Police sur la ville
Un grand merci à Elephant Films pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film de « Police sur la ville » de Don Siegel.

« Madigan reste un excellent policier, même si ses méthodes sont un peu musclées »
Daniel Madigan et Rocco Bonaro sont deux inspecteurs de la police New-Yorkaise. Dans les rues dangereuses de Harlem, ils se lancent à la poursuite du truand Barney Benesch, mais celui-ci parvient à s’échapper. Leur hiérarchie va bientôt leur lancer un ultimatum : ils ont 72 heures pour le retrouver ou ils peuvent dire adieu à leur carrière de policier…
« Voilà un drôle de chef : deux de ses meilleurs gars font une connerie et il danse d’allégresse »

Ancien monteur devenu réalisateur à la faveur de la Seconde guerre mondiale, Don Siegel se fait remarquer dès ses débuts en 1945 puisque ses deux premiers courts-métrages sont récompensés de l’Oscar du Meilleur court-métrage et du Meilleur court-métrage documentaire. S’en suivront deux décennies de films noirs, le plus souvent à petits budgets, et marquées par quelques succès : « L’invasion des profanateurs de sépultures », « Les rôdeurs de la plaine » ou « A bout portant ». Mais c’est avec l’avènement du Nouvel Hollywood que le réalisateur va prendre sa pleine dimension, en devenant l’un des maitres du polar des années 70.
« Je sais que vous avez un compte personnel à régler mais que cela ne vous rende pas imprudent : on a trop de mal à trouver des policiers de votre valeur »

Réalisé en 1968 d’après le roman « The commissioner » de Richard Dougherty (pour lequel il embauche sous son vrai nom le scénariste blacklisté Abraham Polonsky), « Police sur la ville » vient ainsi dynamiter les codes jusqu’ici très balisés du film policier, dans lesquels la morale, la loi et le Bien finissaient toujours par triompher. Don Siegel y introduit pour la première un personnage de flic beaucoup plus trouble qu’à l’accoutumée, à la fois viril, machiste, brutal et aux méthodes à la limite de la légalité. S’il joue beaucoup sur l’ambigüité de son personnage (pas vraiment ripoux mais qui accepte tout de même les « cadeaux »), son film lève également un peu le voile sur la réalité du métier de policier qui se révèle beaucoup moins glamour que ce que le cinéma avait jusqu’ici montré (verticalité hiérarchique, des heures à n’en plus finir, des sanctions et retenues sur salaire à la moindre faute, la fréquentation de la fange urbaine). En creux, le cinéaste filme aussi les évolutions sociologiques de la société américaine (les ménagères frustrées qui s’ennuient à la maison et qui assument de tromper leur mari, assumant par là même leur sexualité) et démythifie quelque peu une certaine mythologie, la ville de New-York étant par exemple ici présentée comme une ville salle, remplie de délinquants et de déviants en tous genres. Dommage que le scénario, pas toujours optimum, souffre de quelques baisses de régime. De même que Richard Widmark ne correspond pas tout à fait physiquement à l’archétype du flic viril et violent. Quoi qu’il en soit le succès du film permettra à l’inspecteur Madigan d’avoir une série télévisée à son nom (toujours interprétée par Widmark). Quand à Siegel, il pose là les bases de ses polars nerveux à venir : « Un shérif à New York », « L’inspecteur Harry » ou encore « Tuez Charley Varrick ! ».

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Le blu-ray : Le film est présenté en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné de « Peur sur la ville » : documentaire de Julien Comelli et Erwan Le Gac, de Bandes-annonces et d’une Galerie photos.
Edité par Elephant Films, « Police sur la ville » est disponible en combo blu-ray + DVD ainsi qu’en édition DVD depuis le 28 février 2019.
Le site Internet de Elephant Films est ici. Sa page Facebook est ici.
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