Souvenirs perdus
Un grand merci à Coin de Mire pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Souvenirs perdus » de Christian-Jaque.
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« Ne manquer de rien. Si c’est ça le bonheur... »
Nous voici aux objets trouvés de Paris… Comment tant de choses banales ou singulières sont-elles échouées ici ? À la suite de quel drame, de quelle comédie ? Florence, mannequin, se fait photographier dans les salles égyptiennes du musée du Louvre quand elle rencontre Philippe et le début d’un nouvel amour… Jean-Pierre invétéré séducteur, ment avec poésie non pas pour être aimé pour lui-même mais pour ce qu’il n’est pas… Tous les journaux en ont parlé à l’époque, Gérard de Lancey, interné par sa famille pour ses extravagances et sa folle prodigalité s’évadait de l’asile… Raoul, agent de la circulation amoureux de l’épicière du quartier, monte un plan pour la séduire…
« Être un peu heureux, c’est déjà beaucoup ! »
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Genre italien par excellence (« Païsa » de Rossellini, « L’amour à la ville », « Les monstres » de Risi), le film à sketches connait un éphémère engouement en France durant les années 50 : Max Ophüls en fait un temps sa marque de fabrique (« Le plaisir », « La ronde »), Henri Verneuil s’y adonne avec malice (« Brelan d’as », « Le mouton à cinq pattes ») tandis que Julien Duvivier semble plus à la peine (« Le diable et les dix commandements »). Grande figure du cinéma français de l’après-guerre, Christian-Jaque – dont le nom est alors associé aux grandes adaptations littéraires monumentales et un peu empesées (« Boule de suif », « La chartreuse de Parme ») – s’y essaye à son tour en 1950 avec « Souvenirs perdus ». Un film qui lui permet de revenir à un cinéma plus léger, rappelant à cette occasion qu’il brilla à ses débuts dans le registre de la comédie (« François 1er », « Les dégourdis de la 11e »).
« Une nuit d’amour est un souvenir heureux qui peut éclairer toute une nuit »
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Convoquant pour l’occasion le gratin des scénaristes et dialoguistes français (Jacques Companeez, Henri Janson, Jacques Prévert), « Souvenirs perdus » s’ouvre par une plongée dans les couloirs du Service des objets perdus de la rue des Morillons. Là, la caméra circule dans un dédale d’armoires débordant d’objets divers et de trésors insolites qui serviront de fil rouge au récit. Le film s’articule ainsi en quatre histoires distinctes, centrées chacune sur un objet spécifique à partir duquel le scénario tâchera d’imaginer les histoires qu’il recèle ou qu’il symbolise. Oscillant constamment sur toute la gamme qui va de la pure comédie au drame le plus poignant, on y croisera pêle-mêle des amoureux éconduits, un séducteur patenté tentant d’échapper à l’une de ses victimes, un dangereux paranoïaque en cavale ou encore un agent de la circulation secrètement amoureux d’une épicière. Mais comme tous les films à sketches, « Souvenirs perdus » souffre de la qualité très inégale de chacun de ses segments et d’une trop grande hétérogénéité. Et cela est d’autant plus criant que les deux premiers segments sont de loin les meilleurs : le premier - qui bénéficie déjà de la formidable interprétation de Pierre Brasseur - se révèle formidablement touchant quand le second - très vaudevillesque - est de loin le plus réussi. Le troisième segment parait ainsi trop sombre (malgré l’impeccable numéro de Gérard Philippe) pour se fondre pleinement dans le film, tandis que le dernier, un peu bâclé, semble n’être qu’un prétexte pour permettre à Yves Montand de pousser la chansonnette. Un Christian-Jaque assez inégal donc, mais sauvé par la classe de son casting prestigieux et pléthorique.
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Le blu-ray : Le film est présenté dans une nouvelle restauration Haute-Définition à partir du négatif original par Les Productions Roitfeld et le CNC. Il est proposé en version originale française (2.0). Des sous-titres français et français pour malentendants sont également disponibles.
Côté bonus, la collection « La séance » propose un formidable concept : celui de reproduire les conditions d’une véritable séance d’époque. En mode « Séance complète », le film sera ainsi précédé des authentiques actualités Pathé de la semaine de sortie du film ainsi que de publicités et bandes-annonces d’époque, le tout en HD. En mode film seul, « Souvenirs perdus » se lancera directement.
Édité par Coin de Mire Cinéma, « Souvenirs perdus » est disponible depuis le 9 avril 2021 dans une très belle édition Digibook, limité à 3000 exemplaires numérotés, comprenant le blu-ray + le DVD du film ainsi qu’un livret reproduisant des documents d’époque (24 pages), 10 reproductions de photos d’exploitation (15,5 x 11,5 cm) et la reproduction de l’affiche d’époque (29 x 23 cm). Un très bel objet qui ravira tous les cinéphiles.
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Le site Internet de Coin de Mire Cinéma est ici. Sa page Facebook est ici.
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