Vacances à Venise
« Les avis sur Venise divergent : certains la trouvent trop calme, d’autres la trouvent trop bruyante. Mais tous la trouvent belle ! »
Jane, alerte quadragénaire américaine, mais toujours célibataire, arrive à Venise pour y passer ses vacances.
Rêvant depuis toujours de découvrir la Cité des Doges, elle arrive euphorique en ville.
Mais le romantisme de celle-ci lui fait davantage ressentir le poids de sa solitude jusqu’à ce qu’elle rencontre un antiquaire vénitien, le passionné Renato. Mais il y a un hic, le bel italien est marié…
« Il y avait sur ce bateau qui cherchait au plus profond d’elle-même quelque chose. Comme une sorte de merveilleux miracle magique et mystique. Trouver ce qui lui avait manqué toute sa vie »
La carrière de David Lean se divise aisément en deux périodes bien distinctes : d’une part sa période anglaise (du début des années 40 jusqu’au milieu des années 50) faite de mélos intimistes le plus souvent filmés en noir et blanc, et de l’autre, sa période hollywoodienne (du milieu des années 50 jusqu’aux années 80) constituée de grandes fresques flamboyantes en Technicolor. A cheval sur ses deux périodes, « Vacances à Venise », tourné en 1955, fait office de trait d’union dans la carrière de Lean. Considéré par son auteur comme étant le film préféré de sa propre filmographie, « Vacances à Venise » possède le minimalisme de sa période anglaise tout en annonçant son évolution vers un cinéma visuellement plus riche (tournage en décors naturels, en Technicolor, avec une grande star américaine : Katherine Hepburn). Adapté d’une pièce de Arthur Laurents qui a triomphé à Broadway trois ans plus tôt, « Vacances à Venise » eut le rare privilège d’être tourné directement dans la ville. En effet, bien que peu encline à laisser une équipe de tournage perturber l’activité touristique, la municipalité a néanmoins donné son autorisation en contrepartie d’une importante contribution financière destinée à la restauration du patrimoine versée par la production. A noter, pour l’anecdote, que lors de la scène où elle chute dans le canal, Katherine Hepburn a contracté une sérieuse conjonctivite qui la suivra jusqu’à la fin de sa vie.
« Pourquoi toujours chercher à comprendre ? Les plus belles choses n’ont pas besoin d’être comprises »
S’il y a bien une constante dans le cinéma de David Lean, c’est son goût pour les histoires d’amour passionnées autant qu’impossibles. De « Brève rencontre » aux « Amants passionnés » en passant par « Le docteur Jivago », il fut ainsi l’un des maitres du mélo romantique et flamboyant. En cela, il ne déroge pas à la règle puisqu’il est aussi question d’amours impossibles dans « Vacances à Venise ». Surfant sur la vogue très 50’s des comédies romantiques prenant pour cadre l’Italie (« Vacances romaines » triompha quelques mois plus tôt, avant « C’est arrivé à Naples » ou plus tard « Avanti ! »), Lean nous fait suivre le voyage d’une vieille fille américaine dans la capitale des amoureux. Au fil de ses périgrinations dans la ville des Doges, l’héroïne se laissera porter par la beauté du lieu et l’atmosphère très « Dolce Vita » qui y règne. De ses rencontres (un couple de touristes bas du front, des amoureux « seuls au monde », un gamin des rues malicieux, un bel antiquaire) cependant ressurgiront son mal-être et sa pensante solitude. Si « Vacances à Venise » reprend les thèmes de prédilection du cinéaste, on y retrouve aussi ses principaux défauts. A commencer par un récit au rythme terriblement lent et beaucoup trop étiré en longueur alors même que l’histoire, assez basique, ne le justifiait pas. Toutefois, il en ressort un joli et émouvant portrait de femme, à la fois libre, indépendante et désenchantée, magnifiquement interprétée par Katherine Hepburn, qui reçut pour l’occasion une nomination à l’Oscar de la meilleure actrice. Quant à Lean, toujours en avance sur son temps, il signe là un beau film féministe, s’affranchissant pour l’occasion des standards moraux de l’époque en imposant un personnage de femme libre et forte, au cœur d’une romance purement sexuelle et extraconjugale.
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