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13 Aug

A very british gangster

Publié par platinoch  - Catégories :  #Documentaires

« Ici c’est Manchester, le jour les policiers font la loi, la nuit, ce sont les gangsters »

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 Manchester. Dominic Noonan, 37 ans, dont 22 derrière les barreaux, est le grand parrain de la mafia locale. Issu d’une famille mafieuse, il a très tôt repris le flambeau et su faire de son clan le plus grand et le plus de toute la région mancunienne. Pour la première fois, un tel gangster a accepté d’être suivi par un journaliste, en l’occurrence Donal McIntyre, journaliste habitué des reportages d’investigations pour la télé, qui a partagé un peu de l’intimité, durant trois ans, de ce parrain hors normes, et de son entourage. Entre affaires en tous genre, révélations et confidences, procès, mais aussi rôle d’assistante sociale, McIntyre nous livre un portrait sans concessions de Dominic Noonan…

 

« Manchester, j’y suis né, j’y vis et j’y mourrais »


Documentaire à petit budget sorti sans la moindre promotion, je n’ai entendu parler de ce « A very british gangster » que grâce à la presse spécialisée. Pourtant ce film peut revendiquer haut et fort des récompenses comme le Grand Prix du dernier festival du film policier de Cognac. Si la récompense peut paraître au premier abord un peu surprenante pour un documentaire, les premières minutes du film sont pourtant saisissantes. On assiste à une plongée en apnée dans un univers glauque, violent, ou tous les protagonistes sont des gangsters purs et durs, parlant au grand jour et à visage découvert, et revendiquant fièrement leurs crimes. Le plus flippant, c’est de constater que nous ne sommes pas ici devant une farce décalée de fiction façon « C’est arrivé près de chez vous », mais bien devant un documentaire où tout est réel !

 

« Lutte pour ceux qui luttent pour toi, flingue ceux qui veulent te flinguer »

 

Dans les faits, cette plongée en apnée est particulièrement intéressante pour plusieurs raisons. Tout d’abord, parce que c’est à ma connaissance une des rares fois qu’un gangster de ce calibre se laisse approcher de si près par un journaliste. En parlant de manière dévoilé et sans trop de retenue, évoquant sans détour et avec beaucoup de cynisme des sujets aussi divers qu’intime tels que ses méfaits, ses séjours en prisons, son homosexualité ou ses méthodes de recrutement, devant la caméra de McIntyre, c’est un portrait unique et sans jugement qui nous est offert. D’autant que Noonan a parfaitement compris comment gérer son image et sa communication. L’autre force de ce témoignage, c’est de nous donner à voir la réalité sociale de cette région d’Angleterre. Ces gangsters viennent de quartiers et de classes sociales pauvres et y sont restés. C’est sur ces quartiers et ces populations qu’ils ont assis leur force et leur pouvoir. D’ailleurs, aussi dingue que cela puisse paraître, entre deux trafics, la bande à Noonan joue les assistantes sociales puisque les habitants des quartiers pauvres font appel à eux plutôt qu’à la police pour gérer les problèmes et les conflits locaux. On y voit aussi le poids du bonhomme qui se débrouille toujours pour échapper à une justice souvent trop timorée face à un caïd de la sorte.

 

« J’étais encore avec lui cinq minutes avant son arrestation, il était armé d’une simple bière »

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La galerie de portraits qui nous est offert fait froid dans le dos. Du gros dealer de 18 ans qui ne rêve que de vendre de plus en plus de drogue pour être à son tour le gros caïd du coin, au frangin de Noonan, tueur à gages complètement barge, en passant par cette bande d’adolescents tout droit sortis de « Delivrance » qui escorte toujours Noonan, chacun des personnages, par sa violence, et son manque de recul de les choses, nous fait flipper. Pourtant quelque chose ne prend pas. Si le travail de McIntyre est remarquable, son reportage perd de sa force à cause de son montage catastrophique. Entre ce noir et blanc qui se voulait stylisé et qui est d’une laideur repoussante, son montage saccadé, alternant des longs moment de calme et des moments où les images s’enchaînent à une rapidité stupéfiante, qui le rend difficile à suivre avec intérêt, et surtout une utilisation agaçante de la musique, le film reste quand même pénible à voir.

 

« Mon avocat a trouvé la situation étonnement positive. Il m’a même convaincu que je n’étais pas sur les lieux ce soir-là »

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 Sujet passionnant, interview et portrait de gangster inédit à ce degré d’intimité, McIntire réalise ici un travail incroyable. Réalisée sur trois ans, cette plongée au cœur du quotidien et de l’intime de Noonan, des souvenirs de ses casses, de son enfance et des sévices qu’il a subit, de ses rapports avec sa famille et avec le milieu, atteint un rare degré de noirceur et de glauque. Entre les quartiers défavorisés omniprésents que Noonan n’a jamais quitté, une galerie de personnages tous plus glauques et barges les uns que les autres (Noonan apparaissant au contraire comme quelqu’un de réfléchi), et un milieu d’une violence extrême où le rapport de force prédomine toujours (entre les jeunes hommes de main qui se frappent entre eux, les histoires de tortures et l’assassinat du frère), où les jeunes enfants du clan semblent déjà voué à devenir eux-mêmes des barbares, ce « Affreux, sales et méchants » plus vrai que nature marque durablement les esprits. Dommage que le montage et la forme du documentaire de manière générale soient aussi ratés. Un grand sujet dans un petit écrin difficile à suivre.



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B
Déjà quand c'est une simple fiction, la description de ce milieu me met mal à l'aise, alors, affronter la réalité doit être saisissante au oint de ne pas trop me donner envie de mon plonger cette réalité au vu et au su de tous. Si de surccroit c'est pas top côté réalisation, j'attendrais une autre occasion de le voir.
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Le site sans prétention d'un cinéphile atteint de cinéphagie, qui rend compte autant que possible des films qu'il a vu!