Stardust, le mystère de l'étoile
« Vous allez lépousez parce quil a été jusquà Ipswich vous cherchez une bague ? Moi, pour obtenir votre main, je traverserais les continents et les océans »
Il était une fois, dans une Angleterre ressemblant trait pour trait à celle du 19ème siècle, un village rural tranquille nommé Wall, nommé ainsi en raison dun mystérieux mur, dont lentrée est gardée jour et nuit depuis toujours pour empêcher le passage des humains de lautre côté. Un autre côté dont on ne sait pas grand chose mais dont la légende dit quil abriterait le royaume de Stormhold, peuplé de sorcières, de magiciens, de pirates volants chasseurs de foudre, ou encore de rois despotes et infanticides. Tristan, un jeune homme vaillant et candide, fait sa cour auprès de la jolie Victoria, courtisée par tous les jeunes hommes de Wall. Cette dernière, qui joue de se statut, doit donner sa main à un garçon plus riche que Tristan, lorsque celui-ci reviendra en ville avec une bague pour lui faire sa demande le jour de son anniversaire. Tristan, qui ne sen laisse pas compter, invite Victoria à un pique nique nocturne, où ils sont les témoins du crash dune étoile filante sur Terre. Tristan sengage à la ramener à sa belle en gage de demande en mariage. Cest ainsi que, comme son père quelque vingt ans plus tôt, il sapprête à son tour à franchir le mur, et à vivre une aventure extraordinaire
« LEtoile est faible : tend-lui un piège propre à lui briser le cur avant de le lui arracher ! »
Entre conte et héroïc fantasy, « Stardust » est ladaptation du roman graphique du même nom écrit par Neil Gaiman et illustré par Charles Vess, sorti en 1997, et devenu un best-seller lannée suivante aux Etats-Unis. Depuis lincroyable trilogie du « Seigneur des anneaux » de Peter Jackson, il semble que le genre de lHeroïc fantasy ai trouvé un regain dintérêt allant de pair avec lévolution des effets spéciaux, permettant de mettre en image toujours plus déléments incroyables. Ce qui est plus surprenant, cest de voir que le genre soit dominé, presque exclusivement, par des productions pour le jeune public. Ainsi, de la saga « Harry Potter » à celle de « Narnia », en passant par « Le secret de Terabithia » (Csupo 2007), il semble évident que les producteurs ciblent un public relativement jeune. En tous cas le genre se porte bien puisque les prochaines semaines verront les sorties des « Portes du temps » (Cunnigham 2007) et de « A la croisée des mondes : la boussole dor » (Weitz 2007) qui sortiront pendant les fêtes, ainsi que de « Prince Caspian », la suite de Narnia qui sortira courant 2008. Ces grosses productions étant souvent dotées de budgets considérables, il était donc étonnant de retrouver langlais Matthew Vaughn à la tête de celle-ci, lui qui navait jusquici dirigé jusqu'ici quun seul (mais néanmoins très bon) film, « Layer cake », en 2005.
« Jamais je navais pensé vivre un jour une telle aventure. Je pensais ne ramasser quun petit caillou et le rapporter, et me voilà avec toi, une étoile »
Vacances de la Toussaint oblige, il fallait sattendre à ce que la plupart des productions soient ciblées pour les enfants. Néanmoins, avec une telle distribution et une critique presse très favorable dans lensemble, ce « Stardust » semblait être en mesure de satisfaire toute la famille. Malheureusement, et c'est certainement la grosse déception de la semaine, rien ne permet jamais à ce « Stardust » de décoller. Le scénario, faiblard et feignant, manque énormément doriginalité. On y retrouve ainsi toujours le même type de héros benêt et apathique, adolescent pétri à la fois dinnocence et de bravoure, quattend un destin plus grand que lui. Face à lui, une nouvelle galerie de méchants, qui finissent par se ressembler tous, des sorcières maléfiques aux rires sardoniques toutes droit sorties de chez Cendrillon ou Blanche Neige, en princes arrivistes et sanguinaires, pour autant seules figures de héros aventuriers charismatiques à proprement parler. De même, le scénario ne laisse la place à aucune surprise : il est évident dentrée que le héros va trouver lamour sincère auprès de létoile, quil battra les sorcières et les princes pour la protéger, et quil retrouvera sa mère, accédant sans le savoir de cette façon au trône. Dès lors, la quête, qui dure plus de deux heures, manque cruellement dintérêt, les différentes étapes se succédant napportant pas grand chose dautre quun peu plus dennui. Trop convenus et stéréotypés, les personnages centraux sont mal dessinés. Les seuls personnages capables dapporter un peu de fantaisie, tel que le Capitaine Shakespeare, ne faisant que de brèves apparitions. Alors certes, lensemble ne se prend pas trop au sérieux, et en bonne production à destination des jeunes spectateurs, manie plutôt bien lautodérision (le coup des frangins prétendants au trône qui sassassinent les uns les autres et qui se retrouvent morts en spectateurs, le Capitaine qui est une vraie folle et qui joue les gros durs devant ses hommes), mais lhumour reste souvent au ras des pâquerettes (le revendeur de foudre dont la voie est changée en cri de singe par la sorcière).
« Ce que je sais de lamour, cest quil doit être inconditionnel. Il ne sachète pas comme une marchandise »
Sur la forme, on est très partagé devant ce « Stardust ». On imagine bien que ce film a du bénéficier dun gros budget. Pourtant, à aucun moment on ne peut sempêcher de trouver lensemble cheap. Du bateau pirate qui vole aux tours de magie des sorcières en passant par les poursuites en calèches et les décors, tout apparaît comme étant à des années lumières de ce quon a pu voir dans « Le seigneur des anneaux », « Harry Potter », ou dans la saga du « Pirates des Caraïbes ». A ce résultat visuel peu probant, on peut rajouter un casting trop inégal. Le jeune Charly Cox, qui campe le héros, mérite ainsi le prix de la plus grosse tête à claque 2007 tant son jeu nest pas subtil et tant il se complet à maintenir son personnage dans les eaux troubles et pathétiques du héros neuneu et simplet. A ses côtés, la blonde Claire Danes nous a déjà paru plus inspirée. Trop lisse, à la beauté trop particulière, elle nétait pas selon moi le meilleur choix pour jouer ce rôle auquel elle napporte rien. Du coup, le film est trop dépendant des seconds rôles particulièrement talentueux et confirmés pour relever un peu le niveau. Félicitations au passage à Robert de Niro, encore une fois formidable, ainsi quà Michelle Pfeiffer, quon est toujours aussi heureux de retrouver. Notons au passage les petites apparitions de Peter OToole, Rupper Everett, ou encore Sienna Miller. On ne peut malgré tout sempêcher de se demander ce que de tels comédiens sont venus faire dans un tel film ?
« Je ne demanderais rien de plus en échange : mon cur contre le tien »
Grosse déception au final pour ce « Stardust », grosse production dheroïc fantasy au casting alléchant, qui ne sort jamais des sentiers battus. Manque doriginalité, de rythme, intrigue apathique, autant déléments qui rendent le long (deux heures !) visionnage de ce film indigeste et soporifique. On regrettera notamment une trop grande multiplicité des intrigues qui finissent toutes par se perdre dans dinutiles méandres sans fin, ainsi que la façon avec laquelle le réalisateur, rarement touché par la grâce, arrive à plomber ses rares bonnes idées (le bateau volant par exemple). Lourdaud et un peu ringard, « Stardust » sera-t-il tout juste suffisant pour satisfaire les plus jeunes et les moins regardants. Pour les autres, ce divertissement reste plus que dispensable.
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