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11 Jun

Teeth

Publié par platinoch  - Catégories :  #Comédies

« La vie nous a donné un cadeau, l’offrir au premier venu serait comme donner un prospectus »

Dawn est une adolescente modèle : bosseuse, brillante, elle est également l’incarnation de la bonne morale puritaine du lycée puisqu’elle est une des meneuses de l’association des lycéens chrétiens, prônant notamment la chasteté et l’abstinence sexuelle jusqu’au mariage. Mais c’était sans compter sur l’arrivée d’un petit nouveau, Tobey, duquel Dawn tombe littéralement sous le charme. Si ce dernier est tout comme elle membre de l’association de chasteté, leur attirance mutuelle est si forte qu’ils peinent à contenir leurs pulsions. Jusqu’au jour où la vraie nature du gentil Tobey prenne le dessus et que celui-ci ne viole Dawn. Mais sans le savoir, cette dernière découvre alors que son vagin est muni de dents…

 

« Tu es toujours pure. A Ses yeux. »

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Comédien, scénariste, producteur, si Mitchell Lichtenstein n’est pas très connu, il est néanmoins implanté dans le milieu du cinéma depuis le milieu des années 80. Avec « Teeth », qu’il a également écrit et produit, il passe pour la première fois derrière la caméra signant ainsi son premier long. Et le moins que l’on puisse dire, à la vue de son sujet – une adolescente prude découvre que son vagin est anormalement denté – c’est qu’il n’a pas choisi la facilité pour son baptême du feu. D’autant qu’un film basé sur un tel sujet, même s’il sert à amener une réflexion plus profonde, comporte le risque d’être vite catalogué comme appartenant à la grande famille des teen comédies potaches qu’Hollywood nous produit à tour de bras. Par soucis de véracité, le film a été tourné dans une banlieue d’Austin, Texas, typique de l’Amérique profonde où les valeurs dénoncées par le film y sont largement défendues. Revenu bredouille du Festival de Deauville 2007 où il était en compétition, le film a connu plus de réussite au Festival de Sundance, où sa jeune comédienne, Jess Weixler a été récompensée du Prix Spécial du jury pour sa performance.

« Il y a quelque chose en moi qui est mortel »

Forcément, avec un pitch pareil – le vagin denté – « Teeth » bénéficiait depuis quelques mois d’un buzz médiatique sur Internet. Mais loin du genre de la teen movie comédie dans laquelle son thème « En dessous de la ceinture » semblait l’enfermer, « Teeth » s’avère être un film beaucoup plus subtil et intelligent qu’il n’y paraît. Reprenant la peur ancestrale – bien connue de la psychanalyse – du sexe féminin, de ses mystères, de son pouvoir et de sa fonction procréatrice, le film se permet d’aller au-delà de la simple comédie gore pour brocarder et critiquer la société américaine et ses valeurs puritaines. Et tout le monde en prend pour son grade, du système éducatif qui cache, lors des cours d’éducation sexuelle, le schéma du sexe féminin dans les livres de biologie pour respecter « la pudeur naturelle des femmes » (fait divers véridiques d’un lycée de Virginie au cours de l’année 2000), en passant par la religion et ses associations, prônant des valeurs rétrogrades. En outre, le réalisateur livre un joli message féministe, n’oubliant pas de rappeler les violences faites aux femmes depuis des décennies (viol, brimades, culpabilisation, rabaissement social), et une certaine forme de revanche sociale – ou d’émancipation ? – par le biais de ce vagin denté, parfait outil de castration masculine. Mais le réalisateur Mitchell Lichtenstein réussit également un tour de force puisque malgré l’âpreté de son propos, il parvient à consacrer une large part de son film au divertissement. Qu’il soit gore (amputations de pénis ou de doigts) ou rigolo, ces passages assurent une bonne efficacité au film.

« Ta bouche dit quelque chose, ma belle, et ta chatte dis quelque chose de totalement différent »

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Si ce « Teeth » jouit d’un scénario pertinent et bien écrit, dans la forme, la réalisation de Mitchell Lichtenstein connaît ses limites. La faute notamment à un visuel franchement dépouillé, austère et tristounet. Un parti pris justifiable, mais qui peine finalement à mettre le film en valeur. De même, on pourra reprocher au réalisateur de n’avoir pas su homogénéiser le rythme de son film, celui-ci étant en proie à de nombreux baisses de régime et à quelques passages un peu inutiles (le décès de la mère par exemple). Mais l’atout numéro un de ce « Teeth » est sans hésitation possible l’interprétation de Jess Weixler. La charmante comédienne, jusqu’ici inconnue, livre une incroyable prestation. Passant du rire aux larmes avec une incroyable facilité, jouant tantôt la prude tantôt la vamp, et osant avec naturel jusqu’aux trucs les plus improbables (la scène chez les gynéco vaut son pesant de cacahuètes, comme celle avec son demi-frère), elle irradie le film de son naturel et de son talent. A ses côtés, les autres comédiens sont également convaincants, même s’ils n’ont pas toujours de rôles assez importants pour s’affirmer. Néanmoins, on retiendra les performances de Hale Appleman, et de John Hensley, formidable en demi-frère à la fois traumatisé et barge. Sans être réellement un chef d’œuvre, Mitchell Lichtenstein réussit néanmoins son pari et nous propose un film à la fois divertissant et intelligent. Avec en prime une vraie critique de la société américaine et de ses valeurs puritaines hypocrites qui remet les pendules à l’heure après plusieurs films à la morale douteuse comme « Juno ». De quoi justifier ses trois étoiles !

  



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F
Ouille ! Ca fait très mal à l'entre-jambe !
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B
Je voulais aller le voir, mais la peur d'avoir mal quelque part m'a renoncer. A la lecture de ta crirtique, il e semble que que je pourrais y aller, en fermant les yeux aux moment où... pour retenir le message et voir si la belle est aussi une actrice de talent. Ces dents là, brrr ! !
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Le site sans prétention d'un cinéphile atteint de cinéphagie, qui rend compte autant que possible des films qu'il a vu!