Moi, Tonya
Un grand merci à France Télévisions Distribution pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Moi Tonya » de Craig Gillespie.

« Je ne me suis jamais excusée d’être la première américaine à réussir un triple axel. Alors je les emmerde ! »
En 1994, le milieu sportif est bouleversé en apprenant que Nancy Kerrigan, jeune patineuse artistique promise à un brillant avenir, est sauvagement attaquée. Plus choquant encore, la championne Tonya Harding et ses proches sont soupçonnés d’avoir planifié et mis à exécution l’agression…
« Que faut-il que je fasse pour que vous me donniez des notes justes ? »

Tout le monde connait la patineuse Tonya Harding. Et se souvient surtout de l'incroyable scandale au cœur duquel elle fut impliquée et qui en fit la femme la plus détestée d’Amérique. Petit rappel : 1994, durant les qualificatifs américains pour les jeux olympiques de Lillehammer. Alors qu'elle apparait comme l'une des favorites de l'épreuve féminine de patinage artistique, l’américaine Nancy Kerrigan est agressée violemment par un homme qui tente de lui briser le genou avec une barre de fer. En cause, sa compatriote et rivale Tonya Harding, ainsi que son mari, sont soupçonnés d’avoir tenté de se débarrasser de la favorite du tournoi. Une histoire rocambolesque et ahurissante, contraire à tout esprit sportif, qui choqua profondément l'Amérique et qui fit les choux gras de la presse.
« Le monde t’offre une seconde chance. Et moi j’ai confiance en toi... »

Un demi siècle plus tard, le réalisateur australien Craig Gillespie (« Monsieur Woodcock », « Une fiancée par comme les autres », « The finest hours ») revient sur cette hallucinante histoire en s'intéressant cette fois plus précisément au parcours de la patineuse déchue, filmant à cette occasion l'itinéraire d'une enfant pas gâtée. Soit l'histoire d'une petite fille bosseuse et talentueuse - elle est la première femme au monde à réussir le triple axel en compétition officielle - qui voit le patinage artistique comme son unique chance de réussite et d’ascenseur social. Surtout, c’est l’histoire d’une gamine issue d’un milieu populaire des plus modestes, qui sera probablement bien plus méritante que ses rivales, mais qui gardera toujours un tempérament frondeur et un côté brut de décoffrage jugé vulgaire, qui l’empêchera toujours de rentrer dans le moule de la petite américaine idéale que voulait promouvoir sa fédération. Donnant la parole à ses personnages, le film revient ainsi par une série de flashbacks sur le parcours sinueux de l’ex-championne de son ascension vers le succès jusqu’à sa chute abyssale. En filigrane, à travers la rivalité entre Harding et Kerrigan, Gillespie esquisse avec beaucoup d’acuité et de finesse l’opposition entre deux Amériques antagonistes et irréconciliables : celle profonde et prolétaire incarnée et Harding et celle riche et WASP, incarnée par Kerrigan. Mais « Moi, Tonya » est aussi le récit d’une étoile déchue, victime d’avoir toujours été mal entourrée, pour qui nulle rédemption n’a été permise, faisant d’elle une victime de sa condition sociale et de l’establishment. Mais loin de toute démonstration empesée et larmoyante, le film choisit de nous présenter l’ensemble des évènements sur un ton plutôt léger, privilégiant les anecdotes truculentes et les dialogues savoureux. Porté par de formidables acteurs, Margot Robbie et Allison Janney en tête, ce « Moi, Tonya » est surtout un film d’une profonde humanité, à la fois dramatiquement drôle et drôlement dramatique.

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Le blu-ray : Le film est présenté en version originale américaine (5.1) ainsi qu’en version française (5.1). Des sous-titres français sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné de scènes coupées (17 min.).
Edité par France Télévisions Distribution, « Moi Tonya » est disponible en DVD et blu-ray depuis le 21 juin 2018.
Le site Internet de France Télévisions Distribution est ici. Sa page Facebook est ici.
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