knightriders
Un grand merci à Blaq Out pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Knightriders » de George A. Romero.

« On est tous ici parce que c’est une vie qui nous plait »
Pour gagner leur vie, des troubadours anarchistes organisent des joutes médiévales, remplaçant les chevaux par des motos.
Billy, le chef de ces chevaliers sur deux roues, se voit en roi Arthur des temps modernes.
Mais Morgan, l’un d’entre eux, remet en question sa manière de gérer la troupe.
« La magie n’a rien à voir avec les corps et les maux. Elle touche les âmes »

Icône de la contre-culture américaine, George A. Romero se fait connaitre dès le début des années 70 grâce au succès de son premier film, « La nuit des morts-vivants » (1968). Produit de façon quasi artisanale, en marge des studios, le film est bouclé pour un budget ridicule de 114 000 dollars. Rapportant près de 30 millions de dollars, il demeure à ce jour encore l’un des plus gros succès commercial du cinéma indépendant. Dès lors, le cinéaste enchainera les petits films fauchés, s’imposant comme une référence en matière de cinéma horrifique et notamment de films de zombies. Mais à l’orée des années 80, Romero se voit offrir un contrat pour trois films, lui laissant les mains libres sur deux films à condition qu’il réalise une nouveau film de zombies (« Zombie », 1978). Pour la première fois de sa carrière, le cinéaste se retrouve ainsi avec les coudées franches et la possibilité de monter un film qui lui est véritablement personnel. Délaissant alors pour un temps le cinéma de genre, il surprend son public avec « Knightriders » (1981). L’histoire d’une troupe de saltimbanques qui sillonne les campagne avec un spectacle costumé de reconstitution médiévale des légendes du Roi Arthur basé sur de spectaculaires joutes à moto.
« La victoire finale est la seule raison de vivre d’un chevalier »

Si le concept même de leur spectacle peut paraitre au départ surprenant (voire même un peu beauf), force est de constater que celui-ci devient très vite étonnement plaisant à regarder. Mais derrière le show motorisé, Romero filme surtout la fin des mouvements hippies et libertaires qui brûlent, en ce début des années 80, leurs derniers feux. D’une certaine manière, Billy et sa troupe sont déjà anachroniques, comme le spectacle qu’ils présentent. Ils ne sont d’ailleurs plus dans la lutte et tentent simplement de survivre ans rentrer dans le jeu de la société de consommation. Ce qui n’est pas une mince affaire tant le reste du monde - qu’il prenne les traits d’un shérif ripou venu les racketter, un mari violent qui bat sa femme et sa fille ou d’un promoteur cherchant à les acheter - menacera systématiquement leur équilibre et leur cohésion. Ainsi, Billy et Morgan sont un peu les deux faces d’un même visage : le premier, jusqu’au-boutiste, préfère disparaitre plutôt que de renoncer à son idéal de liberté, tandis que le second se montre plus pragmatique, acceptant le compromis (et quelque part la compromission). D’une certaine manière, on retrouve dans ce « Knightriders » la même thématique chère au réalisateur de la survie de l’individu libre et pur face à la société corrompue déjà au cœur de ses films de zombies. Avec un sens du lyrisme qu’on ne lui connaissait pas jusque là, Romero signe là un merveilleux film, portrait crépusculaire et chevaleresque de la fin d’une époque et d’une jeunesse qui s’apprête à rentrer dans le rang.

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Le blu-ray : Le film est présenté en version restaurée en haute-définition, en version originale américaine (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.
Côté bonus, cette très riche édition comprend une série de trois entretiens avec George A. Romero, dont un spécifiquement consacré au film, un entretien avec Julien Sévéon, auteur du livre « George A. Romero : Révolutions, zombies et chevalerie » et un document, « King Arthur in America » dans lequel deux historiens reviennent sur les légendes du Roi Arthur.
Edité par Blaq Out, « Knightriders » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 1er décembre 2018.
Le site Internet de Blaq Out est ici. Sa page Facebook est ici.
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