Chappie
Un grand merci à Sony Pictures Entertainment ainsi qu’à l’Agence Cartel de m’avoir permis de voir et de chroniquer l’édition dvd du film « Chappie » de Neill Blomkamp.
« Ce que je voudrais réussir à créer, c’est une machine qui ressent les choses, qui pensent et qui est capable de faire ses propres choix »
Dans un futur proche, la population, opprimée par une police entièrement robotisée, commence à se rebeller. Chappie, l’un de ces droïdes policiers, est kidnappé. Reprogrammé, il devient le premier robot capable de penser et ressentir par lui-même. Mais des forces puissantes, destructrices, considèrent Chappie comme un danger pour l’humanité et l’ordre établi. Elles vont tout faire pour maintenir le statu quo et s’assurer qu’il soit le premier, et le dernier, de son espèce.
« Tu peux faire ce que tu veux de ta vie »
Petit génie des effets visuels, le sud-africain Neill Blomkamp a d’abord travaillé sur plusieurs séries de SF à la télévision (« Stargate » notamment) avant de devenir réalisateur de publicité. Après plusieurs courts-métrages remarqués, notamment par Peter Jackson, il réalise sont premier film, « District 9 » à seulement trente ans. Poursuivant la voie des films de science-fiction, il réalise « Elysium » en 2013 et donc « Chappie » en 2015. Ce dernier est la transposition au format long de son court métrage « Tetra Vaal » sorti en 2003. Pour l’anecdote, « Chappie » est le nom d’un célèbre chewing-gum très populaire en Afrique du sud.
« Un robot qui pense, c’est la fin de l’Humanité »
Et si l’avenir de l’Homme n’était pas la femme mais le robot ? Telle était en tout cas la prophétie de Paul Verhoven et de son « Robocop ». Nous étions alors en 1987. Et son film annonçait l’avènement de l’intelligence artificielle et de la robotique au service d’une société ultra sécuritaire. Près de trente ans plus tard, force est de constater que sa prophétie s’est en grande partie réalisée, au cinéma du moins. Les robots ont peu à peu envahis nos écrans, des « Transformers » à « Pacific Rim » en passant par « Real steel » ou encore « Les nouveaux héros ». Dès ses premières images, on l’on découvre que « Chappie » et ses semblables sont les robots high-tech chargés d’épauler la police de Johannesburg pour faire régner l’ordre, on se dit que le nouveau film de Neill Blomkamp s’intègre parfaitement à cette longue lignée de films dont il respecte à la lettre les codes. Seulement voilà, le réalisateur est un homme plein de surprise qui manie parfaitement l’art du contrepied. Très vite, il délaisse les scènes d’action pour orienter davantage son film sur le registre de l’émotion. Car en portant sa réflexion sur la notion d’intelligence artificielle, il place son héros mécanique, « Chappie », dans le rôle de l’innocent qui se confronte à la civilisation. Du dernier être animé de bienveillance et de gentillesse dans un monde où ces valeurs n’existent plus. Il y a là une certaine forme de poésie, à l’image du héros de « Intelligence artificielle » de Spielberg ou du « Wall-E » des studios Pixar. Le constat est plus malin qu’il n’y parait : confronté au monde, l’innocent et bienveillant « Chappie » découvre rapidement ce qu’il y a de pire dans l’Humain, à savoir sa violence (dans une scène d’une rare cruauté où « Chappie » est abandonné aux mains d’un gang qui s’amuse à le lyncher), sa méchanceté, son égoïsme et sa faculté à manipuler et à salir les esprits les plus pures. De quoi rendre ce héros mécanique hyper attachant. Mais au-delà de l’émotion, « Chappie » surprend par la multiplicité des thèmes qu’il aborde, du rapport de l’être à son « créateur » ou encore à la difficile acceptation d’une mort programmée et inéluctable. Des interrogations mystiques auxquelles Neill Blomkamp ne cherche jamais à répondre par une quelconque forme de prosélytisme, évitant ainsi les écueils souvent fastidieux de la plupart des films américains du genre. Qu’on se le dise, ce « Chappie » est un divertissement d’une grande qualité, se situant à plusieurs coudées au-dessus de la plupart des productions du genre.
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