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20 Jun

Sparrow

Publié par platinoch  - Catégories :  #Films noirs-Policiers-Thrillers

« - Vous ne faites que du noir et blanc ?

   - C’est plus simple. Les couleurs sont souvent trompeuses »

 

A Hong Kong, un Sparrow est un pickpocket. Kei est le plus habile de tous. Entre deux vols de portefeuilles avec les membres de son gang, il aime arpenter la ville à vélo, et prendre des photos. Un jour, une femme ravissante, Chun Lei apparaît dans son viseur. Il est ensorcelé.
Chaque membre du gang va tomber sous le charme de cette femme qui ne les a pas croisés par hasard. Elle veut que les pickpockets dérobent pour son compte quelque chose de très précieux...

 

« Elle s’est infiltrée parmi nous, comme mon moineau »

 

Signifiant littéralement « Moineau », le terme « Sparrow » est communément utilisé pour désigner les pickpockets sévissant à HongKong, en référence à leur habileté et à leur dextérité. Johnnie To joue ici allégrement de cette double image car si son film traite d’une petit gang de pickpocket, son long métrage s’ouvre et se termine sur le plan d’un moineau. Le réalisateur de polars de HongKong s’illustre une nouvelle fois par sa grande productivité, puisque ce « Sparrow » n’est ni plus ni moins que son vingt-cinquième long métrage réalisé en dix ans ! Parmi ceux-ci ont lui doit quelques grands films qui ont bénéficié d’une sortie sur nos écrans, comme « The mission » (2001), « PTU » et « Breaking news » (2005), ou encore « Election l et 2 » et « Exilé » (2007). Ce « Sparrow » marque sa dixième collaboration avec le comédien Simon Yam. A noter que la musique du film est signée du français Xavier Jamaux, qui avait déjà signé la musique de « Mad Detective », précédent long de To sorti sur nos écrans en mars. A noter que le film a été présenté en Compétition Officielle au Festival de Berlin.

« De mon temps, on attendait d’avoir le niveau pour passer l’audition »

Après toute une série de films plus graves (« Election 1 et 2 », « Exilé » et son massacre final en guise d’hommage à « La horde sauvage » de Peckinpah), le très prolifique Johnnie To semble aspirer à des films plus légers, comme le prouvait déjà sa collaboration sur le récent « Triangle » dont il signait l’un des trois segments. La tendance se confirme donc avec ce « Sparrow », dont le scénario est davantage un prétexte pour le réalisateur à une récréation qu’autre chose. En effet, s’il base toujours son récit dans le milieux des gangsters, des voleurs, et des mafias, son film n’est pour autant un polar au sens où on l’entend. Certes, il reprend les codes du polar et du film noir, avec ses anti-héros, la femme fatale qui les conduit à leur perte, ou encore la machination dont ils sont l’objet. Mais finalement, l’auteur se dégage vite de toute obligation de suspense, de tension, ou de switch, le final étant finalement assez prévisible. L’intérêt est pour le coup ailleurs, dans l’ambiance qui se dégage de ce film. Une ambiance d’une incroyable légèreté, qui ressort de cette musique jazzy qui accompagne le film et de ses scènes tantôt drôles (le coup des lames de rasoir planquées sous les langues, ou encore de cette hilarante mise en scène pour récupérer le pendentif du méchant de service, qui n’a rien à envier à la bande de Danny Ocean), tantôt poétique (l’apparition récurrente de l’oiseau, ou encore le combat final avec sa chorégraphie de parapluie). Mélange de nombreuses influences et d’hommages (les comédies musicales tant américaines que françaises, le polar noir façon Melville), ce « Sparrow », totalement insaisissable, ne ressemble finalement à aucun autre film.

« Pour ne pas perdre la face, je dois prendre ma revanche »

 

Evidemment, le film doit sa réussite en grande partie à l’extraordinaire talent de metteur en scène de To. D’une incroyable virtuosité, celle-ci se montre totalement aérienne, sans oublier pour autant de laisser libre court à la belle créativité du réalisateur, comme dans cette belle chorégraphie de parapluie, totalement improbable, qui conclue le récit. Omniprésente, la musique s’avère également être de bonne facture, et contribue pleinement à apporter cette légèreté à l’ensemble. Côté interprètes, on retrouve quelques habitués du réalisateur, en tête desquels le charismatique Simon Yam, auteur d’une formidable prestation en chef de bande rusé et empreint de mélancolie. A ses côtés, Law Wing-Cheong livre également une prestation remarquable, jouant avec beaucoup d’autodérision de son physique singulier (son déguisement en masseuse professionnelle vaut le détour) et s’assurant par là le statut de second rôle qu'on retient. Habituée des films de To, la belle Kelly Lin incarne pour sa part une redoutable femme fatale, avec à la clé – et chose rare chez Johnnie To – un rôle féminin développé, à la fois forte et manipulatrice mais emprunte également de fragilité. Certes, ce nouvel opus du maître du cinéma HongKongais n’égale peut-être pas ses plus gros films, notamment son excellent « Exilé » sorti l’année dernière, pour autant, de par son originalité et la maîtrise totale de sa mise en scène un film formellement intéressant et très réussi. A voir donc.

  



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B
J'ai adoré le film. Par sa légerté, sa mise en scène, son jeu de lumière, l'alternance d'humour et de gravité. Un petit ovni de plus à voir absolument et à dégustaer sans modération.
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Le site sans prétention d'un cinéphile atteint de cinéphagie, qui rend compte autant que possible des films qu'il a vu!