New York, I love you
« Tes yeux suffiront à donner de lespoir aux hommes ! »
Depuis l'invention du cinéma, New York n'a jamais cessé de fasciner les cinéastes, qui y puisent d'infinies émotions dans des décors aussi spectaculaires qu'uniques. Des gratte-ciel miroitants aux parcs et aux rues qui sont comme autant de mondes, la ville a été immortalisée dans des milliers de films à travers des centaines d'atmosphères différentes.
« New York I love you » est composé de onze courts métrages, tournés au gré des cinq boroughs qui composent la ville. Chaque partie n'a pas de lien direct avec les autres mais elles tournent toutes autour du même thème : trouver l'amour.
« Ce que jaime à New York, cest que les gens viennent dailleurs ! »
Le médiocre « Paris je taime » (2006) devait servir de préambule à une franchise thématique : les « Cities of love ». Le concept ? Réunir des réalisateurs de nationalités, dhorizons et de sensibilités différentes pour raconter une ville à travers des histoires damour. Ou bien raconter des histoires damour à travers une ville. Peu importe la définition, lexercice reposant essentiellement sur une question de feeling, de ressenti et dinspiration par rapport à la ville ou à lun de ses quartiers. Initialement, il était ainsi question dune trilogie, dont les épisodes seraient consacrés respectivement à Paris, New York et Tokyo. Mais le succès modéré du premier opus et la concurrence du projet « Tokyo ! » (2008) mené notamment par Leos Carax et Michel Gondry, semblaient avoir eu raison des ambitions du producteur Emmanuel Benbihy. Au point même de retarder la sortie de ce « New York I love you », pourtant déjà présenté au Festival de Toronto en 2008, et de lamputer dans sa version définitive de deux segments (réalisés respectivement par Scarlett Johansson et Andreï Zvyagintsev). Pour autant, loptimisme semble toujours de mise du côté du producteur, qui laisse entendre que la franchise pour sétoffer et que plusieurs projets, notamment à Shanghaï, Rio ou encore Jérusalem, sont à létude. A noter toutefois que par le passé, New York a déjà fait lobjet de projets collectifs assez similaires, à limage du « New York stories », réalisé en 1989 par Woody Allen, Martin Scorsese et Francis Ford Coppola.
« La ville bouge à cause de moi »
Même formule, même défauts. A linstar de « Paris je taime », ce « New York I love you » demeure un projet inégal, longuet et surtout totalement artificiel. Tout ici semble en effet tenir du pur cliché, formaté et calibré pour plaire au plus grand nombre. Du coup, on ne retiendra que peu de choses des onze segments qui composent ce film. A peine une brève rencontre entre un écrivain tchatcheur et une prostituée sous la houlette dYvan Attal, ou encore une drôle dhistoire de dépucelage avec une handicapée signée par Brett Ratner. On retiendra aussi la sympathique apparition du vétéran Eli Wallach, 95 ans et quelques classiques au compteur (« Les sept mercenaires », « Le bon, la brute et le truand », « Les désaxés »). Et puis cest à peu près tout. Le reste ? Un espèce de maelstrom indigeste dans lequel se côtoient au mieux des segments sans intérêts (une histoire de peintre malade signée Fatih Akin, ou encore une rencontre entre deux amants dun soir par Allen Hughes), au pire des segments embarrassants et ridicules. A ce petit jeu, le segment de Mira Nair contant la rencontre entre un diamantaire hindoue et une négociante juive concurrence en nullité celui de Shekar Khapur, dans lequel le numéro de cabot de Shia Labeouf est juste grotesque. Dune manière plus générale, on ne peut que déplorer labsence totale dâme, de chair et de vie de lensemble, alors même que la grosse pomme brille par son effervescence, par ses pulsations, par cette vie grouillante qui ne sarrête jamais ni le jour ni la nuit. A croire que les réalisateurs nont jamais mis un pied à New York. Mais plus encore on ne comprend pas pourquoi ils se refusent systématiquement à filmer les lieux emblématiques de la ville, tels que la Statue de la Liberté ou lEmpire State Building. De même que certains quartiers sont totalement oubliés (Little Italy, Times Square). Un parti pris dautant plus incompréhensible que le film joue par ailleurs à fond le jeu du cliché. Pourrait-on faire un film sur lamour à Venise sans passer par le Pont des Soupirs ? Non. Et cest tout le problème de ce film sans intérêt qui ne fonctionne jamais.
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