Bee movie - Drôle d'abeille
« Personne ne mécoute jamais, cest comme si je piquais dans un violon »
Le jeune Barry Bee Benson vient de célébrer dignement son diplôme de fin détudes. Comme toute abeille qui se respecte, il va donc aller travailler pour Honex, la fabrique de miel de la ruche. Mais contrairement à lenthousiasme des ses camarades, la perspective de choisir un travail répétitif quil ne pourra plus jamais changé jusquà la fin de sa vie ne lenchante pas du tout. Dun tempérament rebelle et intrépide, il rêve daventure et de grands horizons. Un rêve matérialisé par la patrouille des « Apollons du pollen », escadron de beaux gosses ramasseurs de nectar, sélectionnés sur le volet, et seuls autorisés à sortir de la ruche. Bravant les dangers, il obtient lautorisation de les suivre hors de la ruche à loccasion de lune de leur sortie. Mais dans un New York immense et débordant dactivités, Barry découvre que les humains, haïssant les abeilles, représentent leur pire danger. Après quelques mésaventures, il manque dailleurs de peu de se faire tuer, ne devant son salut quà Vanessa, une jeune et charmante fleuriste. Transgressant linterdiction dadresser la parole aux humains, Barry et Vanessa deviennent rapidement amis. Mais alors quelle lui fait visiter son monde, Barry découvre avec effroi que les humains volent le miel des abeilles pour en faire commerce
« Allez les mouches à miel ! En avant ! On va leur pomper la corolle ! »
Fêtes de fin dannée et vacances scolaires obligent, revoici donc lavalanche annuelle de films destinés aux enfants qui déboulent sur nos écrans. Et déjà une tendance se dessine, en cette fin dannée, les films destinés aux enfants font la part belle au réel ou au mélange de réel et danimation. En effet, outre le succès confirmé de « Il était une fois », et en attendant « Alvin et les Chipmunks », les dessins animés et autres films danimations sont numériquement dépassés par les films traditionnels tels que « Le renard et lenfant », « Big city », ou encore « A la croisée des mondes : la boussole dor ». Pour autant, Dreamworks ne déroge pas à la règle et nous propose le dernier né de ses studios, « Bee Movie drôle dabeille ». Un projet atypique, puisque né dune conversation en forme de boutade entre la star du stand-up américain, Jerry Seinfeld, et Steven Spielberg, le premier disant au second quil voudrait faire un « Bee movie », insistant sur le jeu de mot entre « film dabeille » et « film de série B ». Jerry Seinfeld sest ainsi énormément impliqué dans ce film, cumulant les casquettes de producteur, scénariste et de comédien de doublage. Idole comique américaine assez méconnue chez nous, lacteur a su sentourer de quelques-uns des scénaristes qui travaillaient avec lui à lécriture de sa série. Côté réalisation, les manettes ont été confiées à Steve Hickner, réalisateur du « Prince dEgypte » (1998), et à Simon J. Smith, qui sétait illustré en réalisant un opus de Shrek en format court, intitulé « Shrek 4-D ».
« Pourquoi sa vie aurait moins de valeur que la tienne ? Toute vie a de la valeur »
On reste assez partagé devant ce dernier né des studios Dreamworks, qui sil se laisse agréablement regarder, nous laisse quand même un peu sur notre faim. La faute tout dabord à un scénario mal équilibré : lidée de prendre pour héros une abeille et le monde de la ruche était plutôt bonne (et navait pas encore été faite sur grand écran !). Mais le scénariste à lesprit foisonnant narrive jamais à rester fidèle à un registre. Ainsi, sadressant tantôt aux enfants (les éternels couplets sur le jeune qui cherche sa place dans la société, sur la tolérance, sans oublier le petit couplet écolo), tantôt aux adultes (critique de la société de profits outranciers et de lexploitation économique des plus faibles), le film cherche sa tonalité propre durant toute sa durée, et du coup nous livre des scènes digne du plus grand nimporte quoi qui soit (lidée du procès intenté par les abeilles aux hommes). Un délire coloré truffé de jeux de mots anglophones sur le mot « bee », qui souffrent de la traduction française. Le tout pour une morale plus que convenue (la petite abeille rebelle rentre dans le rang trouvant sa place dans sa communauté, apprenant la tolérance, lamitié, et limportance de croire en ses rêves), et parfois même assez douteuse (Pas de place pour les rebelles, cautionnement de lordre établi et du formatage sans lequel le monde ne tourne plus, vision de loisiveté franchement américaine où le repos mérité des petits entraîne la perdition du monde des grands). Pour autant, le film reste plaisant, parfois drôle (la scène de lavion, celle du pare-brise du camion, ou encore celle de la balle de tennis), mais manque malgré tout dun peu de chair et de personnalité, clé de lénorme réussite de certains films de genre comme « Shrek » ou « Ratatouille ».
« En nous prenant notre miel, vous ne nous volez pas uniquement tous nos biens, vous nous volez aussi notre âme »
Côté visuel, on est tout autant partagé. Bien sûr, lanimation est très réussie et de belle qualité. Les couleurs volontairement flashies et à dominante jaune/or donnent un rayonnement particulièrement chaleureux et attirant à lensemble. Reste le graphisme des personnages, sans originalité, et assez « primaire » compte tenu des dernières productions du genre, qui se rapproche plus du jeu vidéo que des prouesses techniques vues dans le récent « Ratatouille ». Heureusement, lingéniosité des graphistes, qui ont su décliner les couleurs spécifiques des abeilles dans toute une gamme de vêtements et daccessoires, permet de faire abstraction de tout cela. Pour lavoir vu en VF, je ne pourrais pas parler des prestations vocales de Seinfeld, Chris Rock ou Renee Zellweger. Mais Gad Elmaleh et les autres sen sortent tout à fait honorablement. A souligner les réussies et amusantes apparitions de Ray Liotta et de Sting.
« Il y a des coups de dard qui se perdent ! »
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Résultat assez partagé pour ce « Bee movie drôle dabeille ». Bien évidemment, le film est visuellement réussi, se laisse suivre sans déplaisir, et reste un honnête divertissement. Néanmoins, compte tenu de la recrudescence du nombre de films de ce genre qui inondent nos écrans depuis quelques années, et les quelques films particulièrement brillants qui sont sortis du lot et qui apparaissent comme des étalons de valeurs (« Shrek » pour son ton débonnaire, ou « Ratatouille » pour sa virtuosité et son intelligence), force est de constater que ce « Bee movie » na pas de quoi tenir la comparaison. Le miel produit par ces abeilles manque un peu de saveur et nous empêche dy revenir par pure gourmandise. Agréable, mais pas nourrissant.
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