The Riot Club
« Voulez-vous jouer avec moi à essayer de trouver les vierges ? Ce jeu est facile, mais il va se compliquer de jour en jour ! »
Le Riot Club est réservé à l’élite de la nation britannique. Ce cercle très fermé, très secret de l’Université d'Oxford fait de la débauche et de l’excès son modèle depuis trois siècles.
Miles et Alistair, tous deux étudiants en première année et rejetons d'illustres familles, ne reculeront devant rien pour avoir l’honneur d’en faire partie, le premier se révélant néanmoins, au fil de l'initiation au club, infiniment plus raisonnable, civilisé et respectueux d'autrui que le second.
« J’ai pas envie de passer trois ans à éviter celui avec qui j’ai couché le jour de la rentrée »
Après avoir signé quelques succès cinématographique au sein de son Danemark natal (« Italian for beginners »), la réalisatrice Lone Scherfig s’est expatriée depuis une dizaine d’années en Angleterre où elle a signé quelques jolis succès internationaux (« Une éducation », « Un jour »). Son dernier film en date, « The Riot Club », est l’adaptation d’une pièce à succès signée Laura Wade.
« Et dire que certains croient être là pour leur diplôme »
Idéalement, l’Université devrait être un lieu d’apprentissage, de recherche et d’excellence. Au cinéma, si elle est souvent représentée comme le lieu du passage à l’âge adulte (« Le lauréat »), elle est avant tout le lieu de rencontres, le plus souvent au travers de clubs ou, dans le cadre du cinéma américain, de fraternités. Certaines sont le lieu de découvertes et d’expériences humaines et intellectuelles (« Le cercle des poètes disparus »), d’autres des lieux de débauche (« Retour à la fac », « Nos pires voisins » pour ne citer qu’eux). Et puis il y a celles, enfin, qui préfigurent les luttes de classe, les luttes politiques et les luttes de pouvoir que se livreront ces futurs hommes de pouvoir (« The social network »). Ce qui est le cas de ce « Riot Club », qui rassemble la fine fleur des étudiants issus de la noblesse anglaise d’Oxford. Forts de leur lignée et de leur fortune, ces jeunes hommes se réunissent pour s’offrir trois années de débauche avant de devenir la très estimable et très médiatique élite politico-économique de la nation. Seulement voilà, ce qui débute comme une farce potache, avec ses rituels absurdes et ses virées alcoolisées, dégénère peu à peu pour se transformer en club politique visant pour ses membres à réaffirmer leur suprématie sociale aux yeux d’une société qu’ils méprisent. Avec son sujet malin, « The Riot Club » était l’occasion de s’intéresser aux arcanes des clubs et des sociétés secrètes des universités qui servent de réseau et de tremplin aux futures élites (tel le Bullington Club qui compta dans ses rangs l’actuel premier ministre britannique ainsi que le maire de Londres). Si le film ressemble véritablement à une teen comédie au départ, il glisse peu à peu vers le drame et l’excès. A ce titre, la longue scène du diner dans l’auberge, qui vise à un constant jeu d’humiliation et de massacre, se révèle particulièrement dérangeante. De part son excès, on n’ose croire à la véracité d’une telle situation. C’est peut-être là, dans ce parti pris jusqu’au-boutiste, que ce film pourtant intéressant trouve son talon d’Achille. Dans tous les cas, on ne sort pas totalement indemne du visionnage de ce film, qui pousse à la réflexion et qui prouve que la lutte de classe n’est toujours pas finie dans nos contrées.
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