moins en roue libre, à tout un tas dabsurdités plus ou moins énormes, pour notre plus grand plaisir. Se jouant à merveille des clichés du milieu sportif en général et du patinage en particulier, ainsi que des films de genre romantique ou buddy movie, Ferrell et Heder se mettent au service dun film qui ne se prend jamais au sérieux et qui a pour seule ambition de nous faire rire. Et ça marche à 200% !
« Pour mes neuf ans, mon père ma fait circoncire pour me rendre encore plus aérodynamique »
Côté réalisation, on ne pourra que saluer limpeccable sens du rythme des novices Gordon et Speck. Cest la difficulté majeure inhérente à toutes les comédies, et ils ont su imposer à leur film un rythme effréné et sans temps mort, qui contribue parfaitement à la réussite comique du film. Côté esthétique, lensemble est gentiment clipesque, ce qui pourrait être critiquable en dautres circonstances. Mais ici, il contribue à appuyer parfaitement latmosphère décalée et loufoque du film. On les félicitera également pour leur audace : certains gags visuels complètement barrés auraient certainement été coupés au montage par dautres réalisateurs (notamment les chorégraphies). De même que pour le détournement hilarant d'un grand nombre de références cinématographiques (de "Citizen Kane" pour la scène de départ à "Rasta Rockett"). Or, cest cette démesure qui fait le sel de cette comédie. Chapeau donc ! Mais plus que tout, on ne peut que saluer leur direction dacteurs. Il ne doit pas être facile de gérer sur un plateau des comédiens hyperactifs en surenchère, comme Ferrell et Heder. Mais tout en cherchant à les canaliser quelque peu, on sent que les réalisateurs ont trouvé le juste équilibre, et leur ont laissé ainsi une certaine marge de manuvre pour improviser un peu et proposer des choses, rendant un résultat parfait. Ferrell et Heder réussissent ainsi des performances hallucinantes, pouvant faire rire dun bout à lautre sur une simple mimique. Derrière les seconds rôles sont au diapason, se faisant de toutes façons voler la vedette par lintenable duo principal. Ainsi, Jenna Fischer, Will Arnett, Amy Poelher, Craig T. Nelson et William Fischner sont impeccables. A noter également les clins dil des stars du patinage américain (Katerina Witt et Sasha Cohen) qui contribuent à donner un semblant de crédibilité à lentreprise, ainsi que ceux des comiques plus ou moins proches de la bande à Ferrell (Luke Wilson, Romany Malco).
« Jai inventé la figure la plus parfaite, la plus dure à exécuter, et la plus dangereuse de lhistoire. Un seul pays a été daccord pour lessayer, la Corée du Nord ! »
Contre toute attente, Gordon et Speck réussissent leur baptême du premier long haut la main. Qui plus est avec une comédie parfaitement maîtrisée et hilarante, de loin lexercice le plus dur à réussir. Il est clair quil y aura certainement des réfractaires à lhumour déjanté de Ferrell. Néanmoins, à condition de rentrer dans toutes ses exubérances et ses folies, force est de constater que ces « Rois du patin » sont véritablement désopilants. Pour être honnête, il y avait même très longtemps que je navais pas rit autant au cinéma. Dommage que les distributeurs nai pas jugé opportun de diffuser plus largement ce film. Quand on voit que « En cloque mode demploi » est distribué sur quasiment 50 fois de plus copies sur lensemble de la France, on se dit quils ont peut être fait le mauvais choix
En tous cas, si vous avez envie de vous déridez un peu en ce morne mois doctobre, et si par miracle le film se joue près de chez vous, un conseil, foncez-le voir, cest énorme !!!
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